Votre avis sur La Favorite ?
3,0
Publiée le 11 février 2019
Début du XVIIIe siècle, un château de la campagne anglaise et sa grisaille tenace : il n’en faut pas beaucoup plus pour faire fuir le cinéphile. Mais voilà que le réalisateur dudit film, Yórgos Lánthimos, s’est fait un nom à Cannes ces dernières années. Il a aussi des stars au casting, et les Oscars l’ont affublé de dix nominations à la prochaine cérémonie. Évidemment, le début du long-métrage n’est pas très engageant, pas aidé par une lumière ténue et un usage du grand angle assez perturbant. Mais une fois les trois personnages principaux installés dans le récit, on parvient enfin à rentrer dans ce triangle féminin d’une férocité discrète assez jouissive. Et les trois actrices excellent : Olivia Colman dans le rôle d’une reine truculente, qui passe de l’excès au sensible, se livre totalement et semble se régaler dans ce rôle hors norme. Emma Stone est au diapason : elle joue d’abord la candeur et l’espièglerie puis se transforme petit à petit en monstre d’avidité et d’arrivisme. Assurément un nouveau grand rôle pour la jeune américaine. Rachel Weisz n’est pas en reste : l’actrice anglaise incarne la duplicité masquée derrière une élégance de presque tous les instants. Ces trois actrices font du long-métrage une oeuvre profondément féministe, dans lequel les hommes sont tournés en ridicule avec drôlerie. Yórgos Lánthimos se donne du mal pour sortir son film d’un contexte bien pompeux, mais les deux heures en quasi huis-clos de cette histoire singulière, ont quand même bien du mal à passer. On frôle même le mal de tête avec ses images distordues, une musique des plus sinistre et une fascination pour la vomissure d’un gout douteux. On retiendra la prestation d’actrices qui surnagent.
4,0
Publiée le 14 février 2019
Mêlant fantaisie, sophistication et sadisme, "La Favorite" est un assez bon film. On y trouve rassemblées toutes les qualités des différents protagonistes impliqués. La folie douce de Yorgos Lanthimos est bien mieux canalisée ici que dans ses précédents films. La beauté et l'expressivité d'Emma Stone sont merveilleusement mises en scène. La splendeur des intérieurs et des costumes anglais du XVIIIe siècle est superbement rendue. Les psychorigides de la vraisemblance historique vont piquer une crise en voyant les mœurs et vocabulaire des personnages. Mais ce n'est pas le but d'un tel film. Ce qui compte ici, c'est la fantaisie. Le seul petit souci est que le récit s'enferre un peu dans le dernier tiers et qu'on a droit à une fin pour le moins curieuse...
3,5
Publiée le 15 mars 2020
Yorgos Lanthimos reste dans sa philosophie de mec qui sait magner la caméra, mais simplifie (ou enrichie, çà dépend du point de vu) son scénario, pour lui donner une constance. Il fait appelle à une Emma Stone qui pétille tellement qu'elle rend belle toutes les autres actrices autour d'elle, et voilà un récit singulier qui plait au plus grand nombre. Longtemps rester a coté de son cinéma, plus artificiel que formel, son point de vu particulier s'est aseptisé à la merci d'un hollywood machine à modifier les talents. Mais pour son cas, çà lui réussit plutôt pas mal. Tout n'est pas parfait, mais le réalisateur grec signe une oeuvre ouvertement féministe et rafraichissante. C'est déjà un début de réconciliation.
3,0
Publiée le 20 juillet 2019
Un traitement du film historique très original, sous la forme d'une comédie grinçante et déjantée. Les acteurs sont tops, la démonstration de mise en scène est brillante, mais je suis resté un peu à distance du film.
3,5
Publiée le 14 mars 2019
superbe performance des comédiennes, décors et costumes somptueux. mais la mise en scene pèche par sa préciosité et ses effets de caméra pas toujours utiles. très osé dans son propos nous assistons a la débauche des moeurs, a un combat politique un peu grotesque (sans doute vrai), mais ce qui gâte vraiment le film c'est la musique insupportable qui pendant deux heures nous casse les oreilles au lieu de nous plonger vraiment dans l'époque.
