Enfin vu Apocalypse Now pour la première fois (il était temps). Avant de commencer la critique, je me dois de dire que j'ai vu le film dans la version Redux avec les 45 minutes supplémentaires. C'est donc de la version Redux que je vais parler et pas de la version ciné, et (même si je sais quelles sont les scènes bonus), je ne peux pas faire de comparaison entre les deux car j'imagine que les deux visions sont assez différentes notamment sur la fin. Il faudra que je trouve le moyen de visionner la version ciné. Bref, j'ai évidemment adoré ce magnifique film de Francis Ford Coppola qui va quand même sur ses 35 ans mais n'en a pas l'air. Première chose : 3h15 de ce film passent à une vitesse impressionnante. Je n'ai vraiment pas eu le temps de m'ennuyer et ce, même pendant les scènes les "moins bonnes". Objectivement Apocalypse Now doit être qualifié de chef d'oeuvre ne serait-ce que pour sa réalisation géniale et la manière dont le sujet de départ a été traité. Le film prend pour fond la Guerre du Vietnam pour en fait surtout traiter des effets qu'a pu avoir cette guerre absurde sur certains soldats, en terme de folie. Même si, pour le côté "effets de la guerre sur l'homme", j'ai préféré Voyage au bout de l'Enfer, il faut admettre à Apocalypse Now une ambiance toute particulière qui ne laisse pas de marbre, et ce dès le début. J'ai été directement emballé par la scène d'intro du film sur fond de The Doors, qui donne d'office un ton caractéristique au film. Et c'est sans doute cette atmosphère hors du commun qui fait du film un objet cinématographique aussi intéressant. La bande sonore est vraiment primordiale dans Apocalypse Now, elle impose quelque chose de presque gênant et m'a scotché à mon fauteuil. Je ne vais pas parler de la scène des hélicoptères avec La Chevauchée des Walkyries car elle a déjà due être analysée et critiquée des milliers de fois, d'autant plus que je ne comprends pas pourquoi, lorsqu'on parle du film, c'est uniquement cette scène qui ressort des discussions. Certes, je comprends pourquoi elle est culte car elle est puissante, redoutable, efficace, mais bien d'autres passages méritaient à mon goût encore plus leur place au panthéon des scènes cultes. Comment ne pas parler, par exemple, du personnage de Robert Duvall qui, au milieu des obus et des balles, n''est préoccupé que par l'envie de surfer ? Ce passage assez burlesque et décalé est une vraie merveille. Je pourrais citer toutes les scènes que j'ai adoré dans Apocalypse Now (comme la tuerie provoquée sur le bateau que les soldats veulent contrôler, qui illustre avec force l'une des meilleures citations du film "On arrive à supporter les atrocités qu'on commet en donnant des pansements à ceux que l'on a mitraillé"), mais je préfère appuyer sur les éléments qui m'ont le plus marqué : la photographie/réalisation, le casting et le thème de la folie. La réalisation et la beauté de l'image sont pour moi les qualités les plus remarquables du film. Rarement je n'ai vu un film de guerre aussi réaliste (même si en fait, Coppola ne s'attarde jamais sur la guerre mais sur le moral de quelques soldats). Je m'y croyais vraiment et j'ai particulièrement adoré les couleurs de l'image. Ces multitudes de tons orangés, sombres, les champs de bataille rougeâtres et envahis par la fumée m'ont subjugué. Le casting est également un point fort, Marlon Brando en tête (quel charisme, le mec en impose) talonné de près par Martin Sheen qui porte pratiquement tout le film sur ses épaules avec un sacré regard et une omniprésence agréable. Les seconds rôles sont bien distribués également, comme ceux de Laurence Fishburne ou Dennis Hopper (complètement taré dans ce film !). Cependant, et malgré l'incroyable présence de Marlon Brando, j'avoue avoir été légèrement déçu par la fin. Même si elle est amenée par les diverses réflexions que se fait le personnage principal tout au long du film (appuyées par une voix off nécessaire), j'ai trouvé que le film s'éloignait trop rapidement des 2h30 qui précédaient pour nous emmener sur un terrain complètement différent, un peu glauque mais surtout improbable. Le tout est sublimement réalisé mais je n'ai finalement pas saisi toute l'essence de cette fin (la comparaison avec la vache sacrifiée, etc.). Et d'ailleurs, j'ai trouvé que tout l'épisode de la plantation française (scène ajoutée pour la version Redux) provoquait une grosse baisse de rythme dans le film. J'ai le sentiment que la version originale privée de ces 25 minutes quelques peu longues (intéressantes car elles donnent un point de vue extérieur qui fait cogiter Willard, mais pas nécessaires) doit être bien plus fluide et cohérente que la version Redux. Ca m'a un peu gêné car, une fois le rythme cassé, j'ai eu du mal à rentrer dans cette fin de film avec le colonel Kurtz (même si "L'horreur... l'horreur a un visage" file des frissons). Il n'empêche que le film est une merveille cinématographique avec une ambiance très spéciale, à voir absolument.