Votre avis sur La Favorite ?
3,5
Publiée le 3 février 2020
Le cinéma de Yórgos Lánthimos possède autant d’admirateurs que de détracteurs, ces derniers lui reprochant froideur et posture, ne voyant en lui qu’une habile bateleur qui utiliserait l’ironie et le cynisme comme diversion pour faire oublier la vacuité de ses créations. Un point, au moins, est exact : Lánthimos est un manipulateur dont le grand plaisir est de se jouer des codes cinématographiques, cette fois ceux du film en costumes d’époque, puisque ‘La favorite’ raconte la lutte sans merci, au début du XVIIIème siècle, entre la puissante duchesse de Malbourough et sa jeune cousine Abigail Hill pour gagner les faveurs de la reine Anne, dernière souveraine Stuart à la personnalité instable et puérile, rendue à moitié folle par le décès prématuré de ses dix sept enfants. Après le thriller sous-tendu par une logique de tragédie antique, le renversement est ici évident : l’attraction centraledu film, c’est ce triangle amoureux et belliqueux entre trois femmes de tête, tenaces, ambitieuses et dangereuses chacune à leur façon, incarnées par des actrices impeccables. Contrairement à l’image communément répandue, elles tirent les oiseaux, donnent des ordres qui ne souffrent aucune contestation, chevauchent à bride abattue et manoeuvrent sans pitié pour se glisser dans le lit de la reine, alors qu’autour d’elles, dans les alcôves et les petits salons, les hommes, poudrés et emperruqués, s’adonnent à des loisirs insignifiants. Ce duel pour le pouvoir occulte - qui contrôle Anne contrôle l’Angleterre - , qui se joue tout d’abord à fleurets mouchetés et à coup de petites phrases sibyllines, prend vite les allures d’une lutte à mort où tous les coups sont permis : comme souvent chez le réalisateur grec, on ne sait pas déterminer avec certitude où finit l’humour et où commence la cruauté. Il y a toujours de la pose - l’idée de filmer certaines scènes comme à travers une lentille grossissante compose un résultat visuel intéressant mais dont on ne comprend pas la finalité - et au bout d’un certain temps, ‘La favorite’ se cantonne à relancer la machine à coups-bas de manière un peu vaine encore et encore, plus intéressé par la rumeur et le pamphlet que par l’exactitude historique. Pourtant, en observant l’histoire par le petit bout de la lorgnette, en ne rechignant ni à l’humour ni à la trivialité, et en choisissant un sujet qui lui permet de montrer que les grandes évolutions ou les grandes erreurs de l’histoire ont souvent une origine très prosaïque, Lánthimos vient presque de donner une seconde jeunesse à l’oeuvre patrimoniale, l’un des genres cinématographiques les plus poussiéreux et les plus difficiles à apprécier quand on n’a guère d’affinités avec l’histoire.
2,0
Publiée le 4 août 2022
Je n'ai pas du tout accroché au film. Le rythme est lent, le scénario n'est pas intéressant ou du moins, il n'a pas fait mouche pour moi. Les acteurs sont bons on ne peut pas le nier. Olivia Colman joue merveilleusement bien son rôle. Mais ce n'est pas un genre de film qui m'attire. Ça manquait de ce petit quelque chose qui permet de rester accrocher. Je ne le regarderai pas de nouveau.
3,0
Publiée le 10 avril 2024
Je connais peu Lanthimos hormis The Lobster que j’avais vu et peu apprécié car pas compris grand chose. Avec La favorite, j’adhère déjà plus avec une mise en scène assez large et des caméras arrondis qui donnent un visuel que j’adore, le tout avec une soundtrack envoûtante et des acteurs au top. Mais malgré ça, on retrouve toujours ce côté très froid dans les personnages qui m’empêchent de complètement rentrer dans le film. Ce qui est bien dommage car sur la forme, c’est un chef d’œuvre.
2,0
Publiée le 10 février 2019
« Cinéaste fat et creux » aurait écrit un critique des cahiers, d’après un des contributeurs de ce site. Je ne saurais dire mieux, concernant Yorgos Lanthimos. J’avoue qu’il s’agit du premier film de ce cinéaste que je vois. Mais tant de prétention ne m’incite absolument pas à voir ses précédents ! On avait déjà eu droit à Peter Greenaway dans les années 80 et 90 qui s’y entendait dans le boursouflage et l’inanité de pensée ; il semblerait bien qu’il ait désormais un héritier ! Y aurait-il quelque chose à sauver dans La Favorite, exceptées les actrices ? J’en doute ! S’il suffisait d’une photo éclairée à la bougie pour rattraper le Kubrick de Barry Lindon, ce serait trop facile ! Le simplisme de l’ensemble laisse songeur ; la cour d’Angleterre réduite à des alcôves et des petites intrigues, sans aucune finesse ni hauteur de vue, finit par lasser. Sans même évoquer cette sexualité crue mal exploitée par le tâcheron. Mieux vaut revoir Que la fête commence, pour les intrigues à la cour
2,0
Publiée le 20 février 2019
Un film assez déplaisant sur le fond (les humains ramenés à leur animalité, tout ici étant histoire de rivalité) où les afféteries stylistiques du réalisateur (lentille "fish eye" déformant les images, ralentis) témoignent du mépris dans lequel il tient la cour de la reine Anne, en Grande Bretagne, au début du XVIIIe siècle. Reste trois bonnes actrices et un scénario bien construit. Voir ma critique complète sur mon blog : newstrum.wordpress.com
0,5
Publiée le 10 février 2019
Je déconseille ce film d’un cinéaste que l’on essaie de nous faire prendre pour un génie... pas de mise en scène, un barbouillis d’images, des outrances inutiles, bref le degré zéro de l’écriture cinématographique.
4,0
Publiée le 7 février 2019
Le baroque anglais dans toute sa splendeur et sa perversité.

