Il faut des balls pour remaker West Side Story (selon moi la meilleure comédie musicale que le cinéma ait offert), mais Steven Spielberg vient donner une leçon à absolument tout le monde pour surpasser l'original, mais en plus accoucher d'un de ses tous meilleurs films !
Un exploit pas si surprenant quand on sait qu'un des plus grands réalisateurs du monde s'attaque à une oeuvre dont le fond est encore plus pertinent aujourd'hui.
De ce Roméo et Juliette sur fond de guerre raciale, Tony Kushner (Munich, Angels in America) décuple tout son impact et son discours politique, brillament mis en image par le maestro lui-même.
En résulte une nouvelle version absolument meilleure en tout : émotion, acting, visuels (Kaminski qui livre unde ses plus beaux travaux en terme de photographie), choregraphies (Justin Peck ce sorcier !)...
Alors évidemment toutes les musiques cultes de Berstein et Sondheim sont là, mais réorchestrées par Randy Newman et surtout mieux implémentées au récit ainsi que mieux mises en scènes (on a d'ailleurs des changements de lieu, d'interprétation et d'ordre de séquence).
Il faut par ailleurs se pincer sur de nombreux numéros, qui sont de purs moments de grâce filmiques (America, l'intro avec l'hymne Jet, Cool Boy ou la séquence de bal au gymnase sont de grands moments de cinéma). D'un point de vue purement technique, c'est un travail de précision chirurgicale et facilement dans le Top 3 de ce que Spielberg nous a offert en terme de virtuosité et maîtrise de plans.
Contrairement au film de 61,pas de colorisme, on a une exactitude culturelle, un casting diversifié et surtout absolument remarquable (tout le monde danse, chante et joue comme des cadors).
Ansel Elgort (qui fait très bien le job et chante très bien) est peut-être un peu en-dessous du reste (mais la direction de son personnage veut cela).
Rachel Zegler (dans son premier rôle), de son aura virginale et angélique est parfaite en Maria (on croirait une princesse Disney qui prend vie tiens tiens), Ariana DeBose est incandescente de charisme et de talent en Anita (pas étonnant quand on a joué dans Hamilton il faut dire), tandis que David Alvarez (Bernardo) et Mike Faist (Riff sont 2 révélations (parfaits en tant que chef de leur gang respectif).
Rita Moreno (qui avait eu l'Oscar en jouant Anita) revient dans le rôle féminisé du Doc, et même à 90 piges livre une des plus touchantes performances de l'année.
Au final, sa seule limite est d'être un remake (donc la même histoire), mais conté différemment, appuyant sa charge politique et sociale (l'intro aérienne est sur unWest Side grisâtre et en ruine, près à être gentrifié contrairement au panorama de Manhattan pour le film de Wise).
Virtuose, émotionnel,brillamment interprété, exécuté avec génie, on tient là le chef-d’œuvre de 2021 et le meilleur Spielberg depuis 2006 (voire 1998) !
Un film marquant de son auteur, et n'ayons même pas peur des mots : la meilleure comédie musicale que le cinéma ait offert !