3,5
Publiée le 13 mars 2021
Après les très remarqués The lobster et Mise à mort du cerf sacré, Yórgos Lánthimos semblait se laisser tenter par un sujet plus classique avec ce long-métrage inspiré de la vie d’Anne, reine de Grande-Bretagne de 1707 à 1714. Avec ses faux-airs de pilote de série, ce long-métrage raconte les stratégies mises en place par l’aréopage féminin d’une monarque pour obtenir ses faveurs, et donc sa protection et une partie de son pouvoir. Dans la continuité des précédents opus du cinéaste grec, le cynisme et le pessimisme quant à la nature profonde des êtres humains irriguent ce long-métrage rythmé, qui imagine un XVIIIème au débit de parole aussi important qu’aujourd’hui. Réalisé d’une main de maître par un Yórgos Lánthimos inspiré, il nous plonge au cœur d’un jeu de pouvoir et d’influence qui prouve qu’en termes de basses manœuvres politiques, les femmes n’ont rien à envier à leurs homologues masculins. Un magnifique trio d’actrices (Olivia Colman, Emma Stone, Rachel Weisz).
3,0
Publiée le 12 février 2019
Il y a peut-être du génie dans le film de Lanthimos, autour de ces 3 personnages, dans une pièce de théatre où tout est axé sur les acteurs et les dialogues, cruels, drôles et modernes. Il y a certainement du génie chez ces 3 acrices hallucinantes. Mais il y a surtout un côté un peu ampoulé, du génie qui se sait génie et se regarde travailler génialement chez le réalisateur grec. Il y a un cinéma maniéré, qui agace et tente parfois de se supplanter au génie de son texte et de ses actrices quand il faudrait juste s'effacer et se mettre au service du talent là où il se trouve. Dommage.
4,0
Publiée le 10 février 2019
Le réalisateur abuse un peu trop des plans au grand-angle et de la musique angoissante mais quel brio ! Entre les dialogues trash dans la bouche d’aristocrates, les émanations méphitiques du pouvoir et de la boue, les luttes entre femmes pour soi se maintenir ou conquérir le pouvoir, la façon dont a le réalisateur de définir les hommes (veules, lubriques et manipulateurs -comme les femmes- dans la fin du XVIIIe siècle en Angleterre en guerre contre la France).
Bref, un joli jeu de massacre qui pourrait inspirer plus d’un gilet de couleur jaune fluo !
3,5
Publiée le 2 mars 2019
Oscar général pour le trio d'actrices somptueuses! Rachel Weisz, Olivia Colman et Emma Stones sont puissantes. Leur jeu est électrique, on se régale surtout d'assister à leur partition de haut vol, dans un film où finalement, peu de scènes se déroulent en extérieur. On suit surtout les affrontements verbaux de 3 femmes de pouvoir, qui l'ont déjà, qui veulent le garder ou qui en ont soif. Presque un film féministe.
Je ne connaissais pas la singularité du réalisateur. C'est fait! Film assez dérangeant même parfois, extrême, poussant loin les personnages dans leurs plus basses vilités (hommes surtout). La réalisation est particulière. La caméra donne un sensation de rondeur à certaines scènes ou utilise des champs par dessous les personnages. Il faut s'y habituer mais cela ajoute à la particularité de ce film. La musique, avec parfois un seul son entêtant qui parcours une scène, voire plusieurs, sur des minutes entières, renforce cet effet presque fou de l'ensemble! On ne peut que le devenir avec ces personnages, surtout cette pauvre Reine qui semble surtout en mal d'amour et de reconnaissance. Bouleversant personnage.
Assez long par contre mais intense. A découvrir.
