(...) Si l’interprétation de Julianne Moore est solide, le film en revanche l’est nettement moins. On évite la sensiblerie mais on tombe forcément dans la sensibilisation. Normal, avec un sujet aussi grave. Le film devient par moments une sorte d’appel aux dons afin de trouver un remède à la maladie dont il traite. On voit venir les scènes émouvantes à des kilomètres et on sait pertinemment quand le public sera supposé avoir les yeux humides ou se lever en criant « I’m mad as hell and I’m not gonna take it anymore ! » (pure référence cinéphile). Alec Baldwin, que j’apprécie pourtant beaucoup, a le potentiel dramatique d’un camionneur dans un restoroute. Il est fade et décevant. Quant à Kristen Stewart, aux commandes de Lydia, elle revient dans un rôle à la Sils Maria, en jeune comédienne un peu paumée qui tente de percer, soutenue par une femme plus âgée (c’était Juliette Binoche chez Assayas, ce sera finalement sa mère malade ici). Et elle semble définitivement plus à l’aise en lecture de textes qu’en incarnation. A force de se répéter, elle pourrait bien gâcher un talent d’actrice qui doit encore se révéler (pour effacer un peu son image Twilight).
Julianne Moore est la seule qui soutienne vraiment le tout donc. Si on ne devait retenir qu’une seule scène, celle qui résumerait le film et le rendrait digne d’attention, ce serait en effet ce dialogue entre Alice et elle-même, alors que celle-ci, déjà très diminuée, regarde une vidéo d’elle-même enregistrée quelques mois plus tôt sur son laptop. C’est à cet instant qu’on prend conscience de ce que « perdre son identité » signifie : se parler à soi pour sauver les derniers morceaux brisés d’une vie. Julianne Moore face à elle-même, toute la puissance de Still Alice. Le film d’un seul personnage, qui à la fin ne sait même plus qu’il en est le héros. Les Oscars vont apprécier.
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