Qu'on aime ou pas me MCU, sa formule gavée au pop corn et au consensuel, son équilibre d'émotions tellement cadré qu'il bride ces mêmes émotions, Endgame, qui clôt sans en être le dernier film l'arc narratif Thanos, s'avère un blockbuster ultime, dans sa durée, dans sa déclinaison de son univers.
Pas question évidemment qu'il y ait un pet de travers, Anthony et Joe Russo ont beau avoir proposé certains des plus moments Marvel (notamment le Soldat de l'hiver tout entier, mon préféré entre tous), ils ne sont pas Taika Waititi ou James Gunn, peut-être les seuls avoir su amener leurs héros en dehors des sentiers rabattus. Ça file droit, et devant la tâche énorme de fermer un cercle entamé il y a 22 films, les frères cèdent parfois sur des facilités, des oublis, et se reposent sur des ficelles qui paraissaient déjà grossières auparavant.
En soi, Endgame se veut un best-of, profitant du concept de Retour vers le futur, directement cité, pour revenir sur des moments-clés de son histoire. Mais alors qu'il se permet avec un certain mépris goguenard de mettre par terre les théories du voyage spatio-temporel de Doc Brown, jamais le film ne parviendra à créer un réel enjeu autour de ses péripéties, oubliant jusqu'aux pierres d'infinité dont on vient vite à s'en contrefoutre - hormis quand c'est Scarlett, pardon Natacha Romanov, qui doit s'en emparer...
Dommage donc pour cette deuxième heure, qui vient après une première sans action ou presque mais émotionnellement, humainement, soutenue, et avant une bataille finale, de presque une heure aussi, véritable foutoir jouissif, qui a droit à sa petite séquence féministe, une autre pour les minorités - surtout pas de vagues - et qui, comme prévu, laisse les primo-Avengers faire le taf pendant que tous les autres super-héros viennent faire de la figuration.
Avengers Endgame est le film qui a rapporté le plus au box-office dans l'histoire du cinéma ; normal, il a été pensé pour plaire à tous. Sauf peut-être aux plus exigeants.