4,0
Publiée le 22 mars 2019
Yorgos Lanthimos met en boite son premier film accessible après des films d’auteurs hyper pointus tous primés à Cannes quoi que très absconds. Un film en costume quoi de mieux pour toucher le grand public. On pourrait penser cela, mais le réalisateur grec ne se départi pas, même lorsqu’il cotoie le cinéma de genre comme ici, d’un regard radical et décalé. Il revisite et dépoussière sérieusement le genre avec ce film ; même si on pourrait le taxer de quelques boursufflures stylistiques. Boursufflures critiquées par certains mais si utiles ; comme l’utilisation fréquentes du Fish-Eye (cher à Kubrick) pointant la vacuité du pouvoir, l’isolement des puissants via un œil voyeuriste extérieur bien conscient des faiblesses du pouvoir. Et c’est toujours autant d’actualité.
Et l’histoire là dedans. "La Favorite" repose sur un socle historique solide en mettant en scène les rapports entre la reine Anne (1695-1714, montée sur le trône en 1702) avec sa Première dame, Sarah Churchill, dont elle était très proche, mais avec laquelle elle avait un différend politique. Le film invente en revanche le personnage d’Abigaïl Hill qui va mettre le feu aux poudres entre elles, alors que la guerre fait rage entre l’Angleterre, l’Espagne et la France. Issue d’une famille aristocratique déchue, Abigaïl Hill (Emma Stone) est introduite par Sarah Churchill (Rachel Weisz), sa cousine, comme servante à la cour de la reine Anne (Olivia Colman). Alors que la préférée de la souveraine gère le pays à sa place en raison d’une santé fragile, Abigaïl s’attire les faveurs d’Anne au détriment de ce qui devient sa rivale, en influençant à son tour la reine.
Et qu’à voulu monter Lanthimos via cette histoire ancienne ; il le dit en interview : « Ce qui m’intéressait, c’était la manière dont le comportement d’une poignée de gens peut transformer le déroulement d’une guerre et influer sur le destin d’un pays », explique le réalisateur pour qui les choses ne sont guère différentes aujourd’hui. À ce marivaudage cynique et glaçant, dont les hommes ont été exclus, Yórgos Lánthimos, ajoute sa touche personnelle, mélange de grotesque et de noirceur absolu.
La cour emperruquée et poudrée à l’excès passe son temps dans des distractions aussi vaines qu’absurdes, comme une course de canards ou un lancer d’oranges sur cible vivante ; les domestiques y sont aussi cruels que les puissants ; le premier ministre, Lord Godolphin, et son principal opposant, parfaitement ridicules. Et plus largement, c’est le rôle ce que l’on apelle aujourd’hui les spin doctor qui est l’un des cœurs du film ; le film étant si riche de thématique.
La relation dominant – dominé dans un ballet perpétuel pour avoir les faverus de la Reine est glaçant. Et jusqu’à la scène finale ou la nouvelle favorite devient le lapin de la Reine ; elle se fait écraser alors qu’elle pensait avoir pris le pouvoir par un même geste d’écrasement et de domination. Et donc à la fin tout finit par reprendre sa place, comme si c’était immuable.
Et sur Culturopoing : « C’est d’abord un diptyque monstrueux que le film donne à voir, en faisant le portrait de la reine Anne, personnage sans envergure qui régna en Angleterre de 1702 à 1714, et de sa favorite Lady Sarah, respectivement interprétées par Olivia Colman et Rachel Weisz. Cette amitié est attestée par les historiens mais les scénaristes ont avoué avoir pris une certaine liberté vis-à-vis des faits réels. La reine est dépeinte de manière grotesque : sans jugement, geignarde, presque répugnante, elle suscite d’abord le dégoût du spectateur, consterné de voir un personnage si mal assorti à sa fonction. La multiplication des gros plans sur le visage boudeur de la reine ainsi que son maquillage outrancier contribuent à faire d’elle une marionnette sans épaisseur que semble manipuler Lady Sarah. Pour autant, le film ne tombe pas dans un manichéisme facile et propose une représentation contrastée de ce couple étonnant. Le talent de Yórgos Lánthimos est d’autant plus manifeste que ce dernier parvient progressivement à adoucir le regard du spectateur sur un personnage qui a d’abord fait office de repoussoir. Si la reine reste foncièrement ridicule, elle gagne en complexité et devient touchante dans son malheur et sa mélancolie.
