Au début, je voulais écrire une longue critique romancée sur ce film. Mais bon, vu tout ce que j'ai à en dire, je vais plutôt partir dans une histoire véridique et une critique assez approfondie et plutôt détaillée. On va commencer par la petite histoire, si ça te dérange pas. Exil en vacances, loin de Marseille, plus près de Saint Trop que d'autre chose, le soleil sur le crâne, frappant comme un coup de batte, Ray Ban sur le nez, plaqué sur les yeux, soleil à donf, mer à proximité, ciel bleu de malade. Sauf que non, c'est ce que je voulais, pas ce que j'ai vécu les premiers jours. Le ciel était crasseux; sombre, plein de nuage, le sol trempé, une odeur de pluie dans les narines, complètement dégoûté du temps global. Et puis, je suis obligé de rentrer. Petit resto, pas terrible soit dit en passant, et à la fin, chose inattendue, la patronne lance une blague aux trois mecs avinés affalés sur le comptoir, le genre de blague qui te fait t'inquiéter pour l'avenir de l'humanité, et rentre dans les annales des plus grands flops des pires vannes faîtes en France par d'étranges personnes. Sauf que c'était la réponse à une autre mauvais vanne, "En Bavière, t'amène pas ta bière". Et la femme, alors, réplique : "Au vietnam, t'amène pas ta femme". On se dépêche de payer et hop, à des kilomètres du resto en quelques secondes, on s'en va du secteur. Sauf que cette femme là, avec son humour de macaque, elle m'a donné une idée, une bonne idée, le genre qui t'occupe pendant une bonne partie de la journée, de me mater un film sur le vietnam. Et comme j'ai rien de plus à faire dans la maison de vacance, je m'en vais à la médiathèque. Ben oui, faut trouver un truc à faire. Et là, j'emprunte trois films. Taken 2, Apocalypse Now et surtout!, surtout!!, surtout!!!, "Le Loup de Wall Street". QUE du beau monde quoi! Et là, je mets le film, "Apocalypse Now". Et ce film, tu vois, c'est monstrueux, c'est mythique, unique, inoubliable, bref, c'est génial! C'est surtout qu'il s'ouvre sur la plus belle scène d'introduction que j'ai pu voir jusqu'à ce jour. Direct, les "Doors" arrivent, Jim Morrison en tête de liste, sa voix magnifique retentissant à la télé. Je monte le son, profite de la musique, écoute les paroles, superbement écrites, commençant par un "This is the end, Beautiful friend, This is the end, My only friend, the end" des plus mémorables, avec une voix enchanteresse et envoutante ( je déconne pas ), qui donne au tout un côté unique et atypique. Plans impressionnants de maîtrise, don apparent du réalisateur, qui nous gratifie d'un magnifique moment, font que, dès le début, je suis emprisonné dans l'oeuvre. Et là, il apparait Martin Sheen. Non, pas Charlie. Moi aussi j'en ai fait une étrange confusion. Faut dire que le père et le fils se ressemblent encore plus que Kirk Et Michael Douglas. "Tel père tel fils" n'aura jamais été aussi véridique et bien approprié que pour ces deux gars. Après ce début impressionnant et bluffant, viennent d'autres acteurs. Pas des acteurs inconnus, non, des mecs qui se sont taillé leur propre réputation au fur et à mesure que les films se sont entassés au rythme des années. Des mecs alors tout bébé, que tu reconnais seulement parce que leur nom figure sur la pochette du DVD. Là, je parle de Laurence Fishburne et d'Indiana Jones, tonton Harry sortant tout juste du berceau, alors inconnu, dès lors un véritable acteur. Le pauvre gars avait plus une tête de lézard que celle du mythique aventurier. Et puis, au milieu de tous ces gars, il y en a un autre, beaucoup plus célèbre, star du monde entier, cultissime rockeur d'un film encore plus ancien que "Psychose". Et ce gars, je l'attendais de pied ferme, parce que non de Dieu, c'est Marlon Brando quand même! Sauf que petit soucis, il n'apparait que cinq minutes, sept tout au plus. Un soucis qui n'en est pas un, en fait, parce que ses quelques apparitions sont suffisamment bien filmées pour lui offrir charisme et mysticité ( et pour nous frustrer un bon coup, aussi ). Cette manière de le montrer sans le dévoiler ( il est toujours caché dans la pénombre, on n'en aperçoit que des parcelles, un peu comme pour montrer le côté prudent du personnage ) lui offrent un côté presque divin, carrément fascinant, en font une sorte de gourou. Et chaque phrase qu'il prononcera sera un régal de profondeur, un étonnant mélange de folie et de clarté, parce qu'il faut bien l'avouer, presque tout ce qu'il débite est entièrement vrai. Ce perso, c'est un peu le génie dénonciateur des méfaits de la guerre, le genre de mec "Peace and Love" mais qui sort les armes quand il le faut, et, sans jamais se montrer cruel, ne montre aucune pitié pour ses ennemis, autant qu'ils soient. Mais ce film, il est aussi fait de bonnes choses, mais surtout, de bonnes idées ( les cartes lancées sur les cadavres en guise de signature, ou le colonel complètement badass qui fait du surf sur une plage à peine arrachée aux mains des viets-congs ). "Apocalypse Now" est, étrangement, aussi réaliste que surréaliste. Réaliste pour ses combats, surréaliste pour la partie avec Brando, complètement hallucinée. Et "La Marche des Walkyries" sur fond de mitrailleuse et d'éclats de rire, qu'est-ce que c''est bon sans déconner! C'est LE truc mythique du film, ce qui le caractérise aux yeux du monde entier et l'a rendu aussi célèbre. Véritable voyage que ce film, il comporte également des scènes qui te rentrent dans la tête pour n'en plus ressortir, comme le pétage de câble dans le bateau, vraiment marquante celle là, et la fin du règne de Kurtz, complètement inoubliable. Mais au final, qui est réellement fou? Est-ce Marlon Brando, ou bien Martin Sheen? A toi de te faire ta propre réponse en le voyant, si ce n'est pas déja fait. Un drame passionnant et éprouvant, véritable chef-d'oeuvre signé d'une main de maître. Et n'oublie pas, profite bien de la vie, parce que l'Apocalypse, c'est maintenant et dans ce film...