Votre avis sur La Favorite ?
4,5
Publiée le 21 décembre 2018
Yorgos Lanthimos était un réalisateur prometteur. Et il confirme ici avec panache et fracas. Ce grec avait surpris son monde avec ses premiers films aux scénarios complètement azimutés de « Canine », où une famille élève ses enfants complètement coupés du monde en leur inculquant des noms pour chaque chose complètement opposés à leur réelle dénomination, à l’excellent « The Lobster », où des célibataires sont envoyés dans un hôtel et doivent trouver l’âme sœur sous peine d’être transformés en animal (!). Mais, aussi étranges soient-ils, ses films ont un sens et s’avèrent maîtrisés de bout en bout. Seul son précédent, le pédant et soporifique « Mise à mort du cerf sacré », nous avait laissé sur le bas-côté. Ici, le cinéaste grec désormais le plus connu à l’international monte encore en gamme et en budget et s’assagit en apparence avec un film d’époque haute couture. Plus accessible que ces précédents (il adapte pour la première fois un scénario qui n’est pas de son cru), son relatif conformisme n’en est pas moins de façade tant cette oeuvre bouscule les conventions du film en costumes et se place instantanément comme son meilleur film.

Proche du chef-d’œuvre, « La Favorite » est un jeu de massacre méchamment déjanté où les joutes verbales et les scènes impertinentes s’enchaînent à un rythme effréné à tel point qu’on en redemande encore et encore. Loin, très loin du classique film d’époque, le réalisateur s’accapare une période de l’histoire anglaise et des personnages ayant réellement existé mais les broie à sa sauce, une mayonnaise absolument délicieuse faite de scènes incongrues, d’humour très noir voire loufoque (mais qui fait constamment mouche) et de propos osés et fortement féministes (les hommes en sont réduits à de simples figurants, hormis Nicholas Hoult plus pimpant… et féminin que jamais !). Il s’est entouré d’un trio d’actrices exceptionnelles pour un espèce de ménage à trois haut en couleurs dont on ne sait jamais vraiment s’il ressort du triangle amoureux lesbien ou d’une guerre de tranchées en corsets. Il serait d’ailleurs difficile de les départager tant elles excellent toutes les trois en (au choix) perfidie, malice, bêtise ou encore opportunisme. On connaissait déjà bien les qualités de Rachel Weisz (encore une fois royale) et Emma Stone (de mieux en mieux c’est dire…) mais c’est la moins connue Olivia Colman en reine malade et niaise qui emporte le morceau et les meilleures répliques. Si un prix d’interprétation commun existait aux Oscars, il faudrait le leur donner !

Mais outre une histoire qui se suit avec appétit comme une sitcom de cinéma d’auteur en accéléré de (très) haute qualité et une interprétation de haut vol, « La Favorite » se distingue également par une direction artistique très raffinée où les décors et les costumes sont tout aussi soignés que les dialogues. De plus, Lanthimos, pour ne pas faire comme tout le monde mais sans que cela soit un choix pour se faire remarquer, filme ses personnages avec des plans alambiqués qui semblent les enfermer dans une espèce de sérénade, d’univers clos aux coins excessivement arrondis. Comme si on les observait par le biais d’un œil de bœuf, ajoutant avec ce regard déformé un aspect formel singulièrement bizarre. Les mouvements de caméra suivent les personnages et le réalisateur évite au maximum les champs/contrechamps, ce qui nous immerge dans ce cirque royal d’une drôle de manière. Mais d’une manière qu’on adore. Le film pourrait être de mauvais goût mais il ne l’est jamais, son originalité nous draguant à la perfection sans jamais tomber dans l’excès. Dommage que la fin soit si abrupte et laissé à l’appréciation de chacun bien qu’elle soit lourde de sens. Mais c’est un peu la marque de fabrique du réalisateur grec. Dans tous les cas ce sont deux heures exquises à écouter comme à regarder, on ne voit pas le temps passer et c’est confectionné avec un soin maniaque. « La Favorite » est un morceau de cinéma d’orfèvre dont il serait dommage de se priver tant le plaisir est intense.