Ce mélange des registres est également présent dans la peinture de la cour, tout à la fois satire impitoyable des courtisans et méditation empreinte de gravité sur la politique. Les divertissements de cour contrastent avec la situation difficile du pays, épuisé par la guerre contre la France et par la révolte des paysans surtaxés. Une des premières séquences du film, particulièrement brillante, met en scène une course de canards organisée par les Grands du royaume au sein du château. Filmée au ralenti et en contre-plongée, la séquence met en lumière la décadence et la puérilité des aristocrates. Par un retournement baroque, ce sont les courtisans qui font figure d’animaux sauvages en regard de la docilité des animaux. Ainsi, l’enfantillage des courtisans n’a d’égal que leur inconscience.
Mais la véritable guerre, celle qui oppose Lady Sarah à sa cousine Abigail Hill, a lieu dans l’enceinte même du château, où les deux femmes se disputent les faveurs de la reine. C’est certainement l’aspect le plus passionnant du film, celui qui consiste à décliner au féminin une réflexion sur l’ambition, l’opportunisme, et les rapports de domination. Dans cette course au pouvoir, la difficulté consiste à savoir rester à sa place tout en essayant de mettre tout en œuvre pour obtenir la confiance de la souveraine. Monter dans les échelons de la société de cour s’accompagne paradoxalement pour ces femmes d’une forme d’abaissement, comme si la quête de la gloire entraînait aussi le sacrifice des valeurs morales. C’est un jeu pervers où tous les coups sont permis mais où l’on ne peut gagner sur tous les tableaux.

La représentation de la course au pouvoir chez Lady Sarah et sa lointaine cousine s’accompagne d’une virilisation des héroïnes à travers les vêtements, l’attitude et la parole. Maîtresse-femme, la confidente de la reine sait manier les armes avec dextérité, se plaît à s’habiller en homme quand les circonstances l’autorisent, et fait montre d’une éloquence exceptionnelle. Les scènes où celle-ci mouche Lord Harley, alors Premier ministre du royaume, reviennent comme un leit-motiv comique, et soulignent l’impuissance de ce dernier. Si les femmes sont virilisées, de même, les hommes sont systématiquement féminisés et leurs perruques abondantes, leurs parures et leur maquillage extravagant font signe vers un retournement des valeurs, une inversion de l’ordre patriarcal. Le réalisateur se plaît aussi à dissimuler l’obscénité des personnages sous leurs costumes, infamie qui réapparaît ici et là involontairement. Yórgos Lánthimos parsème son film d’images métaphoriques de la souillure et de la tâche – une robe pleine de boue, un visage défiguré, une giclée de sang-, comme pour dévoiler les impostures. Il organise un fascinant jeu de va-et-vient entre le pur et l’impur. La sexualité subit le même traitement, dévoilant les secrets d’alcôve, le scabreux derrière la porte.
La Favorite rend hommage à cet autre cinéaste conceptuel qu’est Peter Greenaway, avec un goût tout aussi prononcé pour la trivialité et le grotesque que les beaux atours peinent à dissimuler. Derrière la beauté de ses habits, l’individu est bien sale. Aussi l’ombre de Meurtre dans un jardin anglais ne cesse de roder autour de cette autre demeure. Plus que de le revisiter, Lanthimos lui applique la stylisation de sa propre mise en scène, à la fois élégante et coupante, où la déformation du grand angle sert les vertiges de la perception. Yórgos Lánthimos excelle à utiliser toutes les ressources du langage cinématographique pour représenter ses personnages. Il travaille notamment leur rapport à l’espace pour symboliser leur état, leur fragilité ou leurs aspirations. Le réalisateur se plaît à filmer de manière répétée les allées et venues des personnages dans une galerie d’une longueur qui semble infinie, comme pour signaler la lourdeur du protocole et des usages de cour. Les pièces immenses dans lesquelles évolue la souveraine semblent également révélatrices d’une certaine incompétence. L’ouverture du film est à cet égard éloquente. On y découvre la reine de dos, dans une vaste pièce lambrissée. La longueur de sa traîne pourrait ici matérialiser la charge que représente l’exercice du pouvoir. Dans cette séquence d’ouverture, le montage alterné nous fait aussi découvrir le personnage d’Emma Stone, coincée entre les passagers trop nombreux d’une diligence. L’exiguïté du véhicule et la promiscuité qu’il impose tendent ici à suggérer la déchéance sociale de la jeune femme, bloquée au sens propre comme au sens figuré.

