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    Paterson
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     Kurosawa
    Kurosawa

    591 abonnés 1 509 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 12 février 2018
    On avait quitté Jim Jarmusch dans la nuit de Tanger avec des vampires désespérés et assoiffés, dans une ambiance de fin du monde; on le retrouve dans la ville de Paterson avec ses gens modestes, chacun étant artiste - poète - à sa façon. Après la mélancolie vient donc la douceur d'un présent simple où les jours se ressemblent logiquement tout en étant distingués par d'infimes variations, qui seraient plutôt de l'ordre de l'écriture que de la mise en scène. Autant cette dernière s'en tient à une rigueur extrême dans sa répétition de plans (le travelling sur Paterson quand il longe le bar, la plongée sur le couple au réveil, etc.), autant l'écriture se permet quelques écarts (la panne du bus entre autres) qui ne se soucie toutefois jamais de faire avancer l'intrigue pour l'unique raison que d'intrigue, il n'y en a pas. Le film ne fait que tracer sept jours ordinaires d'un couple qui s'aime et qui essaye d'exister à travers la création, que ce soit la poésie ou la peinture, et les rencontres que fait Paterson, qu'elles soient réglées ou imprévues. Aucun grand bouleversement scénaristique, juste un éloge tranquille de la poésie qui passe à la fois par les personnages et par la mise en scène (les fondus enchaînés qui mêlent le visage de son protagoniste aux éléments de la ville) dans un film d'un calme olympien propre au cinéaste. Dans "Only lovers left alive", la poésie était partagée par deux vampires condamnés à survivre dans un monde en ruine; dans "Paterson", elle circule partout, se partage et permet une communion totale, qui va bien au-delà de cette ville du New Jersey, comme en témoigne le dialogue entre Paterson et un touriste japonais, lui aussi admirateur de William Carlos Williams. En somme, Jarmusch signe un très beau film, apaisant et esthétiquement accompli.
    Soren.K
    Soren.K

    45 abonnés 28 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 24 mai 2017
    Sublime. Voici l'un des rares films où l'on pourrait croire qu'il ne se passe rien, alors qu'en fait il se passe l'essence d'une vie, un quotidien.
    Une répétition incessante de matière, comme un vide que l'on comblerait sans cesse : voilà ce qu'est la poésie. Une manière d'aborder notre vie, en lui conférant un sens nouveau, un émerveillement banal, épuré, tranquille.
    Et quelle beauté de cinéma. Des plans exceptionnels de simplicité, de profondeur, une bande son envoûtante d'à propos, des acteurs dont on dirait qu'ils découvrent eux-mêmes une manière de se représenter les choses, de ressentir, et une réalisation lente, errante, qui est un décor au temps qui passe, une scène d'infini.

    Voici la vie. Dans ses routines, sa simplicité, son utilité, sa délimitation temporelle et sensorielle. Il y a un couple, sans problèmes, unique et singulier comme tous, qui se lève le matin et se couche le soir, et entre temps occupe sa journée à préparer celle du lendemain, par le travail, le mouvement, la pensée...
    Chaque jour la même chose, à une différence près : celle de l'esprit. Paterson est poète. Il écrit. Il nous raconte ses journées, sous un angle toujours plus imprévu, inédit, alors que pourtant tout se ressemble.
    Mais une boîte d'allumette peut évoquer des choses, tout comme les événements monotones d'une ville, toujours nouveaux. La création est à portée de la main.
    Ainsi, tout se répète, le film entier est une duplication, à l'image de la présence nombreuse de jumeaux, à l'image de William Carlos Williams. Tout est duplicité, liberté ,enchaînement, lien. Et le film avance, comme si au montage on avait remis la même scène encore et encore. Pourtant, le film avance, inexorablement vers la fin, vers ce qu'il tend à être : Poésie.

