Eh bien, moi, j'ai aimé ! Pourtant, j'avais commencé à préparer le lot d'insultes. Et malgré tout, je pourrai le faire. Mais je ne vais pas faire semblant. C'est sûr que pour la génération de nos parents n'ayant pas connu les Power Rangers à la télé, ça ne va pas plaire. Mais pour les trentenaires nostalgiques ayant gardé leur âme d'enfant, Power Rangers, ça parle toujours aujourd'hui. Produite par le producteur israélo-américain Haim Saban, la toute première saison de la série Power Rangers est diffusée sur TF1 en 1993 dans le Club Dorothée. Cinq jeunes habitant la petite bourgade d'Angel Grove avaient le pouvoir de se transformer en super-combattant pour lutter contre des monstres invoqués par une méchante sorcière. A la fin, l'alien prenait une taille démesurée. Ce qui obligeait les Rangers à invoquer leurs dinosaures respectifs qui, une fois assemblés, formaient le fameux Megazord. Et ce Megazord, je l'avais en figurine et c'était cinq cent balles à l'époque. Si les scènes de comédie étaient tournées par de jeunes acteurs américains ayant plus ou moins disparu de la circulation depuis (sauf peut-être la jolie Amy Jo Johnson, la Ranger rose qui fait un caméo dans le film), les scènes d'action en costume étaient directement récupérées du Japon par Saban. Mais nous ça à l'époque, on ne le savait pas et on s'en foutait pas mal ! De même que pour le casting des Rangers de mauvais goût où on retrouvait un black pour jouer le Ranger Noir ou une asiatique pour jouer la Ranger jaune. Moi, ce qui m'intéressait en dehors des épisodes, c'était les figurines et les histoires que j'inventais, point. Si on a eu des films au cours des années 90 et que la série existe encore aujourd'hui, fallait tout de même oser sortir un film au concept forcément ringard. Dans l'esprit de n'importe qui, les Sentaï, ça fait penser à Bioman, au sketch des Inconnus, aux gentils très gentils, aux méchants très méchants, à des chorégraphies ridicules, des héros en collants et des effets spéciaux tout pourris. Oui mais là, on a une volonté de rafraîchir un peu le genre. Déjà, on a un teen-movie où une bande d'ados a comme point commun d'être en échec scolaire et/ou familial. Et d'avoir un but commun aura le mérite de les ressouder. Les fans de la première heure sont brossés dans le sens du poil. Les prénoms ont été gardés et ça fait plaisir de revoir Jason, Zack et Kimberly. Zordon, leur mentor, une tête enfermée dans une vitre est aussi de la partie comme son assistant le robot homosexuel Alpha. Seulement, c'est bien beau tout ça mais l'action, les transformations, ça arrive quand ? Parce que Rita est évidemment de la partie. Elle cherche à invoquer Goldar son lieutenant. Même s'il n'est pas vraiment ressemblant au souvenir que j'en avais, quand je disais plus haut que les fans étaient choyés, ce n'était pas des paroles en l'air. Passé une période d'entraînement, phase quasi-obligée pour tout film de super-héros (faut forcément revenir aux origines et Power Rangers n'y fait pas exception), ça y est, ils revêtent leurs armures et elles sont plutôt classes. Je les avais vues dans les toutes premières affiches donc ce n'était pas une complète surprise. Bon, par contre, les Patrouilleurs ressemblent à des golems de pierre. Heureusement que Zordon a précisé que c'étaient des Patrouilleurs car je ne les aurais pas reconnu. Normalement si ma mémoire est bonne, ils ressemblent plutôt à des humains en collant gris. Mais je chipote. Le film reste fidèle jusqu'au bout des ongles avec la bataille dans la carrière de pierre. Et le moment qu'on attend tous : le Megazord. Les effets spéciaux sont franchement pas mal. Là aussi, j'ai été agréablement surpris. Sans doute qu'un budget de cent millions de dollars, ça aide. Mais non, je le répète, le film n'est pas ridicule. On peut le voir comme un sous-Transformers. Et encore, est-ce que Transformers, c'est plus intelligent que Power Rangers ? Pour moi, il y a clairement moyen de faire quelques films sympas mais les scores décevants au box-office ont refroidi l'enthousiasme des producteurs. Dommage, dommage, si le film avait été une daube, il aurait cartonné. J'en suis certain. Alors que là, la licence est sans doute mise au placard en attendant peut-être la sortie en vidéo. Peu heureux au cinéma et dans les jeux vidéos, ce "reboot" est un mélange de tradition et de modernité. Il séduira la génération des années 2000 comme celle d'avant. Même si les acteurs d'origine comme Austin St. John, Walter Jones, Amy Jo Johnson, David Yost ou la regrettée Thuy Trang (et même les idiots Bulk et Skull) resteront toujours à part chez moi parce que ce sont les premiers. Si on accepte de ranger nos préjugés, et dieu sait que j'en avais, ben, en comparaison des films sortis à la fin des années 90, c'est franchement pas mal ce Power Rangers. Comme quoi, tout arrive.