Comme l’a souligné l’internaute cinéphile tony-76, tout a été dit sur cette œuvre intemporelle. En grand admirateur de Stephen King, Frank Darabont a adapté un roman de son idole. Je ne ferai aucun commentaire sur la qualité de l’adaptation, pour la bonne et simple raison que je n’ai pas lu le livre. Seulement quelle baffe on se ramasse ! Oser traiter la sanction suprême, pour parler de l’erreur judiciaire, en admettant le fait que les apparences (voire l’évidence ?) sont parfois trompeuses… il fallait le faire ! Et Frank Darabont l’a non seulement fait, mais il en a fait un chef-d’œuvre en signant un long, un très long métrage de 3 heures, et dont la longueur n’est en aucun cas une entrave. En effet, l’humilité, le respect, l’humanisme, et une dose de fantastique sont les ingrédients qui parsèment ce film. Bien sûr, cela est dû aussi à l'incroyable, l'époustouflante, l'immense performance de Michael Clarke Duncan, au physique hors norme, mais qui déborde de douceur et de gentillesse, confirmée par une belle gueule d’ange. Tout y est : le faciès, l'expression du visage, le regard, les paroles, tout. Et que dire de Tom Hanks ? Toujours juste dans son interprétation, y compris lorsqu’il parvient enfin à uriner, moment où nous sentons à loisir son sentiment de soulagement auquel nous compatissons totalement. Même sa doublure Dabbs Greer interprétant Paul Edegecomb dans ses vieux jours est des plus touchants. David Morse semble un peu plus en retrait, son personnage voulant ça. L’ensemble du casting est excellent, et pourtant peu de personnes parlent de Doug Hutchinson, véritablement bluffant dans son rôle de Percy Wetmore, jeune gardien de prison qui déteste au plus haut point les mécréants condamnés à arpenter le couloir de la mort. Dans le film, il se met à dos bien sûr les détenus, mais aussi ses collègues, se croyant intouchable en fils à papa aux relations haut placées. Et nous… eh bien nous nous plaisons à le détester, tant et si bien que nous nous surprenons à vouloir le molester, d’autant plus qu’il en arrive même à avoir la gueule de l’emploi, et c’est avec une certaine délectation avouée qu’on assiste à sa déchéance. Tout le casting est irréprochable, le scénario nous concerne tous, la façon de filmer est de haute volée, la photo très réussie, et la musique, pourtant très discrète (si discrète qu’on se demande presque si elle a été utilisée), accompagne merveilleusement bien le film en renforçant efficacement les moments d’émotion. Il en résulte un film inoubliable, à découvrir et à redécouvrir, d’une telle intensité que cela en fait l’un des drames les plus puissants qui existent. Pas étonnant que ce film fasse l’unanimité… Et pourtant, "La ligne verte" n’a remporté aucun Oscar en 2000, ce qui est une grande injustice, mais la concurrence devait être bien rude.