Le retour de Paul Verhoeven ne sera pas passé inaperçu lors de la session cannoise, le presse ayant été, en grande majorité, conquise par le sulfureux, terme ressortant souvent en rapport à Elle, long-métrage du cinéaste néerlandais. Production européenne, principalement française, acteurs, lieu, langage, Elle se veut le renouveau dans la carrière du metteur en scène, un renouveau principalement géographique, du moins. Fort d’une réputation piquante, à Hollywood notamment, Paul Verhoeven s’emploie ici à dérouler un drame intime, un thriller psychologique mettant en scène une Isabelle Huppert fidèle à elle-même, stoïque, aussi inexpressive qu’expressive, un paradoxe ambulant, un certain fleuron du cinéma français d’auteurs de ces décennies passées. Victime d’une agression sexuelle, victime d’une enfance traumatisante, qu’arrive-t-il donc à cette brave dame? Et qu’arrivera-t-il à ceux qui lui font du tort?
Sulfureux, pourtant, Elle ne l’est qu’assez peu. Oui, si les jambes s’ouvrent, sous la contrainte ou pas, les nombreux ébats qui nous sont servis ne servent finalement qu’à bien peu de choses, si ce n’est peut-être à étiqueter ce thriller se voulant torride. Soyons franc, si la presse semble s’être littéralement extasiée sous les assauts de Verhoeven, il semblerait plutôt que nous soyons confrontés ici à une bluette psychologique pas forcément très incarnée. Isabelle Huppert, tête d’affiche, offre de sa personne, certes, mais peine à incarner la moindre forme d’humanité. C’est sans doute l’effet voulu, mais le manque de relief du personnage fait cruellement à l’idée d’origine. Que celle-ci soit PDG d’une boîte de développement de jeux-vidéos, structure originale au cinéma, n’y changera rien, son personnage n’étant ni joyeux, ni triste, pas même blessé ou même en colère. Une vraie vitre sans teint. Et que penser du reste du casting? Eh bien, Laurent Laffite, dans un registre à contre-emploi, fait ce qu’il peut, sans briller. Il en ira de même pour les autres.
Clairement, le postulat purement torride de Paul Verhoeven ne semble qu’alibi, un prétexte à tenter d’insuffler une certaine passion dans une œuvre dont le versant psychologique peine à éclore tant les acteurs sont distants. Bref, je ne rejoins pas du tout les avis favorables de la presse spécialisée. A vrai dire, je me suis ennuyé. Quand les avis divergent, une fois encore … 07/20