« Sushi is not a liberal food. »
Il est difficile de savoir ce que cible avant tout le scénario de Charles Randolph, déjà auteur de celui de The Big Short : Le Casse du siècle (Adam McKay, 2015) : la chaîne Fox News ? les conservateurs ? les évangéliques ? Trump ? le sexisme ? le harcèlement sexuel ? l’arrivisme ? la loi du silence ? Si la densité est souvent signe de qualité, les différents thèmes sont ici parfois trop vite effleurés, sans réel lien entre eux et le scénario hésite constamment entre intensité dramatique et froideur analytique, là encore sans liant.
La réalisation, épileptique à force de zooms sursautants (vraiment, il faut arrêter de faire ça!), est assez faible, souhaitant sans doute vouloir rendre compte du stress permanent qui anime les principales protagonistes de l’histoire. On est loin de la fluidité des comédies populaires et déjantées dont Jay Roach fut l’auteur (la trilogie Austin Powers, 1997, 2000, 2002 ; les deux premiers volets de Mon Beau-Père et MoiMeet the Parents, 2000, 2004 ; Moi Député/The Campaign, 2012).
L’interprétation est à l’avenant : ça joue souvent la punchline, sans beaucoup de profondeur, à l’image des tweets trumpiens. Sauvegardons néanmoins celle de l’inestimable et trop rare Kate McKinnon, dont l’ironie est un ingrédient fondamental. Nicole Kidman est comme toujours affligeante, Charlize Theron est assez convaincante, Margot Robbie un peu courte en arriviste naïve, John Lithgow parfait en parrain paranoïaque libidineux et Richard Kind, improbable en Rudy Giuliani, ancien maire de New-York et avocat de Trump.
Au final, ce qui partait d’une vraie bonne idée se transforme vite en un docu-drama assez indigeste qui passe partiellement à côté de son sujet malgré une foule d’actrices sincères, le tout dans un sujet préfigurant l’affaire Weinstein dans le cinéma et #metoo, de la plus haute importance, pourtant.