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5,0
Publiée le 8 février 2019
Comme quoi on peut détester un film d'un réalisateur et en adorer un autre de ce même réalisateur.
Oui j'avais détesté énormément "The Lobster" que j'avais trouvé horrible et glauque.
Là il se trouve que j'ai adoré "La Favorite".
Déjà j'adore les films qui parlent d'histoire mais aussi j'adore les films en costumes et les querelles féminines.
Ce film avait tout pour me plaire.
Aussi, ce film est remarquablement réalisé et interprété.
C'est un vrai petit bijou et c'est un régal jubilatoire de le visionner.
2,0
Publiée le 14 avril 2019
Belle reconstitution de l'époque, film totalement intéressant pour moi. Je reste clairement sur ma faim. Les personnages ont beau être bon, l'histoire ne semble pas du tout avancer. On va dans le mur, vers une insatisfaction totale pour eux comme pour le spectateur qui attend quelque chose qui ne vient pas, manifestement. Trop de scènes semblent coupées, beaucoup sont suggestives alors qu'on aimerait les voir, notamment un vrai final !
1,0
Publiée le 24 février 2019
Georges de Danemark avait la syphilis. Raison probable des déconvenues maternelles de son épouse Anne, deuxième fille de Jacques II Stuart (enceinte 17 fois au moins, dont nombreuses fausses couches ou enfants morts-nés - 5 enfants ayant survécu seulement, dont 4 disparus avant leurs 2 ans, le seul vrai survivant, Guillaume de Gloucester, ayant succombé à la variole à l'âge de 11 ans...). Mais "La Favorite" ne le met pas en scène, car il décède (le mariage, bien qu'arrangé, fut heureux) en 1708 spoiler: . La scène est entre cette date et 1711, lors d'une crise politique majeure entre Tories et Whigs, sur fond de guerre coûteuse (la "Guerre de Succession d'Espagne" - le petit-fils de Louis XIV, le duc d'Anjou, monte sur le trône d'Espagne, ce qui contrarie notre "ennemi héréditaire"...). S'illustre, côté britannique, dans ce conflit (1701/1714) européen, le duc de Malborough (ancêtre de Sir Winston Churchill).
Qu'est-ce qui a donc pu séduire le Grec Lánthimos dans cette affaire historique ?... Celui de "Canine" ou "The Lobster", friand de fables bizarres, et de curiosa bien sordide ?... YL monte en épingle l'amitié (attestée) entre la reine Anne et l'épouse du duc, Sarah, prétexte à scénariser des intrigues fétides, spoiler: le duo prétendument entre tribades se compliquant quand une cousine ruinée de la dame Churchill, Abigail, se mêle de la manoeuvre politico-amoureuse....
Le seul point positif du nouvel opus crapoteux de cet aimé des festivaliers (« Grand Prix du Jury » ici, à la dernière Mostra) est l'interprétation (Olivia Coleman, en souveraine podagre, caractérielle et dévorée de chagrin, et Rachel Weisz, en courtisane dévorée d'ambition, surtout - déjà employées dans "The Lobster"). Pour le reste ? Deux heures de délayage complaisant. En "éclairage d'époque", certes. Mais n'est pas Kubrick qui voudrait ! (Re)visionnez plutôt l'admirable "Barry Lyndon", pour des effets de clair-obscur à la chandelle...
4,5
Publiée le 2 février 2019
C’est une réussite totale. Un jeu de manipulation passionnant, une écriture scénaristique et des personnes très précis, un humour noir, des faux semblants, des trahisons, et un regard intelligent sur l’époque. La favorite est un chef d’œuvre incontestable. La bande originale est magnifique, et la technique imposante entre des plans serrés, des panoramas à 180 degrés très vifs, des caméras à grand angle, des plans incurvés, bombés, c’est splendide. Le rythme est endiablé et à part une légère baisse de régime sur le dernier quart c’est parfait.

