Bienvenue dans un nouveau blockbuster d'action interchangeable vendu comme la sortie événementielle de l'été 2020 sur Netflix !
Même pas le temps d'espérer une once d'originalité dans le déroulement scénaristique de "The Old Guard" : après un flashforward inutile, le film nous balance directement dans une énième mission virant au guet-apens général envers son équipe de mercenaires centrale. Tout le reste ne se résumera évidemment qu'à la plus banale des revanches de ces proies malgré eux contre un petit, puis un grand méchant. Par "chance", le spectateur aura même droit à l'introduction d'une nouvelle recrue pour comprendre ce qui anime chacun des membres du petit groupe, il pourra aussi quasiment sauter d'un pays à un autre à chaque séquence en guise d'offre exotique et, s'il est sage, peut-être même qu'un traître pointera le bout de son nez à un moment ou à un autre pour que ce menu digne du pire fast-food du film d'action contemporain le gave totalement ! Mais, attention, comme le bon Happy Meal qu'il est, "The Old Guard" a son petit jouet fantastique pour faire la différence : ses héros sont en effet immortels, une donne qui a peut-être de quoi donner un peu de relief à ce menu sans saveur...
Pas de mystère : non, ce ne sera pas le cas. Et cela va peut-être même rendre encore un peu plus la formule indigeste. Pourquoi cela ? Eh bien, contrairement à un "6 Underground" ou un "Extraction" (pour se référer à des productions Netflix récentes du même type), cette adaptation du comicbook signé par Greg Rucka et Leandro Fernandez ne va pas complètement se reposer sur l'action à tout prix -celle bête, bourrine, non-stop, où la forme l'emporte sur le fond mais qui a le mérite d'en mettre plein la vue- elle va préférer se concentrer sur ses personnages et leurs motivations avant les fusillades. On ne peut que saluer l'intention, d'autant que le statut immortel de ces héros implique de fait de très lourds passifs à explorer, mais cela ne va hélas pas du tout fonctionner. L'ensemble des thématiques abordées par leur conditions particulières (la solitude, le poids de l'éternité, la souffrance de voir ses compagnons humains disparaître & co) ne va se résumer qu'à une enfilade de portes ouvertes maintes fois franchies par n'importe qui ayant au moins une fois vu dans sa vie un film mettant en scène une créature immortelle. Par politesse, mieux ne vaut pas s'étaler longuement sur la pertinence des questions plus actuelles que le long-métrage tente d'aborder par ce prisme (le trait est beaucoup trop forcé et opportuniste pour être véritablement sincère) ou de la qualité gênante des quelques rapides flashbacks dans des époques lointaines (certaines reconstitutions sont dignes d'une kermesse d'école). Bref, entre la banalité de son cheminement scénaristique et celle des problématiques de ses personnages très fades, "The Old Guard" provoque un tel ennui que l'on vient pleinement à partager la douleur ressentie par ces immortels devant l'éternité !
Comme le matériau d'origine est connu pour sa violence graphique, on pouvait se dire que le film allait envoyer la sauce niveau bastons pour compenser... Eh bien non, même sur plan, lorsque "The Old Guard" passe en mode action, ce n'est que pour délivrer des séquences très lambdas du genre, pas désagréables à visionner certes mais la réalisation est si passe-partout qu'elle échoue instantanément à les rendre un tant soit peu mémorables.
Allez, on sauvera quand même de l'ensemble la prestation de KiKi Layne ("Si Beale Street pouvait parler"), la seule à apporter un peu de fougue au milieu d'un casting amorphe (elle paraît même réveiller Charlize Theron à chacune de leurs interactions) et, plus largement, un élément scénaristique intéressant... que le film se contentera de faire réapparaître en guise d'épilogue dans le but d'annoncer une suite. Pas sûr pour autant que l'on s'y aventurera cette fois.