D’aucuns diront que le film est peu fidèle à l’histoire, mais le réalisateur, n’a justement pas souhaité en faire un film historique fidèle. Il s’agit plutôt de dépeindre les velléités typiquement féminine dont les trois héroïnes de ce film incarnent les carectères. La lutte pour le pouvoir n’est pas l’apanache des hommes, les femmes, si elles n’utilisent pas la force brutale, elles ont les moyens. L’histoire est pleine de ces intrigantes de l’ombre qui savaient mener leurs hommes comme bon leur semblait.
La reine Anne (Olivia Colman), dernière des Stuarts, sans descendance, caractère instable, peut être bipolaire.. ne s’intéresse visiblement pas aux affaires du pays que gèrent la favorite la Duchesse de Marlborough (Rachel Welsz) qui bénéficie de ses faveurs tant dans la gérance des affaires de l’État que dans la vie privée. Mais Abigail (Emma Stone) sa cousine, pas si blonde que cela, ne rêve que de reconquérir sa place au sein de la noblesse.
Les nobles sont falots, incompétents et se livrent à des jeux stupides comme la course de canards ou le lancer des oranges tout en minaudant .. tandis que les femmes mènent la danse. Crimes, empoisonnement, tromperies tout est bon pour Abigail qui ne rêve que de se faire une place .. Elle ne tolérera personne sur sa lancée, pas même les lapins ..
Yórgos Lánthimos filme ses personnages en les rendant plus petit dans un univers immense. Comme s’il souhaitait en montrer la petitesse de leur âme. La distorsion du grand angle pour montrer coté tortueux de leurs pensées, rallonger les couloirs peut être pour symboliser à la fois l’éloignement des personnages. Cette technique un peu particulière se révèle efficace, sur grand écran, elle donne plutôt mal à la tête et devient difficile à supporter. Le film est présenté comme une pièce de théatre, et les personnages y sont dépeint dans leur tristesse et leur absurdité surtout les hommes dont la bêtise n’en rehausse que mieux le coté machiavélique de ces dames.
Les deux femmes ballotent la reine comme une poupée désarticulée que l’on aimerait bien jeter aux oubliettes tout en se rappelant que sans elle, on n’est rien. Si le film parait graveleux et vulgaire, il serait bon de rappeler que les personnages, tout nobles qu’ils soient n’en étaient pas moins des hommes et que si on leur prête une conduite irréprochable et un language châtié, ceci n’existe que dans l’idée que nous nous sommes forger de ce monde. La réalité à l’époque était tout autre.