Et hop un nouveau biopic musical, cette fois c'est tombé sur Elvis... avait-il seulement mérité que Baz Luhrmann s'acharne sur son triste sort ? pas sûr.
En fait le film a tout pour être horripilant, déjà il y a Tom Hanks... mais en plus ils l'ont maquillé pour qu'il soit encore plus laid qu'à l'accoutumé. Le genre de rôle qui crie : donnez-moi un Oscar, c'est assez gênant à regarder. Mais en plus c'est un biopic qui suit toutes les étapes du biopic classique et je suis désolé mais j'en peux plus de ces récits d’ascension et de chute, avec les mêmes lieux communs avec la drogue (ici des pilules contraceptives masculines qui lui font pousser des seins), les mêmes scènes qui reviennent avec la femme qui quitte l'artiste lorsqu'il est au plus mal...
On a déjà filmé ça cent fois, pourquoi refilmer ça encore une fois ? de la même manière de surcroit ?
En fait là où le film pourrait paraître un poil original c'est dans un premier temps sur le côté sexuel d'Elvis Presley et dans un second temps sur l'escroquerie qu'il subit tout au long de sa carrière. Sauf qu'au lieu de se focaliser sur ça, qui avait un intérêt, on se retrouve malgré tout avec un film infiniment trop long (le bousin dure 2h40...) qui fait finalement passer ses idées au second plan pour quoi même se taper le truc classique de l'enfance à la mort de l'artiste. Insupportable.
Mais alors il faut m'expliquer l'intérêt de faire narrer l'histoire par son agent qui l'escroque... si c'est pour finalement faire plus ou moins la même chose que d'habitude et surtout ne pas vraiment adopter son point de vue. La fin est d'ailleurs ridicule, plutôt que de jouer sur l’ambiguïté du personnage on te raconte par un texte défilant qu'il était très vilain... peut-on prendre plus son spectateur pour un idiot fini ? Surtout il ne faudrait pas que le spectateur puisse sortir du film sans voir une mauvaise opinion de ce type... C'est ridicule.
En fait c'est un film bordélique, qui n'arrive pas à se focaliser sur ce qui est un temps soit peu intéressant et préfère tirer en longueur encore et encore sur un truc qu'on avait capté depuis longtemps : en fait Tom Hanks il est pas gentil, c'est un manipulateur.
Et même la musique, qui aurait pu être un point fort du film, son traitement est assommant. Lorsque le jeune Elvis écoute des musiciens dans un bar et à l'église, on n'était pas obligé de mélanger le tout dans un montage hystérique (c'est pour bien expliquer à l'audience qui a besoin de textes explicatifs à la fin du film d'où viennent ses influences, on parle quand même d'un peuple qui tire sur des tornades... il faut ce qu'il faut). La musique est bien, laisse la musique. Montre nous le désir des corps suscité par cette musique à fort caractère érotique, mais surtout laisse un peu de temps pour que cet érotisme s'installe, t'es pas à 2min près dans ton film bien trop long pour le peu qu'il raconte...
D'ailleurs même le rapport à la musique est assez cliché, c'est une sorte de transe mystique, ce qui fait qu'on ne le voit quasiment jamais créer et lorsqu'il crée on tombe vraiment dans les pires travers où c'est de l'inspiration divine qui fait qu'il écrit des morceaux comme ça, du tac au tac.
Baz Luhrmann passe finalement plus de temps à excuser Elvis d'avoir emprunté des sonorités venant des communautés afro-américaines de Memphis, qu'à essayer de faire quelque chose de son Elvis qui n'a finalement aucune personnalité... Ah si... il aime sa maman. Ok. cool... je note...
Tom Hanks n'en a pas beaucoup plus, c'est l'agent vénal par excellence. Alors qu'en fait en en faisant le héros de l'histoire, le narrateur, il y avait quelque chose à tirer de ça, en faire un vrai personnage tragique qui malgré son admiration profonde pour sa star, va à cause de son addiction au casino mener Elvis à sa perte...
En fait aucun personnage n'existe, aucun n'a la moindre profondeur. C'est terrible.
Donc en fait le seul truc à sauver, c'est le traitement du pouvoir d'attraction sexuel d'Elvis... enfin surtout au début, après le premier concert ça tourne quand même un peu en rond, les filles se demandant si elles on le droit de ressentir autant de plaisir grâce à lui qu'en prendrait un trentenaire bedonnant à l'annonce de la phase 12 du MCU...
Et finalement je ne comprends même pas ce que veut faire Baz Luhrmann, s'il veut traiter du lien particulier d'Elvis avec son public, fallait axer le film là dessus et pas juste en faire une excuse pour faussement dédouaner son agent de toute responsabilité dans sa mort.
C'est comme si le film avait eu peur d'être autre chose qu'un produit formaté et pour quand même que son audience s'emmerde pas trop (et cacher sa laideur visuelle) décide de faire virevolter la caméra dans tous les sens... C'est juste fatigant, surtout que ça n'apporte rien, on voit juste un type qui tente de meubler...