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4,0
Publiée le 18 août 2019
"The Favourite" se déroule au début du 18ème siècle, à la cour de la Reine Anne d'Angleterre. Souveraine affaibli psychologiquement et physiquement, elle est contrôlée (et le royaume avec) par sa favorite, Sarah de Malborough. Jusqu'à l'arrivée d'une nouvelle servante, ancienne noble déchue, qui va redistribuer les cartes... Yorgos Lanthimos reprend ici le film d'époque, genre souvent très académique, pour mieux le dynamiter. Ainsi le réalisateur fait d'une part preuve d'une grande maîtrise technique et d'un véritable soin de l'image (décors et costumes somptueux, belle photographie, univers visuel que ne renierait pas "Barry Lyndon"). D'autre part, il apporte des éléments inhabituels pour le genre : de très nombreux grand angles pour souligner les bassesses des personnages et les coups tordus que cachent les pièces carrées et corridor rectilignes, un humour acerbe et cynique, des dialogues mordants, de grandes libertés (volontaires) avec la véracité historique, et une évocation sans concession de la condition féminine. Les femmes sont par ailleurs au centre de l'intrigue, avec ce trio amoureux entre une reine souffrante et larguée (étonnante Olivia Colman), et deux rivales aussi intelligentes, manipulatrices, et égoïstes l'une que l'autre (impeccables Rachel Weisz et Emma Stone, qui adopte l'accent british pour l'occasion) . Des protagonistes ambigües qui ne plairont pas à tous, mais qui permettent d'établir une histoire complexe et forte, qui dénonce des manigances politiques toujours d'actualité.
3,5
Publiée le 19 février 2019
Favori aux prochains Oscars, "La Favorite" est un biopic historique élégant par sa forme et grinçant par son fond, qui se transforme en grande tragicomédie baroque, à la fois perverse et grivoise. Une chose est sûre, le réalisateur grec Yorgos Lanthimos fait tout pour traiter ce genre poussiéreux à contre-pied, quitte à en faire un objet d'expérimentation. Ainsi, les décors majestueux nous surplombent par les grands angles de caméra qui déforment toutes perspectives. L'absence de lumières artificielles donne du reflet aux scènes filmées à la lueur des bougies. Et la musique anxiogène participe à cette notion d'étouffement dans le vaste espace vide d'un Palais Royal. Ici, la politique est coupée du reste du monde et rime avec manipulation, passe-temps et cruauté...
Ces partis prix resserrent l'action sur ses trois personnages, cobayes des vices de la nature humaine en quête de pouvoir. Ce petit jeu de massacre ne serait rien sans son trio féminin indissociable, où chacune participe à sa manière à l'anti-conformisme moral de ce portrait royal. Olivia Coleman, en reine instable et hystérique, est à la fois curieuse et touchante. Rachel Weisz, en femme de pouvoir déterminée, semble celle qui garde la tête froide tandis qu'Emma Stone dessine une véritable ascension sociale pour son personnage, accompagné de changements d'humeur étonnants ! Leurs relations vénéneuses et leurs dialogues punchys, marqués par un humour cru et extrême ont de quoi nous captiver.
Personnellement, j'en attendais beaucoup plus ! Je pensais vraiment que "La Favorite" s'éloignerait de toutes conventions, surtout dans son final. Bien que l'action s'étende sur la durée et semble parfois tourner en rond, on ne s'ennuie pas. Mais la folie machiavélique, qui est pour moi simplement effleurée, manque cruellement à cette montée d'adrénaline. Dommage, car tous les ingrédients étaient là pour en faire quelque chose de plus rock'n'roll, en total désaccord avec le cadre spatio-temporel. J'avoue être resté sur ma faim et avoir trouvé l'ensemble trop sage malgré une maitrise parfaite et un plaisir jubilatoire du jeu.
4,5
Publiée le 7 décembre 2019
Après les très âpres et crépusculaires, "The Lobster" et "The Killing of A Sacred Deer", Yorgos Lanthimos revient avec un film d'époque tout simplement unique.
Fort de plusieurs nominations et récompenses (Mostra de Venise Golden Globes et Oscars entre autre), "The Favourite" place son action en 1708 lors de la Guerre de la Succession d'Espagne, en plein conflit entre l'Angleterre et la France.

Écrit il y a 20 ans par Deborah Davis, le film nous conte l'histoire de la Reine Anne Morley (une Olivia Colman impériale qui livre tout simplement la meilleure performance de sa carrière) dans un triangle affectivo-toxique avec 2 femmes de cour :
d'un côté Abigail Masham, jeune domestique forte et ambitieuse tombée en disgrâce (interprétée par la superbe Emma Stone, qui manie l'accent british avec un flegme déconcertant), de l'autre la Duchesse Sarah Churchill (Rachel Weisz, également excellente), la confidente de la reine et femme de pouvoir autoritaire.

De ce canevas et cette "histoire à peu près vraie", s'ensuit un récit tout simplement jubilatoire et osé, entre Barry Lyndon, Liaisons Dangereuses, Phantom Thread et The Lobster.

Une histoire qui mêle le classique et l'absurde, pour un résultat détonnant.
Sous ses airs de biopic historique, le cinéaste grec apporte un ton résolument barré et méchant à l'ensemble à coups de jeux de pouvoir, manipulation affective et sexuelle, franchissement des diverses strates sociales, menaces toxiques...

