Julie (en 12 chapitres) est un honnête film norvégien découpé en douze chapitres (pas de surprise), un prologue et épilogue sur la vie de Julie (toujours pas de surprise), une jeune femme qui doute d'à peu près tout, comme tout être humain, somme toute. Faire médecine ou suivre son envie d'être photographe ? Rester avec un homme plus âgé (et souffrir du décalage de l'horloge biologique) ou partir avec un autre plus jeune, mais qui nous comprend peut-être moins bien ? Et surtout : être mère de suite, plus tard, ou pas du tout ? Toutes ces questions font évidemment de nombreux échos dans nos petites têtes de spectateurs (surtout spectatrices du même âge), et l'actrice principale Renate Reinsve nous y aide vraiment : on s'identifie immédiatement à son personnage, joué avec finesse et envie. Le Prix d'interprétation féminine de Cannes est mérité (même si, subjectivement, on l'aurait plutôt donné à une certaine Agathe... Mais on comprend quand même tout à fait le choix de Renate, très crédible et sensible en Julie). Seulement, là où Julie (en 12 chapitres) pêche davantage est dans son rythme très inégal. On s'est ennuyé dans l'introduction et dans les premiers chapitres, on a admiré l'audace des séquences "de cinéma" au milieu du film (le magnifique rêve de Julie qui "met toute une ville sur pause" avec un simple interrupteur, l'étrange trip sous champignons qui fera au moins plaisir aux profs d'analyse filmique), et en repassant dans un final très drama et bavard, on a replongé dans une dernière impression moins enthousiaste que la plupart des critiques presse (les échos aux festivals qu'on a arpenté étaient dithyrambiques). Il n'en reste pas moins que le film norvégien de Joachim Trier s'offre tout entier à la spectatrice (ou au spectateur) qui a les mêmes questions que Julie (vraiment, désarmante Renate Reinsve) sur sa propre vie et comment la gérer, se retrouvant un peu comme devant un meuble à monter (suédois, cette fois-ci) sans mode d'emploi. On essaie, on doute, on se trompe, mais on finit toujours par apprendre à s'en sortir, et c'est bien ça, Ikea et la vie.