    Qu'est-ce que l'existence ? Une répétition perpétuelle d'actions ayant pour but une survie matérielle, ou au contraire l'apparition soudaine, d'une fleur qui éclot, d'une pensée qui émerge, sensiblement, au milieu d'un cycle perdu : l'apparition d'une convergence, l'élévation d'une idée, d'une nouveauté, d'une action, d'un fait. Tel est le sens que Paterson nous propose. Au milieu de notre quotidien à l'apparence douteuse et ennuyante, que se passerait-il si l'on décidait de décaler notre journée d'une minute, de lui apporter un sens nouveau. Si l'on décidait de ne plus manger de simples céréales, de ne plus boire juste un café, de ne plus utiliser des "allumettes" mais de voir, goûter, sentir à la place des ces choses terriblement banales, une saveur particulière de la vie, admirer en elles l'écoulement du temps, la réalisation d'un moment sempiternel qui cache peut-être tant de choses, comme la définition de l'humanité ou de l'amour.
    Et si l'on décidait de regarder différemment le soleil lorsque l'on se lève, la lune lorsque l'on se couche, si l'on décidait d'insuffler à notre vie, une dimension d'inconnu, en plein coeur de cette répétition infernale ? Si l'on faisait de cette répétition, un art, une pièce, une histoire, dont chaque jour on formerait une particularité, si chaque jour s'écrivait d'une manière semblable, et pourtant unique, pour la simple et bonne raison que l'on pense, ou que l'on écrit, différemment, son histoire, dans notre tête et dans notre coeur ?
    Oui, respirons cet élan de sérénité, de calme, de placidité de l'instant, et voyons à travers Paterson ce que l'on ne peut voir en nous-mêmes, qui nous était peut-être fermé et qui nous ait maintenant certainement, ouvert pour toujours. Poésie, incomprise poésie, majestueuse poésie.

    Ce film est une éloge de la création poétique, une élégance de la manière de vivre, en harmonie avec la réalité qui nous entoure, dans la tranquillité et la tendresse des choses. Simple. Pur. Véritable. La source de la poésie est la première pensée que l'on porte sur chaque chose, que l'on accorde à nos mouvements, à notre vie, comme le goût du café ou de la bière qui reste présent toute la journée dans notre bouche, et que l'on oublie, mais qui reste là, pour nous rappeler que l'on a vécut aujourd'hui.

    Immense bravo à toute la réalisation et à Adam Driver pour ce moment d'honnêteté, poétique, vrai.
    Fiers R.
    Fiers R.

    111 abonnés 444 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 22 décembre 2016
    Paterson. Nom du personnage principal comme de la ville où se situe l’action de ce film éponyme. Petite ville, petit couple, petite maison, petit boulot, petite vie faites de petits riens. La banalité du quotidien d’un quidam est admirablement bien rendue ici avec une certaine poésie qui fait partie intégrante de l’œuvre de Jim Jarmush. Pour ajouter à ce sentiment d’ausculter en toute tranquillité la trivialité de la vie de tout un chacun, « Paterson » est découpé en sept parties représentant les jours de la semaine mais surtout leur monotonie et la récurrence de leur composition pour les gens dit normaux. A ce niveau c’est réussi, mais encore faut-il réussir à transcender le sujet pour le rendre plaisant au spectateur. Sur ce second point, ça l’est beaucoup moins.

    Si ces instantanés de vie développent un certain charme au début du film, ils distillent, plus les minutes passant, un certain ennui poli rarement brisé par une séquence légèrement amusante (notamment celles avec le chien Marvin) ou contenant de bons mots. Ces quelques scènes qui retiennent l’attention ou font sourire ne suffisent pas à pallier à la monotonie générale de presque deux heures de long-métrage. Effectivement, cette platitude et ces répétitions rendent bien la simplicité, la banalité, les petites joies ou les petites peines inhérentes à la vie de n’importe quel citoyen de classe moyenne. La fatalité du quotidien en somme. Mais est-ce pour autant un sujet intéressant à filmer ? Pas sûr, ou alors il faut accrocher à ce rythme nonchalant et être envoûté par la petite mélodie qui s’échappe de ce nouvel opus de Jarmush. Son dernier film en date « Only lovers left alive », tout aussi lent et long, était néanmoins plus hypnotique.

