Dès les premières minutes, Avengers : Endgame annonce son ambition de conclure l'épopée Marvel avec éclat. Cependant, derrière la richesse de son univers et l’envergure de ses enjeux, le film révèle des faiblesses qui en limitent l'impact, laissant une impression mitigée entre satisfaction et frustration.
L’un des points forts du film réside dans sa capacité à exploiter une décennie de récits pour offrir des moments de nostalgie sincère. Les scènes revisitant des instants clés de l'univers Marvel sont touchantes et apportent une dimension rétrospective bienvenue. Mais si ce voyage dans le temps amuse et intrigue, il se heurte à des incohérences narratives et des explications parfois bâclées qui fragilisent la cohésion de l'intrigue. La mécanique temporelle, censée être le pilier du récit, devient un prétexte à une série de clins d’œil, manquant souvent d’originalité ou de profondeur.
Les personnages, bien que toujours charismatiques, souffrent d’un traitement inégal. Tony Stark et Steve Rogers bénéficient de fins d’arcs narratifs dignes de leur stature, apportant des moments véritablement poignants. À l'inverse, d'autres figures, comme Hulk ou Thor, semblent confinées dans des choix scénaristiques discutables. Hulk fusionné avec Banner manque de l’impact émotionnel attendu, tandis que le Thor comique et déprimé vacille entre le burlesque et l'absurde, ce qui diminue la gravité de son évolution personnelle.
Visuellement, Endgame est indéniablement impressionnant. La bataille finale, en particulier, est un spectacle épique, regorgeant de détails et de moments grandioses. Pourtant, cette débauche d’effets spéciaux tend parfois à surcharger l’écran, rendant certaines scènes confuses et épuisantes. Ce trop-plein visuel dessert par moments la dimension humaine du film, reléguant les enjeux émotionnels au second plan.
Le rythme est un autre point d'achoppement. Alors que l’introduction pose efficacement les bases du récit et que la conclusion offre une certaine catharsis, l’acte médian s’étire inutilement. Les discussions sur le voyage dans le temps et les détours narratifs ralentissent une intrigue qui aurait gagné en fluidité avec une structure plus resserrée.
Cependant, Endgame parvient à maintenir une certaine cohérence dans son immense galerie de personnages. Même les figures secondaires trouvent des instants pour briller, témoignant de l’effort des scénaristes pour équilibrer un casting si vaste. Pourtant, cette profusion de personnages laisse parfois peu de place à une véritable introspection, et plusieurs moments prometteurs manquent de développement.
Le film se termine sur une note douce-amère, offrant des adieux appropriés à certains personnages tout en laissant entrevoir l’avenir du MCU. Bien que ces résolutions soient émouvantes, elles semblent parfois trop calibrées, répondant davantage à une logique industrielle qu’à une nécessité artistique.
En somme, Avengers : Endgame est une œuvre colossale, mais imparfaite. Si elle réussit à captiver par son ambition et son héritage, elle échoue parfois à atteindre le niveau de maîtrise attendu pour un tel final. Une conclusion solide, certes, mais qui laisse un goût d’inachevé.