Emmanuel Mouret est un réalisateur qui a son style, c’est certain, et c’est heureux. Après il ne se renouvelle peut-être pas beaucoup d’un film à l’autre, on peut le regretter, mais quand on tient une recette qui marche.
Sans être son meilleur film on retrouve dans Caprice les arguments des films du réalisateur. En particulier sa capacité à s’entourer de superbes actrices ! Ici Efira et Demoustier, pleines de charmes bien sûr, mais au jeu aussi précis, sobre, quoiqu’un peu théâtralisé, mais ça c’est la marque de fabrique de Mouret. Si Efira est très correcte, Demoustier s’empare cependant de la vedette, en livrant une très belle prestation, subtile, fine, fort appréciable. Emmanuel Mouret est égale à lui-même, réendossant un personnage à la Gaston Lagaffe auquel il ressemble d’ailleurs, dans un style moins gaffeur quand même ! Il joue bien. Des seconds rôles de qualité viennent émailler l’arrière-plan. Les personnages sont bons mais peut-être un peu convenus par moment.
Le scénario profite de la poésie habituelle du réalisateur, avec cette capacité en quelques riens de créer une ambiance de conte moderne, poétique et optimiste. Après, il est clair que c’est plus cette capacité à séduire qui fonctionne, que l’histoire en elle-même, assez classique, et manquant d’enjeux. C’est vrai que Mouret fait souvent des films avec presque rien, mais là il force peut-être un peu quand même ! Reste qu’avec ce presque rien il tire un métrage doux-rêveur plaisant, et il offre à voir le monde sous un angle très personnel que j’ai apprécié. Cela tire évidemment le film du risque de la banalité.
Visuellement Caprice est typique du style Mouret. Mise en scène légère, photographie et couleurs soignées avec un charme indéniable dans les plans vaporeux et éthérés, les décors sont simples mais le réalisateur tire le meilleur parti de cette simplicité. Clairement Mouret propose sur la forme la même chose que sur le fond. C’est-à-dire beaucoup de sobriété a priori, mais travaillée, recherchée, et une belle poésie se dégage, le tout servi par une bande son des plus agréables.
Sans être le meilleur Mouret donc, à cause d’un scénario quand même très limité, on se retrouve face à un beau moment poétique et romantique, avec un vrai style personnel, et dans le convenu d’aujourd’hui c’est vraiment rafraichissant. 3.5.