    Le duo d’acteurs principaux, un duo qu’on a plaisir de voir associés (le prometteur Adam Driver et l’iranienne Golshifteh Farahani), tient pourtant le film à flots. Car « Paterson » se laisse tout de même agréablement regarder. C’est posé mais jamais poseur, finement observé mais jamais trop contemplatif ou prétentieux. On a parfois du mal à déchiffrer le ou les symbolisme(s) présents dans le long-métrage (si tant est qu’il y en ait) mais le metteur en scène n’a en revanche pas son pareil pour magnifier et prendre le pouls d’une petite ville anodine telle que celle filmée ici. C’est pétri d’un charme certain auquel on peut finit par succomber mais on peut aussi rester la majeure partie du temps sur le côté.
    Alain D.
    Alain D.

    600 abonnés 3 296 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 11 juin 2018
    Une belle comédie romantique écrite et réalisée par Jim Jarmusch. Son scénario nous conte une histoire, non pas dramatique, mais triste. L'image est belle et le ton intimiste empli de sensibilité. Malheureusement, le rythme est désespérément lent et l'histoire on ne peut plus banale. Procédé scénaristique cher à Jim Jarmusch, en fait, il n'y a pas d'histoire mais une suite de rencontres.
    Heureusement, la présence de Marvin le Bouledogue Anglais, égaye quelque peu les nombreuses scènes à répétition.
    A l'affiche, on pourra savourer la présence de Barry Shabaka Henle dans le rôle de Doc le barman. Si Adam Driver assume bien le personnage principal, Golshifteh Farahani est charmante dans son rôle d'artiste rêveuse.
    Le pitch : Paterson est chauffeur de bus à Paterson, petite ville du New Jersey. Durant ses pauses, il écrit des poèmes, seuls moments d'évasion dans sa va vie peu passionnante et bien réglée. Du lundi au vendredi : réveil à 6H10, quelques mots à son patron dépressif, puis journée bus. Après le travail, quelques mots à sa femme, puis il sort le chien et va boire une bière au bar du quartier.
    Alice L
    Alice L

    169 abonnés 206 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 23 décembre 2016
    Le grand retour de Jarmusch!! Paterson est un film pleins de grâce et de poésie, Adam Driver et Golshifteh Farahani sont à la fois bouleversants, drôles et légers. C'est un film qui sublime le quotidien et donne envie de vivre, un chef d'oeuvre !!!
    elbandito
    elbandito

    349 abonnés 964 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 23 décembre 2017
    La vie de Paterson n’est pas bien palpitante. Il est heureux en amour, sa compagne Laura lui est totalement dévouée, il conduit un bus à Paterson, écrit des poèmes dans un petit carnet secret, il contemple son environnement avec bienveillance et aime son prochain. Jim Jarmusch arrive à retranscrire parfaitement cette monotonie de la vie, simple et sans prétention, d’un couple d’américain moyens, heureux. En revanche, on se demande l’intérêt d’en faire un long métrage aussi exaspérant. Sauf si l’intérêt du réalisateur est justement de dire que l’amour est partout, dans les petites choses anodines du quotidien, que l’essence même de ce quotidien s’imprègne dans tout notre être jour après jour. Et c’est souvent de ces tout petits riens que naissent les plus grands poèmes. La vie de Paterson est en soi un poème, miracle de simplicité. Il n’empêche que le film de Jim Jarmusch est insoutenable.
    traversay1
    traversay1