Le film est une synthèse étrange et pénétrante de "cris et chuchotements" et de "meurtres dans un jardin anglais".

Le jeu impeccable des trois protagonistes de cet implacable drame passionnel - impressionnant jeu des grandes actrices Olivia Colman, Rachel Weisz, Emma Stone - est superbement souligné par des décors, des costumes et une photographie somptueux.

La musique, un peu décousue dans ses époques, et les dialogues - délibérément modernes - détonnent un peu.

Au delà de la performance cinématographique, c'est passionnant de découvrir l'intimité de la Reine Anne et de sa cour, tellement hostile à la France et qui la copiait tant. Il reste qu'à Hampton Court on s'amusait manifestement plus qu'à Versailles avec le vieux Louis et sa Maintenon bigote.

Un dernier mot sur les politiques et les officiers anglais, - Godolfin, Harley, Malborough - pantins ineptes dans les serres de ces trois maitresses femmes, mais acteurs touchants du parlementarisme anglais naissant. Les scènes au Parlement sont très intéressantes sur ce plan là aussi.

Pas un chef d'oeuvre mais un très beau film.
2,5
Publiée le 26 juin 2019
2,5 étoiles pour le jeu des actrices et les costumes. Très déçue... scénario mal exploité selon moi.
4,5
Publiée le 20 mars 2019
Génial, limite sportif !!! De joutes verbales en batailles quotidiennes, alternativement gagnées ou perdues, une guerre quotidienne et croissante entre 2 rivales pour les faveurs diverses et variées (pour ne pas dire politiques et sexuelles) d'une reine sacrément instable, perchée, malade, capricieuse et un rien manipulatrice.
Olivia Colman habitée, Emma Stone et Rachel Weisz extraordinaires. Un régal !
anonyme
Un visiteur
5,0
Publiée le 10 février 2019
En un mot: poignant. Les acteurs sont fabuleux, et les costumes exquis pour les yeux. Une belle découverte.
3,5
Publiée le 11 avril 2023
Mais ça c’est les anglais. Ils sont trop chelous (c’était super) l’humour british de toute façon ça marche à chaque fois. La fin m’a rappelé le moment où j’ai voulu essayer de faire des edits avec capcut (un triple fondu enchaîné sérieusement les gars??). TW : Joe Alwyn au beau milieu du casting 5 étoiles je m’attendais carrément pas à la voir jsp ce qu’il fait là il devrait plutôt faire une interview dans laquelle il dit officiellement que Taylor et lui sont bien ensemble et que tout cela était une caméra cachée.
4,5
Publiée le 18 février 2019
C’est une farce tragique à la Barry Lindon, magnifiée par l’éclairage à la bougie et des plans « grand angle » pour nous perdre jusqu’ aux alcôves. Une leçon raffinée et drôle sur les gens de pouvoir, traqués dans leur inhumanité et leurs faiblesses. Cruel et jouissif, on comprend qu’une partie de la critique, habituée aux œuvres de copinage esthétisantes mais vides de sens, ne se retrouve pas dans le film. Ou que trop. On s’en moque, on est emporté par le trio d’actrices au royaume où l’homme est fat ou courtisan.
anonyme
Un visiteur
4,0
Publiée le 6 février 2019
Après Canine, The Lobster et Mise à mort du Cerf Sacré, le réalisateur Yorgos Lanthimos revient cette année avec La Favorite, déjà récompensé par un Golden Globe et nommé pour une dizaine d’Oscars et de Baftas. Le film se déroule dans une Angleterre du 18ème siècle sous le règne de la Reine Anne, soumise à son amante Lady Sarah. Lorsque Abigail, une nouvelle servante fait son arrivée, la relation privilégiée de Sarah avec la Reine est immédiatement mise en danger.