Si l’on peut être frappé par la perfidie des héroïnes de La Favorite, celles-ci n’agissent pas pour autant gratuitement ou par pure perversion, contrairement aux personnages de libertins ou de roués qu’on retrouve chez Choderlos de Laclos. Le tempérament froid et calculateur du personnage incarné par Emma Stone trouve d’une certaine manière son explication dans la mention d’un passé traumatique. C’est parce qu’elle a vécu l’horreur de la chute, qu’elle a subi l’inconséquence d’un père endetté et peu consciencieux qu’elle intrigue. Sa connaissance intime de la brutalité masculine, d’autant plus usuelle que les hommes sont nobles, témoigne en outre d’une expérience et d’une lucidité exemplaires. Ainsi, quand l’opportunisme dicte aux héroïnes leur attitude, c’est davantage par pragmatisme que par noirceur. La médaille a d’ailleurs son revers et la puissance de ces femmes semble par moments bien précaire. En cela, ces favorites, quoique dissemblables, frappent surtout par leur humanité tant elles ont partagent la quête angoissée d’une autonomie, d’une indépendance utopique »

Un film à voir plusieurs fois pour capter toute la richesse des situations et du propos.
tout-un-cinema.blogspot.com
4,5
Publiée le 17 février 2019
Comme toujours avec Lanthimos, la mise en scène est au cordeau, pour nous présenter ici un trio diabolique de femmes pour accéder au pouvoir ou pour s'en approcher. Exit les hommes ramenés uniquement à leur fonction de soldats, de courtisans de ministre. Ce qui est peint ici c'est la féminité dans toutes ses facettes, de la plus attachante à la plus perverse. Et le tout servi par des dialogues subtils et une photographie qui resserre les plans pour nous en livrer l'essentiel.
2,0
Publiée le 15 février 2019
Déçu par cette oeuvre de Yorgos Lanthimos qu'on a connu beaucoup plus inspiré et caustique. Même si la monstruosité humaine qu'il affectionne se cache dans les interstices de ce film en costume, cette histoire d'aristocrate déclassée qui rumine sa vengeance dans les couloirs d'un château filmé inutilement au fish-eye finit par lasser. La fin se devine dès les premières minutes et les saillies verbales ne sont pas à la hauteur d'un "Liaisons Dangereuses" ou d'un "Ridicule". Seule l'interprétation des personnages empêche l'oeuvre de sombrer dans un océan de naphtaline.
5,0
Publiée le 8 février 2019
Magistral et jouissif!!!
Un film jubilatoire et rock’n roll sur les coulisses de la cour royale britannique en pleine déliquescence .
Un film sur la condition des femmes obligées de se conduire en louves féroces et retorses afin de ne pas être écrasées.
C’est drôle , cruel, stylé, gothique,. Quel monde pathétique et implacable.
les actrices sont géniales , elles prennent un plaisir évident à donner et prendre des coups et nous on se régale !!!