    3 645 abonnés 4 877 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 22 décembre 2016
    Le dénommé Paterson habite dans la ville de Paterson dans le New Jersey et son livre de poèmes préféré a pour titre Paterson. Comme le film de Jim Jarmusch, bien entendu, qui grappille les petits bonheurs des journées que d'aucuns trouveraient insipides : des rencontres, une conversation dans un bar, des coïncidences troublantes, des mots pour un poème, le regard de son chien. Bref, des petits riens qui sont pour beaucoup dans la fantaisie et le joli sens de l'absurde que cultivent cet orfèvre de Jarmusch. Le très lunaire Adam Driver et la délicieuse Golshifteh Farahani nous guident, l'un au volant de son bus dans les rues de Paterson, l'autre à la maison, dans un univers drolatique mais cohérent, où la répétition d'une certaine routine ne s'avère jamais fastidieuse, loin de là. Car il suffit de peu de choses pour changer la perspective et découvrir de nouveaux détails. La mise en scène de Jarmusch est d'ailleurs formidable sans pour autant être voyante, restant modeste mais oh combien imaginative, filmant souvent les mêmes actions mais jamais de la même façon. Il se dégage de l'ensemble une sérénité et une douceur fantastiques au point que l'on aimerait que le film dure 5 heures, tellement on est bien dans cette petite ville de Paterson avec Adam, Golshifteh, leur bouledogue, les piliers de bar et tous ces inconnus croisés au hasard des situations.
    cosette2010
    cosette2010

    52 abonnés 112 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 30 décembre 2016
    Mais quel ennui mortel ! il ne se passe rien ! Je suis furieuse d'avoir été ainsi trompée par la critique. Jim Jarmusch n'est pas une garantie de qualité. Paterson à une vie totalement sans intérêt, conduit un bus, écrit de pseudo poèmes, vit avec une niaise exasperante qui se prend pour une artiste, sans aucun sens des réalités et il faut s'émerveiller ? Je ne comprends pas ces critiques dithyrambiques... Comment perdre son temps. Je ne suis pas du tout touchée, et pourtant je connais Adam Driver pour l'avoir vu dans Girls. Sans parler des gros plans incessants sur le chien sûrement plus expressif que ses maîtres.... Juste nul.
    Matthias T.
    Matthias T.

    46 abonnés 612 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 21 décembre 2016
    Féru de poésie, j’avais beaucoup fantasmé sur ce film. Malheureusement « Paterson » s’avère être une caricature de film d’auteur où il ne se passe strictement rien, lénifiant au possible.
    Jarmusch ressasse ses obsessions, le scénario se révèle anémique et sa mise en scène, toute en champs-contre-champs, d’une platitude catastrophique. Esthétiquement le jeu sur le noir et blanc séduit certes brièvement, l’affiche peut servir à orner une chambre d’adolescent et Golshifteh Farahani est toujours aussi belle à regarder, mais ça ne suffit pas… A conseiller seulement aux aficionados invétérés du cinéaste, et encore - eux aussi risquent d'être déçus. Sur le sujet de la poésie intervenant dans un contexte inattendu, recommandons plutôt "L'institutrice", le petit bijou de l'Israélien Nadav Lapid, présenté à la Semaine de la Critique à Cannes en 2014.
    Yves G.
    Yves G.

    1 498 abonnés 3 515 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 28 décembre 2016
    Paterson est conducteur de bus à Paterson dans le New Jersey. Chaque matin, il se réveille auprès de sa femme, Laura, aimée et aimante. À ses heures perdues, Paterson écrit des vers libres inspiré de « Paterson », l’oeuvre maîtresse du grand poète William Carlos Williams.

    On ne présente plus Jim Jarmusch, éternel jeune homme au dandysme étudié. Par les thèmes qu’ils traitent (le quotidien d’Américains décalés), par la forme qu’ils empruntent (un noir et blanc stylisé, une BOF très travaillée), ses films ont inspiré toute une génération de cinéastes indépendants américains.

    Sa dernière réalisation est plus apaisée, mais pas moins originale que ses précédentes. De quoi y est-il question ? De rien. De presque rien. D’un homme heureux tout simplement.

