Paterson c’est une ville moyenne du New-Jersey, ancienne plate-forme ouvrière sur les bords de la rivière Passaic et ses chutes impressionnantes…Paterson est aussi le nom du héro du film de Jim Jarmusch, interprété par Adam Driver, chauffeur de bus d’une trentaine d’années, qui même une vie plus que réglée auprès de sa femme Laura ( la magnifique Golshifteh Farahni) , plus fantasque et qui multiplie projets de décoration, avec une préférence pour le géométrique et le noir et blanc, fabrication de cupcakes ( eux aussi noirs et blancs) en espérant ouvrir sa boutique, et initiation à la country music …les accompagne le chien Marvin, horrible bouledogue anglais…au jeu très expressif…l’originalité est que Paterson écrit des poèmes sur un petit carnet qui ne le quitte jamais, qu’il ne partage que très peu y compris avec sa femme pourtant très admirative…c’est un film où il ne se passe pratiquement rien, la ville est banale, larges avenues quasi désertes, magnifiques bâtiments de briques rouges survivance du passé industriel…nous suivons Paterson le long d’une semaine, son réveil à 6h15 dans les bras d’une Laura alanguie, ses vêtement pliés soigneusement sur la chaise, son breakfast aux céréales aux motifs circulaires qui rappellent les motifs de l’abat-jour de la cuisine, le dossier de la chaise…, son départ vers le centre des bus, l’insignifiant dialogue avec son collègue, son retour le soir, la sempiternelle promenade du chien et l’arrêt au bar…avec sa démarche de grand escogriffe au visage un peu lunaire….dans son bus il aime à capter au vol des bribes de conversations, comme cette jeune étudiante qui raconte le destin de Gaetabo Bresci, anarchiste italien qui vécu à Paterson avant de retourner en Italie assassiner le roi Humbert 1er ….de temps à autre , il couche sur le papier quelques vers, d’une poésie atypique, imagée, sur des sujets de rien, comme une boite d’allumettes Ohio Blue Tip…la ville n’ayant sans doute plus de futur, Paterson et le jovial Doc le patron du bistro où il s’arrête chaque soir, égrènent les personnages qui ont fait Paterson, Allen Ginsberg, le poète de la Beat Génération, William Carlos William, médecin et poète, l’inspirateur de Paterson…Lou Costello acteur humoriste et duettiste avec Bud Abbott qui a statue et square à son nom à Paterson…d’aucun pourrait s’ennuyer dans ce film, où les jours se suivent et se ressemblent, mais la poésie est dans la beauté de chaque chose, dans ces gros plans sur un verre de bière ou un bol de céréales, dans ces paires de jumeaux ou jumelles que Paterson croise dans son bus, beaucoup de simplicité et d’humour dans cette caméra qui effleure les murs de briques rouges, la rivière et ses chutes, l’agencement amoureux des silhouettes de Paterson et Laura au réveil …Et tout cela donne au final un film très zen !!!