Autobiographie par Intrusion 😨
Regarder Julie (en 12 Chapitres), c’est avant tout se plonger dans sa propre autobiographie.
Si le film ne présente aux premiers abords qu’un excellent mélodrame, à la fois poétique, délicat et extrêmement contemporain, le spectateur aurait tort de s’arrêter aux images imprimées sur la pellicule.
Le cinéma de Joachim Trier écrit dans une prose simple et discrète, propice à l’immersion. Ses personnages sont presque des pages blanches : ils n’ont pas de passif, peu de familles ou de marqueurs sociaux, et des personnalités qui s’inscrivent en filigrane. La caméra elle-même s’efface pour nous plonger à l’intérieur de relations universelles, et la magie du cinéma nous amène bien plus loin que ce qui nous est présenté à l'œil.
En suivant Julie et ses doutes, en se confrontant à ses joies et à ses peines, qui sont si familières, qui font écho à tant de tranches de vies, on ne peut empêcher son esprit de se perdre et de confondre la pellicule avec sa propre histoire de spectateur. Petit à petit, le spectateur devient partie prenante du film. Les visages des acteurs se mélangent à nos souvenirs personnels, des histoires d’amour authentiques surgissent en superposition des décisions des personnages et de leurs silences, des relations actuelles ou oubliées prennent les traits de Renate, d’Anders et d’Herbert. Devant nous, le film s’efface et laisse place aux diaporamas de nos souvenirs, ainsi qu’aux choix qui nous attendent et qu’il nous reste à prendre. On repense à ses décisions passées et à celles qu’on n’a pas prises, à nos insatisfactions et à nos renoncements, à nos occasions manquées, à nos allers-retours perdus d’avance et à ces quelques instants magiques et éphémères, qui sont rares mais qui justifient tout, dans un grand tourbillon qui nous emporte loin de la salle, au plus profond de nos cœurs.
L’humain, qu’il soit acteur d’un film, dessinateur à succès ou simple spectateur de l’histoire, n’est pas si différent. Nous ne sommes tous qu’un corps fragile balancé par ses sentiments. Le bonheur ne dure jamais, et on ne peut que tourner autour en espérant qu’il revienne.
Le temps passe. L'un des derniers plans montre Julie qui sourit et qui pleure en même temps. On ne sait pas où elle en est, on ne sait pas quelle émotion domine, mais c'est toute notre vie qui se lit dans ses traits.
Mince, j'ai besoin d'un câlin. Tant pis, je me contenterai d'une crêpe au Nutella.