« Le Grand Jeu » entreprend l’art d’associer les constitutifs d’un biopic aux appuis d’un thriller égal à la veine d’ « Ocean’s Eleven » ou « Insaisissables ». Inspriré d’une histoire vraie, le film se paye judicieusement Jessica Chastain en prêtresse du poker clandestin.
Particularité vu et revue, le métrage lance le sujet en commençant par le début de la fin. Voilà deux ans que Molly Bloom a enterré son commerce de jeux clandestins et qu’elle se retrouve en état d’arrestation. Là où le scénario se démarque avec intérêt, c’est bien sur l’alternance des différents cadres spatio-temporels. Fluide, prenant, intéressant, l’histoire se scinde en deux parties : L’une où Molly Bloom s’entretient avec son avocat pour préparer sa défense, dans un échange équivalent à la durée du film. L’autre se compose de flash-back émiettés déchiffrant peu à peu les faits et les raisons de sa situation.
Au risque de s’encroûter, l’actrice-productrice revient dans un registre qui lui est bien confortable. Même ambiance, même décor et même tribunal que dans « Miss Sloane », rôle d’une rapace d’affaires amplement similaire à ses précédentes prestations, bien que tout le monde adule Jessica Chastain, l’excellence finit par lasser et demande un léger renouveau.
A ses côtés, Idris Elba : « La Tour Sombre », « La Montagne entre nous », « Bastille Day », ect… Et oui, l’acteur rempile lui aussi pour s’assurer un rôle binaire devenu habituel.
Les amateurs et les professionnels du poker apprécieront sensiblement l’intrigue grossièrement orientée vers le jeu. Les parties sont détaillées joueur par joueur, carte par carte, avec des raisonnements supportés par la voix off épineuse de Molly Bloom.
Sur les allégations d’un thriller pacifique, l’enjeu pervers qu’impose la continuité de l’histoire, est d’explorer les dérivés de l’argent facile. Entre complots financiers, mafia et développement d’addictions diverses, le biopic dicte un degré de gravité sans véritable échappatoire. Malgré une combinaison de clés grandiloquente, la dramaturgie dans laquelle sombrent l’actrice et le scénario coûtent cher au métrage, dont le dosage des événements s’attardent à des longueurs inutiles.
Bien dommage, c’est finalement cette jonction entre Jessica Chastain, trop lisse, trop parfaite, et l’histoire vraie de Molly Bloom, une erreur de vie fracassante, qui sonne faux. Le réalisateur rattrape ce faux pas au cœur d’un face à face final entre la protagoniste et son père, dans un envol psychologique explicatif.
Bilan : La conjugaison du parfait et de l’imparfait est un grand jeu scénaristique qui n’a pas été sans quelques couacs… A voir tout de même.
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