Après le succès retentissant d'Intouchables, le manque d'enthousiasme autour de Samba a été déconcertant. Surtout qu’il s’agit selon moi de la plus belle histoire racontée par le duo Nakache et Toledano. Ce long métrage traite d’un drame social qui est celui d’un sans papier menacé d’expulsion. Toutefois, plutôt que de faire pleurer dans les chaumières, les réalisateurs ont choisi un chemin plus difficile mais infiniment plus touchant celui de la comédie. Faire rire le spectateur en lui racontant une histoire tragique et en présentant la détresse d’un homme, c’est bien là le challenge de Samba. Pour y parvenir il fallait de l’intelligence certes, mais aussi de la pudeur.
La pudeur de ne pas aller trop loin dans les clichés, de ne pas trop en montrer, de dévoiler les personnages et leurs failles sans pour autant les rendre pathétiques, au final ce film est constamment sur la corde raide et pourrait basculer à tout moment soit dans le drame soit dans la parodie. Au final, le talent des réalisateurs mêlé à la justesse du casting permet à ce film de garder l’équilibre.
Samba, c’est l’histoire d’un Sénégalais entré illégalement en France. Alors qu’il travaille depuis 10 ans à Paris et qu’il vit avec son oncle, un vieil homme doté d’un sacré caractère, Samba est arrêté et risque la déportation. Pour l’aider à rester sur le territoire, une jeune étudiante en droit qui travaille pour une association d’aide aux sans-papier et une femme à côté de ses pompes victime d’un burn out qui tente de se reconstruire lui viennent en aide. Un lien très fort va se construire entre Samba et cette dernière. Alors qu’il continue de travailler malgré l’ordre de quitter le territoire, le héros de cette histoire rencontre un autre immigré clandestin du nom de Wilson. Celui-ci va devenir son meilleur ami. Beaucoup plus exubérant et toujours partant pour faire la fête, Wilson et Samba forment un super duo.
Au final ce film c’est bien sûr l’histoire d’un clandestin, mais c'est aussi l’histoire d’une jeune étudiante qui travaille pour 480 euros par mois, un peu roots et révoltée. C’est également l’histoire d’une cadre qui après des années de bons loyaux services dans une grande entreprise finit par péter les plombs. Mais c’est aussi l’histoire d’un immigré Algérien qui a compris qu’en se faisant passer pour un brésilien la vie serait plus facile pour lui. Enfin, c’est l’histoire d’une association d’aide aux sans-papiers remplie de femmes de bonne volonté qui tentent d’aider des personnes dans le besoin. Pour finir, Samba c’est aussi un autre visage de la France, celle qui ne connaît pas les 35 heures ou les droits sociaux, celle où un sans papier travaille toute une nuit comme vigile pour 50 euros, une France qui ne connaît pas la crise car les secteurs pénibles recherchent des profils comme celui de Samba. Au final si ce film nous fait rire, il a aussi de quoi nous faire pleurer, c’est un très bel hommage aux invisibles sur qui personne ne lève les yeux.
Pour incarner les personnages de cette comédie, Olivier Nakache et Eric Toledano ont fait appel sans grande surprise à Omar Sy qui s'est véritablement surpassé pour les besoins de ce film. Pour incarner une trentenaire en plein burn out, c'est à Charlotte Gainsbourg que les deux réalisateurs ont fait appel. Enfin dans le rôle de Wilson on retrouve Tahar Rahim et enfin Izia Higelin pour incarner l'étudiante en droit.