Des grands films français sérieux sur la politique, cela ne court pas les rues, mais il y en a eu tout de même quelques-uns de mémorables. On pense, par exemple, au jubilatoire et satirique « La Conquête » de Xavier Durringer, au magistral « Quai d’Orsay » de Bertrand Tavernier ou au très ténu mais passionnant « L’Exercice de l’État » de Pierre Schoeller. Si, ici, « Le monde d’hier » n’est pas à proprement parler incontournable, ni aussi important que les films cités précédemment, il est tout de même plus que réussi et on y prend un sacré plaisir. Bien sûr, il est certain que pour ceux n’ayant aucun goût pour la politique, le film ne sera pas forcément très intéressant. C’est peut-être d’ailleurs l’une de ses limites, il ne tente pas de se rendre aimable pour tous ni de vulgariser son propos. Il vaut donc mieux s’y connaître ou avoir des accointances avec ce domaine pour pleinement profiter du long-métrage. Mais pour les adeptes de la chose, c’est d’autant plus passionnant et galvanisant.
Diastème, s’est inspiré de multiples affaires politiques plus ou moins connues et de l’actualité pour façonner un scénario malin et très contemporain. De la montée de l’extrême droite à l’influence russe en passant par un aspect écologique ou les attentats perpétrés par des fichés S, « Le monde d’hier » pioche ses thématiques dans l’actualité récente avec brio. Mais l’ossature centrale du script est bien articulée autour d’une présidentielle entre une candidate sortante qui ne veut plus se représenter et un péril extrémiste de plus en plus probant, cette fameuse internationale fasciste qui fait si peur en ce moment. Dommage d’ailleurs que cet arc ne soit pas clos à la fin du film et qu’il nous laisse un peu sur notre faim, et légèrement frustré on doit l’avouer. Léa Drucker est impériale en cheffe de l’État. On n’aurait pas misé sur elle mais elle est épatante et surtout plus que crédible.
Pour certains, ces intrigues de palais, quasiment en huis-clos, auront un goût austère. En effet, ce n’est clairement pas un cinéma de divertissement et la réalisation est quelque peu classique et froide, hormis deux ou trois envolées lyriques qui dénotent un peu, faisant presque penser aux publicités pour parfum de luxe (on pense à la scène où Alban Lenoir porte la présidente dans les majestueux escaliers de l’Élysée). Le côté tragédie antique est fortement présent tant ce qui commence comme un simple jeu politique devient aussi tragique que les grandes pièces antiques d’antan. Si l’on est client de ce type de film, on prendra un plaisir certain à suivre ces atermoiements politiques, d’autant plus que le film a le mérite de pouvoir compter sur un montage resserré, une durée courte et un rythme tendu. Une bonne surprise donc, dans un genre rare.
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