Le réalisateur grec, déjà récompensé deux fois au festival de Cannes, possède un style visuel très particulier qui correspond parfaitement au caractère réaliste, presque brute, de l’intrigue. Le film porte son attention sur la cruauté des jeux de pouvoirs de ce milieu, les dénonçant avec un humour grivois revendiqué. Le décalage constant entre la période choisi et les anachronismes de langage crée un aspect comique insolite tout à fait prenant. Ce ton est également soutenu par l’inversion des rôles traditionnellement masculin et féminin. Le trio d’actrices est absolument remarquable, Emma Stone et Rachel Weisz gravitent de manière redoutable autour d’Olivia Colman, qui nous livre probablement sa meilleure prestation jusqu’à présent. La Favorite ramène sans ambiguïté la question de la sexualité et de ses enjeux dans le genre du film d’époque. L’oeuvre possède pourtant quelques longueurs dans sa deuxième moitié et semble un peu plus fragile dans le dénouement et, éventuellement, la fin de l’intrigue. (lire la suite : https://cultureauxtrousses.com/2019/02/05/la-favorite/)
anonyme
Un visiteur
5,0
Publiée le 28 février 2019
Cette démonstration de l'absurdité du pouvoir, en Angleterre, au XVIIIème siècle, est formidable car elle a quelque-chose d'universel: elle ne cesse de parler de notre monde contemporain. Il a changé d'aspect, de code, et de vocabulaire; mais la courtisanerie dans le but de gravir les échelons y est identique.
Ainsi cette fresque grinçante raconte la chute vers laquelle mène l'excès d'ambition.
Le pouvoir absolu n'est pas synonyme d'épanouissement; et surtout, il se trouve toujours quelqu'un pour être supérieur à l'autre.
"La Favorite" nous raconte ce fonctionnement sociétal des dominants et des dominés, que les humains réinventent perpétuellement; comme si aucun autre schéma n'était possible.
Cette peinture de l'homo sapiens est somptueusement filmée par Yorgos Lentinos. On est emporté dès les premiers instants par la singularité et la beauté baroque de chaque plan, y compris quand ils représentent l'horreur et la décadence du pouvoir.
L'intrigue est littéralement captivante, avec des dialogues férocement drôles et des actrices et acteurs remarquables.
D'une certaine manière, "La Favorite" parle aussi avec justesse de la solitude. La Reine est profondément seule au milieu de ses dorures, et les deux femmes qui se disputent ses faveurs sont seules avec leur ambition; prisonnières de leur perpétuel jeu de stratégie où il s'agit de se trouver au plus près de la souveraine.
spoiler: C'est probablement la dernière séquence, pleine d'ironie et de lucidité sur la condition humaine, qui confirme "La Favorite" en tant que bijou cinématographique: on voit le personnage d'Emma Stone s'apercevoir silencieusement que même avec son statut de favorite, elles est encore une esclave, voire un animal en cage, comme les petits lapins de la Reine.

Ne manquez pas de découvrir cette oeuvre d'art, si riche de sens.
4,0
Publiée le 9 février 2019
‘’The favorite’’ est un film qui porte décidément bien son nom. Déjà auréolée de critiques élogieuses (plus aux Etats-Unis qu’en France) et de prix (prix du jury et prix d’interprétation féminine pour Olivia Colman à Venise), ‘’The favorite’’ est aussi la grande favorite des oscars (10 nominations). Réalisé par le grec Yorgos Lanthimos, le film fait sensation partout où il passe. Voyons les raisons d’un tel succès.

L’histoire prend place au XVIIIème siècle, à la cour de la reine Anne d’Angleterre. La jeune Abigail Masham arrive à la cour pour servir Sarah Churchill, conseillère et amie très proche d’Anne. Tandis que la guerre gronde et que l’opposition incarnée par le parti des Whig monte en puissance, Abigail et Sarah vont entrer dans une féroce concurrence pour devenir ou rester la favorite de la reine Anne. Manipulations, intrigues et rivalités sont au centre de ce film.

