Verhoeven nous sert avec Hollow Man une bonne série B de luxe, qui remplit tout à fait le contrat là où on l’attendait, même si ce n’est pas le meilleur film du réalisateur.
Coté casting le métrage est très solide. L’équipe du docteur Caine est vraiment à la hauteur, certes dans les premiers rôles, à savoir le duo Elizabeth Shue-Josh Brolin, qui envoie du lourd, mais surtout dans les seconds rôles. Curieusement je trouve les acolytes plus enthousiasmants encore que les sus-nommés, car ils sont plus naturels, plus réalistes, et il y a vraiment de très bonnes choses à retenir de ces-derniers. Quant à Bacon lui-même, on ne le voit sous ses traits que dans la première partie, mais on sait à quoi s’en tenir généralement avec lui, il est toujours précis et juste dans ses prestations, surtout de personnages ambigu, et ici il ne déroge pas à la règle.
Le scénario est bien huilé. La tension monte bien, le suspens fonctionne pas trop mal (même si les disparations des personnages manquent d’originalité), et le rythme est solide. Si le film prend son temps parfois, pourtant ce n’est jamais ennuyeux, et on sent un scénario suffisamment intelligent justement pour toujours arriver à tenir l’attention du spectateur. Si l’ensemble manque un peu d’ambition, pour autant la dimension divertissante est excellente, il y a vraiment des passages très prenants, le glissement progressif du personnage principal est très bien emmené, et au final Hollow Man est une machine qui fonctionne sans anicroche particulière, à l’exception de quelques poncifs sur la fin. Le coup du « on se sépare » est très peu digeste.
La mise en scène est redoutable. Verhoeven s’est fait plaisir, ca se voit, et il utilise avec un rare talent les spécificités du personnage de Bacon. C’est millimétré, la tension est toujours palpable (je crois qu’il réalise une des plus mémorables plongée dans le décolleté d’une femme au cinéma !). C’est franchement enthousiasmant, et on sent que le réalisateur n’est pas là un vieux routard de la série B bas de gamme, mais un réalisateur qui vient du cinéma, et qui à de l’ambition. La photographie pour sa part est appréciable, mais n’a pas non plus de grande particularité qui lui donne un cachet précis. Les décors sont surtout très intelligents. Ils n’ont rien de spécialement déments, mais en utilisant les mêmes lieux, surtout le laboratoire, Verhoeven nous inclus véritablement dans ce-dernier, tant et si bien qu’il finit par nous devenir familier. Le film gagne en crédibilité du coup et le spectateur est nettement mieux entrainé dans l’histoire. Je note encore des effets spéciaux très impressionnants. Le film date de 2000, mais franchement il ne dépareille pas aujourd’hui. C’est généralement typique des films de Verhoeven, qui ne vieillissent pas vraiment, ou pas aussi vite que la concurrence. La reconstitution et la disparition des corps sont remarquablement faites. A noter aussi une petite pointe d’érotisme dans ce film, et une dose d’horreur et de violence typique du réalisateur. Le film n’est pas un « Homme Invisible » tout public, et je le déconseillerai à un jeune public. Enfin, superbe musique signée Jerry Goldsmith, qui finit de faire de ce Hollow Man un très bon film.
Au bout du compte quels sont les mauvais points qui m’empêche de donner la note parfaite : un certain manque d’ambition au niveau du scénario, qui par ailleurs n’est pas imprévisible, loin s’en faut, et n’est pas exempt de poncifs sur la fin. Pour le reste, ca tient la baraque, avec un casting à la hauteur, et une partie technique quasi-parfaite. 4.5.