    Les gens heureux n’ont pas d’histoire. Fort de cette conviction, Tolstoï avait la sagesse d’ignorer Levin après son heureux mariage avec Kitty pour s’intéresser aux déboires d’Anna Karenine et en faire l’héroïne de son livre. Jarmusch fait le pari inverse : raconter l’histoire du bonheur. Il fait le portrait d’un homme simple, qui ne se pose pas de question. Sa vie est une lente succession de bonheurs banals et quotidiens. Il se lève, va travailler, écrit quelques vers, puis s’en retourne dîner chez lui avec sa femme avant de sortir promener son chien.

    Au point qu’on se demande, l’espace d’un instant, si tout cela n’est qu’une mascarade. Si, excédé par les chatteries de Laura et ses élans artistique ridicules, par son bouledogue horripilant et par son quotidien écrasant, Paterson ne va pas se réveiller de ce cauchemar, éclater la guitare de Laura contre un mur et tuer son bouledogue à coups de santiags. Mais Jarmusch s’est assagi hélas et louche aujourd’hui plutôt vers la zénitude que vers la rébellion.

    Que penser de tant de félicité ? On peut y trouver une immense paix, saluer la délicatesse avec laquelle Jarmusch réussit à peindre le processus poétique, ce processus par lequel le poète fait naître de la beauté dans les vies les plus minuscules. Ou bien on peut trouver le temps bien long (le film dure près de deux heures) et lui préférer, puisque les gens heureux n’ont décidément pas d’histoire, l’histoire de gens plus malheureux.
    gargouy
    gargouy

    1 abonné 36 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 23 décembre 2016
    Je ne suis pas rentré dedans. Regardez la bande-annonce et vous aurez économisé 2h de votre vie et 10€.
    Alors certes, il y a de superbes plans-séquences et une mise en scène sûrement brillante, mais il y avait tellement mieux à faire côté scénario. Et puis franchement, de la poésie ? Même en VO ça sonne creux, des vers libres à foison, à peine dignes d'un collégien. Alors quoi, le poète a une âme d'enfant ? Mais qu'avons-nous fait pour mériter pendant ces 2 longues heures le regard pseudo-contemplatif d'Adam Driver, aussi vide que celui d'un poisson au rayon marée... La Palme de l'ennui.
    Nathalie R
    Nathalie R

    24 abonnés 144 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 14 janvier 2017
    Jim Jarmush a beau être le spécialiste des histoire modernes contemplatives, la vie de Paterson est bien ennuyeuse. Sa routine est sans intérêt tout comme sa poésie. Le couple créé entre Adam Driver et Goldshifteh Farahani sonne faux. Autant regarder la bande annonce qui en plus dévoile presque tous les moments les plus importants du film...
    Voir la critique complète sur mon blog :
    Flaw 70
    Flaw 70

    262 abonnés 422 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 28 décembre 2016
    Jim Jarmush est un cinéaste du calme et de l'introspection. Peut importe l'ampleur de ses sujets ou le genre de ses films, il préférera toujours l'onirisme d'un contexte que l'urgence de l'action. Ce qui le fascine, c'est le quotidien, celui qui régit la vie mais aussi celui qui est dicté par la mort et surtout l'amour. Ces contraintes qui façonnent un individu, modèlent une âme et construisent une vie. Avec Paterson, il arrive à l'apothéose de cette logique et offre une continuation logique à son Only Lovers Left Alive, qui voyait un couple d'immortel surmonter les contraintes de leurs quotidiens qui se voyait bouleversé à mis parcours. Ici, il cherchera à s'intéresser à l'éphémère. Ici le couple est prisonnier du temps qui passe (souvent montré à travers le défilement des jours mais aussi par les plans sur la montre du personnage principal) alors que dans son précédent film, les personnages étaient victimes d'un temps qui n'a plus d'emprise sur eux.