2,0
Publiée le 19 mars 2019
Un film tape-à-l'œil, avec toujours les mêmes costumes, et tourné toujours dans les mêmes pièces. Quant à la mise en scène, elle reste tout de même très prétentieuse, comparé à un Barry Lyndon. Le trio d'actrice fait le job, et on reste consterné devant les "rouages" qui ont fait nôtre histoire. Enfin, le plus stupéfiant au fond, c'est l'absence d'un véritable scénario. Tout le monde tourne en rond, à l'image de ces adorables lapins….
4,0
Publiée le 6 février 2019
Comme une des séquences d'Arte: tout est vrai.... ou presque. Tous les personnages historiques sont là -et tous les personnages sont historiques, mais vous vous demandez comment un réalisateur aussi imaginatif que Yorgos Lanthimos a pu se plier au moule du film historique. Eh bien.... en brodant!

Au début du XVIIIème siècle, Anne règne sur l'Angleterre au terme d'une succession des plus compliquée, tant sur le plan familial que sur le plan religieux (catholiques contre anglicans). L’Angleterre et la France sont en guerre. Anne est une femme prématurément vieillie, bouffie, que la goutte rend quasiment impotente; elle ne déplace plus qu'avec une béquille ou dans une chaise, les jambes entortillées dans des pansements répugnants. Après dix sept grossesses, elle n'a aucun enfant vivant (le plus solide est mort à dix ans). Faible de caractère, instable, elle est entièrement sous la coupe de son amie d'enfance Sarah. Les deux copines se sont donné des surnoms. La reine est madame Morley.... Sarah épouse John Churchill, qui sera fait comte de Malborough, et Anne, Georges de Danemark (déjà mort, manifestement, au moment où se passe le film). Avec Malborough, nommé chef des armées, et le premier ministre Godolphin, le gouvernement est aux mains des torys.

Et voilà qu'arrive à la cour Abigail, une cousine de Sarah tombée dans la misère (son père s'est ruiné au jeu et l'a vendue....) D'abord servante, elle va séduire la reine, s'insinuer dans sa vie et supplanter Sarah, occupant à sa place le prestigieux poste de "gardienne de la bourse privée", tandis que Sarah, ayant exhibé un tract whig accusant la reine de lesbianisme, est obligée de s'exiler.

Quel beau scénario! quels beaux personnages! Les hommes? Ils n'existent pas, ou si peu! Ridiculement maquillés et perruqués, comme Casanova vu par Fellini, ils possèdent des canards de course (!!) et, interdits de la chambre royale, prennent de la bouche de Lady Sarah les instructions pour mener la guerre.. Vive les femmes!

Face à ces fantoches, un super trio de femmes: la très belle Rachel Weisz est une magnifique Sarah ambitieuse, arrogante, distribuant gifles et coups de poing s'il le faut, et la charmante Emma Stone une Abigail rouée, manipulatrice, hypocrite; pour Olivia Colman, c'est un marche pied pour l'Oscar que ce rôle de la reine Anne, dont elle traduit toutes les facettes, passant de la pleurnicherie à l'autoritarisme, une femme déboussolée, tellement seule en fait, qui hurle de douleur et de désespoir en se roulant dans les draps de son immense lit....

Yorgos Lanthimos s'ébroue dans l'histoire comme un.... canard dans la mare. Comme Alexandre Dumas, il lui fait de beaux enfants! Des relations saphiques entre Anne et ses favorites? Pourquoi pas! N'était ce pas la meilleure façon de "tenir" cette femme sans affection.... Tout est à la fois parfaitement juste et juste un peu faux.... Par exemple, les ravissantes robes des dames ont des coupes d'époque, mais dans des étoffes absolument anachroniques, avec des décors géométriques, des tissus synthétiques sans doute... Les décors magnifiques, avec d'interminables galeries sont ponctués de laquais, mais en même temps on se doute bien que l'étiquette ne fonctionnait pas comme cela! Les petites touches humoristiques ou décalées sont partout, mais l'invention la plus délirante de Lanthimos, ce sont les dix sept "enfants" qui vivent dans la chambre de la reine, dix sept jolis lapins qui remplacent les dix sept petits morts....

Original, décalé, à voir absolument
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