Variations douces
Du ciné danois, ça ne se refuse pas. Qui plus est signé par Joachim Trier auquel on doit entre autres Back Home et le formidable Oslo, 31 août. Julie, bientôt 30 ans, n’arrive pas à se fixer dans la vie. Alors qu’elle pense avoir trouvé une certaine stabilité auprès d’Aksel, 45 ans, auteur à succès, elle rencontre le jeune et séduisant Eivind. 128 minutes, sans doute un peu longues, mais originales pour dessiner le portrait d’une jeune femme en proie à une instabilité émotionnelle et affective somme toute assez banale. J’ai beaucoup aimé et pourtant, à la sortie de la salle, je me suis posé une question gênante : « oui, bien, mais encore ??? »
Après son superbe et effrayant Thelma en 2017, notre réalisateur norvégien revient à un univers plus familier et des situations proches du vécu… peut-être trop pour passionner vraiment. Mais voilà, il y a l’habileté du scénario, la superbe mise en scène, un montage virtuose et une jeune interprète qui crève l’écran. Beaucoup d’atouts pour une histoire qui aurait pu passer inaperçue chez un autre cinéaste. Le film évoque des questions existentielles communes aux hommes et aux femmes. Trier sait éviter l’écueil du film sur « LA femme de notre temps » et se contente bien au contraire de se focaliser sur Julie, personnage sympathique, solaire, bien qu’en proie à des conflits intérieurs et, parfois, à des échecs. Le cinéaste dit d’elle qu’elle est une imperfectionniste. La ville d’Oslo, avec ses ambiances et ses lumières si spéciales sert d’écrin à cette belle histoire simple, magnifiquement – je le répète -, filmée et interprétée. Une petite perle.
Renate Reinsve, pour son 1er grand rôle, est de tous les plans et, entre légèreté et profondeur, sait nous séduire jusque dans ses côtés les plus irritants. On espère la revoir rapidement. Les hommes, Anders Danielsen Lie, Herbert Nordrum, Hans Olaf Brenner, tous impeccables, tournent autour d’elle comme autant de satellites autour de leur étoile. Un superbe portrait, tout en délicatesse, d’une trentenaire qui, avec ses faux airs de comédie romantique, parvient à remettre en cause toutes les certitudes qu’on aurait pu se forger sur l’amour, la vie de couple, dans une valse-hésitation pleine d’esprit. Le cinéma de la Nouvelle Vague revisité.