    Paterson a en ça quelque chose de plus concret, plus proche de son spectateur. Le quotidien subit par ses personnages est le nôtre. Il est autant une contrainte qu'il est une forme de sécurité, le couple trouvant une forme de stabilité à travers lui, le danger viendra seulement quand leur structure du jour le jour commencera à être menacé et à évoluer. Car sans repères, qui l'on est ? Qu'est ce qui nous définit ? Pour Paterson, le personnage principal, ses repères viennent de ses influences que ce soit les gens qu'il côtoie, des lieux qu'il fréquente ou des poèmes qu'il lit. Il devient un personnage méta, rien que par le prénom qu'il porte car Paterson est aussi le nom de la ville dans laquelle il vit mais c'est aussi le nom d'un poème de William Carlos Williams, le poète favori du personnage. L'homme, la ville et l'oeuvre vont finir par se confondre et se répondre sans cesse pour apparaître comme une seule et même entité, un phénomène du quotidien. Les trois sont ancrée dans le passé, l'oeuvre est un vieux poème, la ville est en pleine perdition et vit à travers sa gloire d'antan tandis que le personnage refuse d'aller de l'avant. Il ne veut pas se plier au technologie en refusant d'avoir un téléphone portable et le récit s'enclenche à la suite d'un rêve raconté par sa femme. Première scène du film où elle lui parle de son rêve où elle et lui avaient des jumeaux. Paterson croisera beaucoup de jumeaux durant la semaine où on le suit, interrogeant sa peur d'être père mais aussi sa peur de transmettre.

    Sa créativité est intériorisé, ses poèmes sont avant tout pour lui. Un moyen d'affronter son quotidien et de communiquer par lui-même et pour lui-même car en dehors de ça, Paterson est un homme de peu de mots. Contrairement à sa femme, beaucoup plus extravertie et qui fait de son art un moyen de partage parfois proche de la lubie. Sa manière de repeindre toujours les choses, de constamment créer de nouvelles choses ou encore de multiplier les rêves comme vendre des cupcakes ou devenir chanteuse de country. Rêves dont elle se donne les moyens de les accomplir. D'où la peur de Paterson quand elle lui parle de son rêve d'avoir des enfants. Les deux personnages sont l'opposé de l'autre, Paterson est quelqu'un au goût simple, qui ne veut pas faire de vagues alors que Laura est plus soucieuse de ce qui l'entoure et veut pleinement laisser s'exprimer sa créativité. Ils sont différents mais complémentaires ce qui en fait un couple qui fonctionne si bien. Un couple simple, loin des grandes déclarations et qui vit à travers le quotidien et il est admirablement servi par la lumineuse Golshifteh Farahani, toujours très juste, et le formidable Adam Driver. L'acteur dégage un charisme de dingue et une sensibilité impressionnante pour faire véhiculer tout les maux de son personnage. Habitué aux rôles de grands énervés, il trouve un rôle plus à sa mesure ici, Jarmush à compris son acteur et lui offre son plus beau rôle.

    Car Paterson est un personnage qui est défini avec beaucoup de subtilité et il y a une osmose parfaite entre la mise en scène, l'interprétation et l'écriture pour aboutir à cela. Le principal frein qui régit la vie de Paterson est son syndrome post-traumatique. Il suffira que d'un plan sur une photo, la structure presque militaire du quotidien du personnage et la performance meurtri de Driver lors d'une confrontation en fin de film pour comprendre cela. Le film ne cherche pas à en faire trop, ce qui le rend d'autant plus fort et tangible. Comme lorsqu'il parle de la poésie, nourrit des vers libres de Ron Padgett, et de l'art en général. Au fil de ses rencontres, souvent amusantes par ailleurs le film sachant se montrer très drôle et toujours très symboliques, le personnage se rend compte qu'il n'y a rien de particulier à sa poésie. Il est doué mais d'autres sont aussi doué que lui et il ne s'impose jamais comme un génie dans son domaine. Mais à travers ça, le film offre une bonne leçon. Le poète n'est pas un métier ni affaire de talent mais c'est une question de passion. L'artiste n'est pas défini par son art mais par son cœur, son envie de créer malgré l'échec et que le talent est subjectif, il est beau à travers notre vécu, notre quotidien.