Ce qui frappe d'entrée de jeu est également le soin formel tout particulier (voire expérimental), via une photographie de Robbie Ryan (Fish Tank, American Honey) composant de véritables tableaux classiques, ou la mise en scène de toute beauté, à coups de grands angles, de fish-eye et d'autres inspirations Kubrickiennes.
Les dialogues sont ciselés et les diverses saillies burlesques, alliés à un humour noir et ravageur confèrent à l'ensemble un charme indéniable, où le grotesque se mêle à l'anachronisme avec une aisance qui force au respect.

Ajoutons à cela une musique baroque et anxiogène, des décors et costumes fabuleux... c'est toute la fabrication du long-métrage qui est une prouesse. Mais au-delà de ça, "The Favourite" est surtout porté par un trio d'actrices fabuleux et inoubliable (les joutes verbales et jeux de dupes entre Stone et Weisz méritent à eux seuls le visionnage, ainsi que toutes les scènes où Olivia Colman interprète son personnage de manière délurée, malgré le caractère écorché de la Reine, en proie au chagrin et la maladie) où chaque sourire est une façade au sein d'un jeu de manipulation vénéneux et grandissant qui va de plus en plus loin.
Il existe un décalage savoureux entre la sobriété quasi austère voulue de l'époque et les diverses mœurs, notamment la condition de la femme. Et tel un pamphlet féministe, le film dresse un vrai portrait de femmes fortes, tirant les ficelles du pouvoir par des moyens détournés, souvent au dépens de la gente masculine (Joe Alwyn et Nicholas Hoult sont également de très bons atouts au casting).

En définitive, The Favourite est un film mordant, jouissif, brillant, unique.

