https://leschroniquesdecliffhanger.com/2022/03/30/le-monde-dhier-critique/
Ce qui est frappant tout au long de Le monde d’hier, est certes la solitude que l’on sait, au regard des multiples tragédies publiques ou intimes, vécues par la Présidente De Raincy mais surtout une certaine immaturité de la nature humaine, dans une exacerbation intense, dès lors que viennent exister des enjeux de pouvoir. En effet, sans tomber dans le dangereux et poujadiste « tous pourris », Diastème nous montre des jeux parfois assez affligeants de bac à sable, des chantages infantiles, dans ce qui est pourtant la cour des très grands et qui est censé incarnée l’élite de la nation. Le réalisateur joue en permanence sur ces contrastes avec subtilité, dans le non-dit. Il est également montré le dévouement, voire la dévotion immodérée des femmes ou hommes de l’ombre au service de celles et ceux qui exercent l’autorité.
Le secrétaire général de l’Élysée, Podalydès lit à plusieurs reprises Moby Dick (1851, de Herman Melville), où l’on peut deviner son drame à lui, à travers cette parabole d’une lutte toute manichéenne se terminant quand même sur un mode assez apocalyptique. Au-delà de ces finesses scénaristiques, de l’utilisation permanente de plans fixes, notamment sur la présidente, et d’une façon de filmer assez épurée, le problème de Le monde d’hier est qu’il n’apporte pas un récit finalement nouveau au sujet qu’il traite. Il y a la peur de la mise en mouvement planétaire d’une internationale fasciste, mais trop suggérée pour pouvoir en dire quelque chose de l’ordre d’un message vaste et universel.
Il existe également bien sûr la passion très française de scruter les arcanes du pouvoir, mais là aussi, le film n’apporte pas grand-chose à l’existant. A l’heure d’une transparence de tous les instants, dans moult documentaires façon « les coulisses dévoilées », « les portes ouvertes » ou autre facilités rhétoriques, les secrets de la fabrication d’une décision politique n’existent plus réellement. L’excellent L’exercice de l’état (2011) va lui au fond du fonctionnement politique dans ses quelques gloires et surtout dans sa grande volatilité.
Au final Le monde d’hier, s’il n’apporte pas grand-chose de plus à celles et ceux qui se passionnent pour le cinéma politique, tient largement son rang, et dissèque très précisément ce qui se joue, se noue et se trame dans les fameuses arrière-cuisines.