    Par ce concept simple, Jim Jarmusch vient de résumer toute l'essence de son cinéma et fait de ce Paterson son oeuvre la plus intime mais aussi la plus profonde. Beaucoup pourraient y voir un film mineur car au final il ne s'y passe pas grand chose alors que tout ce qui fait le cinéaste est dedans. Il atteint ici l'apothéose de son style et offre une oeuvre quasi-parfaite, on déplorera peut être une scène un peu trop grossière en fin de film, celle qui pourrait faire office de "moment de tension". En dehors de ça, Jim Jarmusch offre une mise en scène harmonieuse qui sublime le quotidien de ses personnages, les scènes se ressemblent mais aucune n'est pareille et il arrive avec ingéniosité à transmettre la passion à travers une routine très mécanique. Il transcende son sujet et parvient à construire son film comme un poème, l'onirisme emballe le tout avec une musique enivrante et magnifiquement utilisée. Les jours sont des proses, et les répliques les vers qui les composent. Surtout que Jarmusch à un sens du timing incroyable, ses scènes ne sont ni trop longues, ni trop courtes. Elles s'achèvent et commencent toujours au bon moment se qui rend justice à l'impact qu'elles transmettent. En ça, la conclusion est brillante offrant un sentiment de plénitude agréable tout en nous laissant rêveur sur ce que l'on vient de voir.

    Paterson s'impose très clairement comme un grand petit film. Jim Jarmusch transmet toute sa passion dans son film et parle directement aux spectateurs sur son art mais aussi sur l'art de chacun. Il ne prend jamais de haut et trouve beaucoup de justesse dans cette oeuvre où il y met toute son âme. Une belle déclaration d'amour à l'art en général mais aussi à la vie, qui malgré les contraintes et les redondances reste un halo de douceur et de passion. Servit par un couple attachant et joué par de grands acteurs, Paterson est un film admirablement écrit et mis en scène qui fait indéniablement chaud au cœur sans jamais tombé dans la naïveté tout en trouvant une subtilité et une justesse assez rare sur son sujet qui est en plus assez dense. Formidable réussite et une des meilleures œuvres de l'année.
    poet75
    poet75

