Commençons par ce qui fait plaisir (mais alors : TRÈS plaisir !) dans ce biopic d'Elvis : Austin Butler. Ce jeune acteur dont c'est le premier grand rôle donne tout, du jeu de jambes endiablé (n'accusez pas la clim, on a tous chaud lors des shows déments) à la voix de crooner qu'on jurerait celle du King lors des dialogues (et non : ce n'est pas lui qui chante). Il ne ressemble pas à Elvis dans sa dernière partie de vie, mais on s'en fiche un peu : si l'acteur parvient à nous faire "palper" l'idée, la mentalité, le charisme du chanteur, peu importe sa bouille (surtout que celle d'Austin est agréable). Alors disons-le carrément : le King, ici, c'est Austin. En revanche, le style frénétique de Baz Luhrmann, on l'adorait dans Moulin Rouge! et dans Ballroom Dancing (moins connu, mais non moins jouissif !), car il savait le doser juste ce qu'il faut, mais ici : on a saturé de la lessiveuse d'images, de chansons-medley (on écoute vingt secondes, et ça zappe) non stop, des flashes, des lieux et dates à lire pendant qu'on vous parle de dix choses en même temps, sans en étayer aucune ("Pas le temps ! Avance ! Avance !!!"), avec une voix-off omniprésente balourde (on a beau aimer Tom Hanks, on pense que balayer l'ensemble du début de carrière d'Elvis en quelques longs monologues n'est clairement pas une idée lumineuse), avec un écran qui se scinde pour trois fois plus d'images en même temps ("Avaaaaance !!!")... On s'est senti épuisé, complètement épuisé, par la première heure et demi du film qui nous submerge par son montage plus proche du bloubiboulga que de l'hommage à la "fièvre d'Elvis" (ce qui aurait été le cas avec quelques passages ponctuels), avant que la dernière heure se calme un peu. On a même déniché une scène qui est, à notre sens, le parfait exemple du film : Elvis est aux studios de cinéma et parle de ses films, tandis que son manager lui parle avec ferveur de son clip musical de Noël, tandis que sa femme lui parle de sa fille... Personne ne s'écoute, les trois personnages sont un brouhaha qui jette ses idées, on saute visuellement d'un personnage à l'autre sans logique, et c'est à l'image de ce qu'on a eu durant 1h30. On ressort en ayant survolé la vie du chanteur, sur ce, on ne vous conseillera jamais assez la brillante mini-série Elvis avec Rhys Jonathan Meyer (hallucinatoire lui aussi en Presley) qui prend le temps de vous présenter le King sous toutes les coutures (et paillettes) sans qu'on s'y ennuie jamais ! Enfin, on ne sait pas trop quoi penser de l'inclusion du rap moderne dans pareil biopic, si ce n'est qu'on le repère à cent mètres ("Qu'est-ce que cette chanson fiche là ?"). Mais Elvis se rattrape un peu sur sa fin tragique (plus calme) qui expose sans tabou tous les travers du chanteur (une honnêteté qu'on apprécie), une dernière heure plus intéressante. Au final, Elvis nous a déçu (disons-le tout net, car on adore Baz, d'ordinaire), mais pas son interprète. Oh, loin de là. Longue vie au King Austin.