« Sauver ou périr » réserve de beaux moments d’émotion, mais surtout dans une troisième partie beaucoup plus intense, juste et profonde, que les deux premières, elles bien trop descriptives et linéaires...
En articulant son récit en trois parties bien distinctes, le cinéaste choisit ainsi un parti-pris un peu risqué qui amène ce film à être trop désarticulé et décortiqué, en réduisant nettement sa dimension dramatique, ce qui aurait pu ainsi transcender totalement l’histoire de ce couple.
Comme si Frédéric Tellier avait voulu tout nous montrer, tout nous expliquer, tout prendre en compte et jusque dans les moindres détails, intention louable en soi mais qui en s’étendant trop sur le temps, amène évidemment à des ellipses gênantes dans la construction pertinente de ce drame.
Au lieu d’entrer de plein fouet au cœur du sujet, et de tout centrer sur l’intimité de ce couple, sur tout ce qui fait leur identité et leur relation à travers la psychologie respective de chacun, on se perd d’abord dans un genre de documentaire exhaustif sur la vie d’une caserne de pompiers, pas inintéressante, mais à mon avis hors sujet dans ce contexte et donc en décalage avec l’esprit même du film.
Celui-ci aurait donc gagné à être resserré sur les liens tissés entre ces personnages, et c’est justement dans ces moments-là que Frédéric Tellier fait ressortir toute sa sensibilité, et l’émotion recherchée, ici à fleur de peau.
Plusieurs très beaux moments sur le doute, le questionnement, l’amour et enfin la reconstruction, sont particulièrement bien vus à travers ce traumatisme mais beaucoup trop tard pour être complètement emportés comme on l’espérait !
Ce qui n’empêche pas aux deux acteurs, Anaïs Demoustier et Pierre Niney, d’être investis profondément dans leur personnage difficile, ainsi que d’ailleurs quelques rôles secondaires fort prenants, chacun à leur façon !
On imagine sans peine ce qu’aurait pu donner cette tragédie familiale en l’épurant un maximum, en resserrant la tension à son paroxysme autour de ce jeune couple à la base si insouciant, ceci afin d’apporter toute la puissance que l’on sent poindre dans les dernières scènes !