    276 abonnés 703 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 23 décembre 2016
    La ville de Paterson, dans le New Jersey, qui sert de cadre à ce film, n'a pas été choisie au hasard par Jim Jarmusch, son réalisateur. C'est là, en effet, que naquit et passa une grande partie de sa vie l'un des poètes américains les plus célèbres, William Carlos Williams (1883-1963). De 1910 à 1951, tout en y exerçant la profession de médecin, il réussit à consacrer une partie de son énergie à sa passion pour la littérature en général et la poésie en particulier.
    Le personnage que Jim Jarmusch fait évoluer dans son film, personnage qui porte le même nom que la ville dans laquelle il réside, Paterson (interprété par Adam Driver), exerce, lui, un métier encore plus prosaïque que celui qui permettait à Williams de gagner sa vie : il est chauffeur de bus. Avec lui, nous parcourons la ville, une ville qui paraît assez sinistre, hormis cependant une chute d'eau qui lui donne un petit cachet touristique. Mais qu'importe ! C'est précisément l'une des facettes les plus intéressantes de ce film que de nous faire percevoir la poésie ailleurs que dans les clichés. Le poète n'a pas nécessairement besoin d'un lac, comme Lamartine, ni d'aucun autre site remarquable, pour donner sa mesure et faire entendre sa voix. Même les réalités les plus triviales, même les objets du quotidien qu'on ne remarque pas, le poète les voit, s'en empare et les transcende. Dans le film, le premier poème de Paterson (qui, on l'a compris, est non seulement chauffeur de bus mais poète) apparaissant à l'écran trouve son origine dans la simple vision d'une boîte d'allumettes. Le poème (comme tous les autres du film) s'écrit sous nos yeux, sur l'écran, pendant que Paterson le rédige dans le carnet qu'il emmène partout avec lui. Même au volant de son bus, avant de se mettre en route, il écrit.
    Il écrit certes, mais pour qui ? Qui connaît ses poèmes ? Qui les lit ? Qui les appécie ? Sa femme Laura (Golshifteh Farahani), bien sûr, celle qui partage sa vie, celle qui est l'inspiratrice et à qui sont destinés tous les poèmes. Celle qui croit en lui, en son talent et qui le supplie de photocopier ses œuvres au lieu de ne les conserver qu'en un seul exemplaire dans ses carnets. Celle qui enchante le quotidien non seulement par sa beauté, non seulement par ses talents culinaires de faiseuse de savoureux cupcakes mais aussi par ses compositions, par ses décors de noir et blanc des plus somptueux.
    Le film, lui aussi, est somptueux et il se savoure malgré son apparente monotonie, le réalisateur se contentant d'égrener chacun des jours d'une semaine. Chaque journée paraît semblable à l'autre, c'est vrai, et, pour une fois, on a affaire à un récit dénué non seulement de drames mais de tensions. Le couple formé par Paterson et Laura donne le sentiment d'une belle harmonie. En contrepoint, certes, le réalisateur met en scène une histoire de couple qui se sépare, dans le café que Paterson fréquente chaque soir, mettant ainsi à profit, si l'on peut dire, la balade qu'il se doit d'accorder à Marvin, son bouledogue jaloux et facétieux. En vérité, même cette histoire de couple qui se sépare n'apporte pas de véritable tension dans le film. Le seul véritable drame, en fin de compte, vient dee celui qu'on n'attend pas et il prend, lui aussi, des allures de farce !
    Jim Jarmusch a réalisé un film d'une grande simplicité, une simplicité telle qu'elle provoquera peut-être de l'ennui chez certains spectateurs. D'autres n'y décèleront que de la vacuité (c'est le mot qu'emploie le critique d'un site spécialisé dans le cinéma). Pour ce qui me concerne, bien au contraire, j'ai été profondément touché par les personnages de ce film et j'ai été conquis par le ton adopté par le réalisateur. Bien loin de m'ennuyer, j'ai trouvé dans cette œuvre l'inestimable goût de la poésie, ce goût qui m'a irrésistiblement séduit lorsque j'étais enfant et qui ne m'a jamais quitté. 9/10
    JimBo Lebowski
    JimBo Lebowski

    400 abonnés 1 080 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 25 avril 2017
    Un film apaisant où on se réfugie littéralement dans cette petite banlieue du New Jersey, il y a une certaine douceur dans le rythme et le ton poétique, le cheminement routinier jour après jour, des rues réveillées par les premières lueurs du soleil à la façade éclairée de néons d'un bar qui a le blues, je m'y suis senti plus que bien. Le personnage de Adam Driver devient extrêmement touchant par sa simplicité et son caractère flegmatique, on le suit pas à pas et le redécouvrons sans cesse, comme il semble d'ailleurs lui-même percevoir de nouvelles choses dans son environnement au quotidien, il se passe clairement un truc sans qu'il ne se passe paradoxalement pas grand chose, c'est le gros coup de Jarmusch, remplir la page vide. On se dit que le réalisateur ne va tout de même pas créer une boucle dans une boucle sans qu'un bouleversement n'arrive et brise l'ordre établi, on guette, et en fait non, ou presque, l'anti-spectaculaire à l'état pure et ça fonctionne complètement. À côté de ça je pense que le film est moins sommaire qu'il n'y parait, je n'y croirais pas, rien que cette relation, soi c'est moi qui fabule ou soi tout le monde l'avait compris (je ne sais pas), sans compter le running gag des jumeaux ou la fin, il y a du surréalisme là dedans, mais ça n'est jamais grossier ou encore pire, expliqué.
    Excellent moment avant tout.
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