Voici un film féroce qui, en ce début d’année 2019 s’annonce déjà comme un des grands films de l’année. C’est un film qui marque les esprits tant par ce qu’il dit que par la manière qu’il a de le dire. En se concentrant en premier lieu sur le fond, on se rend vite compte que ‘’The favorite’’ est un film extrêmement pessimiste. C’est un film sur le pouvoir, sur ses effets et sur la séduction qu’il exerce sur les êtres vivants. Plus particulièrement, c’est son côté addictif et néfaste qui est mis en avant, à travers les trois figures féminines. Le film met en scène avec ces trois femmes trois situations où le pouvoir est à son paroxysme. Commençons par le personnage le plus facile à cerner et donc le moins intéressant du film : Abigail Masham (Emma Stone). La jeune femme est l’archétype même de la petite opportuniste qui grimpe tous les échelons de la société et qui, sous son apparente naïveté cache un esprit machiavélique. Il est toutefois intéressant qu’Abigail, en ayant été victime des abus masculins (et donc du pouvoir) cherche à obtenir le pouvoir plutôt que le rejeter violemment. Ainsi, en montrant la montée en puissance d’Abigail, ‘’The favorite’’ arrive au constat terrible que la seule solution pour les êtres opprimés par le pouvoir est justement de l’obtenir. Par conséquent, le pouvoir n’est jamais définitivement abandonné, simplement transmis d’une personne à une autre (et ses effets sont toujours aussi dévastateurs). ‘’The favorite’’ décrit cela : à mesure qu’une femme monte, une autre descend. Ici, la figure du pouvoir qui vacille de son piédestal est celle de Sarah Churchill (Rachel Weisz est superbe et mérite autant de louanges qu’Olivia Colman). Un personnage d’une grande richesse qui gagne en nuance au fur et à mesure que le film avance. Car Yorgos Lanthimos et ses scénaristes ne montrent pas seulement des monstres de pouvoir, ils savent aussi scruter l’Humain, toujours présent dans ses femmes rongées par l’ambition ou des maux plus graves (on le verra avec Anne). Et l’Humain n’a jamais été aussi ambigu avec Sarah. Méprisant les plus faibles, manipulant la reine Anne pour continuer les atrocités guerrières, le personnage est d’abord présenté sous un jour unilatéral et détestable. Et pourtant, à mesure que le pouvoir lui échappe, à mesure que sa condition se dégrade (représentée par cette balafre), Sarah regagne son humanité. spoiler: Et accomplit en fin de film un acte plein d’héroïsme et peut-être aussi plein d’amour pour la reine Anne
. La reine Anne, d’ailleurs est sans doute la figure centrale du film. Chapeau à Olivia Colman, dont la présence physique stupéfie (encore plus quand on sait que Rachel Weisz est plus vieille qu’Olivia Colman!). Malade, dépressive, ayant fait d’innombrables fausses couches, Anne est la victime du pouvoir qui s’incarne dans son statut de reine. Ne se sentant pas concerné par les affaires du royaume, le personnage préfère s’amuser avec ses lapins et Sarah, comme une enfant qui n’aurait jamais vraiment grandi. Une femme qui n’aurait eu de cesse de vivre manipulée par tout son entourage (Sarah, Abigail et les différents partis politiques qui constituent la cour anglaise) et qui finalement, est désespérément seule. Et les hommes dans cette histoire ? S’ils sont en retrait, ils se prêtent volontiers à ce jeu de manipulation : en particulier le leader de l’opposition Robert Harley (Nicholas Hoult, hilarant sous ses tonnes de poudre et de moumoute) va lui aussi monter en puissance à mesure que Sarah chute.

Mais plus que ses thèmes, c’est la manière de filmer de Lanthimos, ainsi que le ton quasi-burlesque qu’il insuffle qui surprend. Le grec fait de son film un véritable patchwork, mêlant fable et farce, comique et tragique, élégance et bouffonnerie. Virtuose, le réalisateur l’est, parfois même trop (il abuse de coquetteries qui ne renforcent pas forcément l’intensité dramatique, comme par exemple ses fisheyes). La virtuosité caractérise aussi le scénario, notamment dans ses brillants dialogues (on écoute avec plaisir les répliques à fleurets mouchetés que s’envoient Sarah Churchill et Robert Harley). Souvent, on pense à Peter Greenaway. Les deux réalisateurs aiment transmettre une morale de façon, disons… peu conventionnelle. Ils aiment jouer sur le grotesque, en multipliant les manipulations et l’excès (on peut penser à cette scène inouïe où des nobles balancent des tomates sur un bouffon nu). Le risque, c’était de verser dans le gloubi-boulga foutraque et incontrôlable. Il fallait pour le metteur en scène éviter un mépris facile pour ses personnages. Il y parvient, son regard est toujours bien placé et son empathie pour ses monstrueux personnages est là, palpable.

Le regard de Lanthimos sur ces femmes est juste. Il n’est jamais complaisant, ou, à l’inverse, hautain envers ses protagonistes. Cela ne l’empêche pas de réaliser un film jubilatoire, décrivant la dévorante machine qu’est le pouvoir, gangrène du monde.
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