Pourquoi n'ai-je pas découvert Emmanuel Mouret avant, c'est exactement le cinéma que j'aime. En fait je trouve le film admirablement bien écrit, parce qu'au début tout très vite, Clément est amoureux d'une actrice et un concours de circonstance improbable en quelques minutes de film il arrive à vivre avec elle et à filer le parfait amour. Et c'est là que c'est fabuleux parce qu'on sent, rien que dans la mise en scène qu'un coup de téléphone va être l'élément perturbateur de toute cette belle histoire.
L'élément perturbateur c'est Caprice. Elle est jouée par la merveilleuse et délicieuse Anaïs Demoustier et je tiens à dire que n'importe quel autre film son personnage aurait juste été flippant, un tarée amoureuse d'un mec et qui refuse absolument de le laisser tranquille, mais que là Mouret en la filmant arrive à retirer absolument tout le côté glauque. Elle est juste pétillante et mignonne, elle ne veut que de l'amour et rayonne de bienveillance ce qui empêche toute mauvaise interprétation de son personnage.
Même si je reste persuadé que s'il était joué par quelqu'un d'autre que Demoustier ça n'aurait pas forcément fonctionné.
Et j'ai aimé la manière avec laquelle Mouret prend le problème à l'envers, souvent le personnage tenté par l'adultère n'est pas une relation idyllique avec la femme de ses rêves et c'est justement la femme de ses rêves qui vient le tenter. Le personnage doit donc en général faire une choix, la femme de ses rêves, soit sa vie bien rangée.
Là, le personnage de Mouret vit avec la femme de ses rêves et une fille débarque dans sa vie et vient semer le trouble. Donc forcément il n'y a pas de dilemme, il préfère le personnage joué par Efira (ce qui est une faute de goût à mon humble avis) et pourtant le trouble s'installe quand même.
En fait c'est un beau film sur le choix, lorsqu'on se met en couple on peut le faire pour tout un tas de raisons, mais ce qui le rend solide c'est lorsqu'on fait le choix d'être avec cette personne alors qu'on aurait pu faire un autre choix. Et donc ce qui commence par une comédie romantique avec un héros grand rêveur et un peu burlesque se termine avec un côté doux amer où il faut choisir entre deux femmes merveilleuses et choisir c'est renoncer.
Vraiment je trouve la extrêmement belle et touchante parce qu'elle arrive à saisir ce que c'est que ce renoncement, le fait de laisser quelqu'un derrière soi de, malheureusement, choisir de ne plus le voir.
Venant d'enchaîner Vénus et Fleur du même Emmanuel Mouret filmé plus d'une décennie plus tôt avec Caprice, on sent que là on a un film avec un propos beaucoup plus mature, rappelant finalement un peu celui de son dernier film : Les Choses qu'on dit, les choses qu'on fait.
Il faut choisir, on a beau aimer, à un moment donné il faudra choisir, et choisir, c'est renoncer.