Du grand cinéma donc
5,0
Publiée le 9 février 2019
Yorgos Lanthimos revient en force avec " la favorite " dans une comédie d'une noirceure totale nommee 10 fois au oscar . En effet l'histoire se déroule en Angleterre pendant le XVIIIEME siècle ou une reine va se faire courtiser par deux femmes pour être sa favorite dans une oeuvre cruelle,drôle et une nouvelle fois le réalisateur grecque nous démontre la noirceur de l'homme avec un trio d'actrice au sommet. Une totale réussite
2,5
Publiée le 2 janvier 2023
Le style est le point fort. La mise en scène. La recherche visuelle. Sinon j'ai trouvé l'ensemble un peu vulgaire. Les costumes et les décors sont superbes évidemment. On en convient. C'est une vision personnelle un peu trop appuyée.
5,0
Publiée le 11 mars 2019
Même si le film se déroule au début du XVIIIeme siècle, la réalisation brillante et flamboyante le rend étonnement moderne et dynamique. La musique, les décors somptueux, les dialogues truculents et l'interprétation intelligente de tous les acteurs, Olivia Colman en tête, en font un petit bijou mordant, incisif et truculent. "La favorite" et "Green book" qui sont les grands gagnants de cette édition d'Oscars de l'année en sont les exacts opposés. Les défauts du second sont dans le premier gommés, et c'est définitivement "la favorite" qui aurait dû emporter l'Oscar du meilleur film. Du très bel ouvrage !
2,5
Publiée le 16 décembre 2021
18ème siècle à la cour anglaise : la reine Anne (Olivia Colman) est instable et malade, c'est sa favorite et amie Sarah Churchill (Rachel Weisz) qui pilote le pays en ces temps de guerre contre la France.
Tout se passe normalement jusqu'à l'arrivée au palais d'une jeune servante, Abigail Masham (Emma Stone), qui va petit à petit bousculer la hiérarchie établie et tenter par tous les moyens de retrouver son ancien rang d'aristocrate.
Le réel intérêt du film réside dans le talent de ces trois actrices dans leurs rôles respectifs : il faut reconnaître que c'est vraiment brillamment interprété.
Pour le reste, l'histoire est assez plate et tourne rapidement en vase clos entre ces trois protagonistes se crêpant le chignon chacune leur tour.
Assez fade et moyen dans l'ensemble.
--> Site CINEMADOURG
4,0
Publiée le 24 février 2019
La Favorite est une farce et, à ce titre, convertit la fièvre misanthropique de son réalisateur en frénésie grotesque parfois très drôle, toujours captivante. L’œuvre est boursouflée, ne respire guère : sa mise en scène chérit les cadrages insolites, jouant ainsi sur la notion de naturel, tout bonnement absente de l’époque ainsi dépeinte. Surtout, trois actrices principales assurent le spectacle, avec une mention spéciale pour Olivia Colman qui, après avoir interprété Elizabeth II dans la saison 3 de la série The Crown, campe une Anne d’Angleterre impériale, à la fragilité autant ridicule que bouleversante. L’emploi du fish-eye enferme ces femmes dans leur condition et dans la cour où se joue une rivalité à mort : car il est bien question ici d’assurer sa survie, de s’élever dans la hiérarchie, mouvement que le film traduite par deux symboles : d’une part la position couchée qui place la favorite et la reine sur le même plan, d’autre part l’agenouillement final qui vient briser les illusions de notre héroïne et rétablir son infériorité. Avec La Favorite, Yórgos Lánthimos livre certainement son film le plus abouti, et fait preuve d’une indépendance vis-à-vis de l’Histoire et du cinéma qui transporte l’âme.
4,5
Publiée le 5 avril 2020
Après les très déroutants The Lobster et la mise à mort du cerf sacré voici enfin un film de Yorgos Lanthimos qui m’emballe complètement. La favorite est un film magnifique: décors, costumes, lumières, cadre tout est esthétiquement remarquable. On voit constamment à l’écran un faste qui n’est qu’artifice et qui semble là pour masquer le vide terrible que ressent chaque personnage. Il parle de la déliquescence du pouvoir, les jeux d’influence, les intérêts privés qui finalement guident ceux qui prétendent défendre les intérêts collectifs. Mais surtout de l’amour, de l’amour dont a besoin chaque individu, et qui rend soit trop faibles ou trop durs ceux qui en on manqué. Le trio d actrice est extraordinaire, parmi elles Rachel Weisz trouve peut être ici le plus grand rôle de sa carrière. Un film admirable en tout point qui mérite d’être vite découvert.
4,0
Publiée le 9 février 2020
Pour celles et ceux qui ont vu The Lobster ou Mise à Mort du Cerf Sacré, un constat s'impose : cet homme-là, Yorgos Lanthimos, n'est pas là pour rigoler. Du moins, jusqu'à ce que La Favorite retourne un peu la table.
Partant sur les bases d'une histoire réelle (la rivalité entre deux femmes à la cour pour avoir les faveurs de la reine Anne, au début du XVIII ème siècle), Lánthimos délivre son film le plus accessible tout en conservant la bizarrerie qui caractérise son cinéma.
Extrêmement satirique, La Favorite tire à boulets rouge sur l'aristocratie et asperge l'âme humaine de son acide. Incroyablement décomplexé, le long-métrage mêle composition picturale blafarde et tonalité libidineuse. À grand renfort de grands-angles, la caméra cloisonne ses personnages dans une prison où seuls le stupre et l'égoïsme trouvent leur place.
Ajoutez-y l'imagerie macabre entourant le seul protagoniste un tant soit peu empathique (Anne) notamment avec les lapins, et vous obtenez une œuvre singulièrement réussie. Lánthimos est une véritable mine d'or pour quiconque a envie de se réinventer (cf. Colin Farrell).
Il frappe très fort en offrant à Rachel Weizs et Emma Stone des rôles à l'opposé de ce à quoi les comédiennes nous ont habitué. Lady Sarah et Abigail jouissent d'une vilénie jubilatoire et/ou écœurante (notamment dans son dernier acte); les actrices fracassent joyeusement la bienséance à coups de dialogues au vitriol et de remarques paillardes.
Mention également de Nicolas Hoult, assez hilarant en jeune comte odieux et dépravé.
Comme je le notai plus haut, Lánthimos n'aime rien tant que subvertir les attentes. Cela se manifeste ici non seulement par l'apparence de sa fable grivoise, mais également avec le personnage de la reine Anne d'Angleterre, finalement le plus appréciable. Olivia Colman (fantastique) ajoute une couche tragique à La Favorite, la monarque étant accablée par la perte, le manque et la solitude. Une figure complexe mais très émouvante, à laquelle Colman confère une terrassante humanité.
À mes yeux, il s'agit du meilleur film de son auteur à ce jour. Incroyablement direct et cruel, simultanément drôle et poignant, il fait l'état des lieux du pouvoir, cette zone de chasse permanente. Film d'époque et pourtant intemporel, La Favorite est une diatribe sans âge, sans fard sans retenue.
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