Une petite pépite que cette Julie en 12 chapitres. Le cœur est gros à la fin de ce film qui prend de l'épaisseur à mesure que le temps passe. Tant de choses à dire. Tout d'abord, j'ai rarement vu un réalisateur filmé aussi bien notre époque, l'impossibilité de se fixer, l'incertitude face à la vie, la multiplicité des possibilités qui s'offrent à une jeune femme dans une capitale occidentale. Julie a tout pour être heureuse mais vit comme inadéquation avec son temps. Eternelle insatisfaite malgré sa force de caractère et des partenaires solides.
Le film commence comme une comédie romantique, aux aires de Woody Allen. Les scénettes s'enchainent, légères, comme une brise légère qui souffle sur la ville. Sans prétention, Joachim Trier décrit une femme et son époque, sa liberté, sa difficulté à trouver sa place au milieu des amis de son compagnon, ses réflexions post Me too, ses discussions sur l'art. Elle a le courage (est-ce du courage ?) de remettre en question tout ce qu'elle vit, absorbe, pense. Elle est solaire, pétillante, charmante et tout en même temps éternellement insatisfaite.
Il y a des parfums de nouvelle vague, avec les scènes en extérieur, Oslo montrée dans toute sa beauté (et propreté), des dialogues qui font mouche, des personnages attachants et intelligents. Renate Reinsve est sublimée et plane sur le film. Son portrait est touchant, tendre et inventif. Quelques effets de réalisation font mouche, toujours soupesés, jamais trop lourds, avec des séquences humoristiques et légères savamment distillées.
Et puis, l'histoire prend un autre tour. Le drame s'immisce dans la vie de Julie. Tout bascule pour elle. Toute sa vie, ses choix, sont réanalysés au regard des décisions qu'elle a prises auparavant. Une gravité s'immisce dans son existence. Mourir, donner la vie, trouver sa voie... Tout se bouscule. Les épreuves s'amoncellent. Le cœur se serre. Les personnages secondaires jouent merveilleusement bien, avec une mention spéciale à Anders Danielsen Lie qui est bouleversant.