Comme quoi... Parce que « La Prière », à la base, ce n'est vraiment pas mon genre de films. Franchement, tous les signaux étaient au rouge : cinéma « d'auteur » au mauvais sens du terme, du social, pas d'action, du recueillement en veux-tu en voilà... Bref, il a vraiment fallu que mon appétit de septième art soit grand pour me frotter à l'œuvre de Cédric Kahn. Bien m'en a pris : sans être passionnant, le récit se révèle de bonne facture, évitant pas mal d'écueils (rédemption trop rapide, figure tutélaire omniprésente) pour offrir à la fois un beau portrait d'homme et un beau portrait de groupe, économe en mots mais donnant du sens à ceux prononcés. Le réalisateur « s'efface » tout en prenant grand soin de ses personnages et du décor, magnifique, apaisant.
S'il y a d'ailleurs un mot que j'utiliserais pour décrire « La Prière », ce serait celui-ci : apaisant. Sans ignorer un instant la difficulté (voire la douleur) face à un tel changement radical de vie, Kahn a su trouver le ton juste, trouver la bonne histoire et les bons personnages pour que ce vibrant hommage à la foi trouve tout son sens, y compris lors d'un dénouement émouvant, d'une très grande pudeur. De quoi séduire aussi bien les croyants que les athées : en tout cas, lorsque la religion est abordée de cette manière, pour moi, c'est un grand oui.