« Le Grand jeu » fait la part belle à Jessica Chastain, c’est un rôle en or au propre comme au figuré pour un biopic où l’actrice est la propre narratrice de l’histoire de Molly Bloom, « Princesse du Poker » qu’elle interprète d’ailleurs royalement !
Et même presque trop bien, car si ce témoignage inspire et intrigue dès le début, tant Jessica est dans la peau de l’héroïne, le fait d’entrer dans un récit très explicatif, suivant un mode assez répétitif et pédagogique au niveau des parties de poker et de leur organisation, ainsi que que du déroulement et des nombreux rebondissements des événements, tout ceci en voix off, fait que le spectateur décroche un peu sur les bords...
Au lieu de vivre pleinement ce qui est vécu, on assiste à une description très détaillée et surtout très récitée qui a au début, tout son intérêt mais le choix de ce procédé finit par mettre le spectateur un peu de côté, un peu comme un ami qui raconte ses aventures de A à Z, avec moult détails en se régalant plus lui-même, que son auditoire qui finit par s’ennuyer !
On reste malgré tout ébahi des sommes mises en jeu, presque écœuré de la facilité dont on les perd ou on les gagne, des magouilles qui s’en suivent, tout ceci étant absolument révoltant et indécent quand pendant ce temps, des enfants ont faim, des femmes et des homme sans avenir n’ont absolument rien pour vivre !
Bien sûr l’enjeu du film est cette Molly Bloom et ce qu’elle représente comme maîtresse femme qui règne sur son tapis vert, une femme à l’intelligence diabolique, aux méthodes inflexibles, huilées et imparables devant laquelle tous ces hommes de pouvoir immensément riches, fondent tout simplement comme le sucre dans un café noir !
C’est bien sûr son histoire, ce qu’elle a vécu au lieu de ce qu’elle devait vivre à partir d’un petit boulot apparemment sans importance et sans conséquences, qui interpelle et qui fascine, laissant pour compte ces joueurs, eux à peine ébauchés...
Comme le dirait d’ailleurs ce Douglas un peu parti, celui qui aime se confier longuement à Molly : un véritable « concours de circonstance » a fait que... !
Et oui !
De fil en aiguille, de dollar en liasse et de liasse en lingot, l’oiseau se fait donc un nid bien doré mais à quoi bon, pour qui et pourquoi ?
C’est donc cette fin que l’on suit d’ailleurs en filigrane depuis le début qui nous pique au vif vraiment, quand on saisit alors la vraie personnalité de Molly, ce qui l’anime vraiment alors qu’elle a justement toutes les cartes en mains pour se laver et rebondir !
Le face à face avec son avocat (Idris Elba) a donc de quoi nous régaler davantage !
C’est alors une autre partie de poker qui devient plus que passionnante enfin, et l’on se dit qu’à cet instant l’actrice est encore plus à son aise rappelant d’ailleurs son excellente prestation dans « Miss Sloane », où elle brillait tout particulièrement !
Et finalement, après une mise en bouche sans doute linéaire et longuette qui aurait mérité plus de piment, le cinéaste et très bon scénariste, Aaron Sorkin opère enfin un revirement efficace et plus palpitant...
Alors l’argent fait-il vraiment le bonheur ?
Pas si sûr... Et pas de quoi en avoir autant finalement !