4,5
Publiée le 7 octobre 2014
C'est impossible de parler de Mommy sans en réduire l'impact. Les émotions débordent le cadre des mots, les sensations vaporeuses ne se laissent pas attraper en quelques voyelles ou en quelques consonnes, Mommy est un film qui dépasse le cadre de l'explication posée, il y a ce qu'on peut en dire, il y a ce qu'on peut en écrire, il y a les résumés qu'on peut en faire ou les avis qu'on peut en donner mais rien, jamais rien, ne permettra de rendre la nuance, la richesse, la profondeur, la beauté, la violence, l'humanité, les sentiments, tout se mélange, explose, devient poussière et se dissipe entre les mots, toute l'essence du film se faufile entre ce qu'on en dira et ce qu'on en a ressenti, jusqu'à ce que les larmes vous pétrifient, par surprise, sur Céline Dion ou sur le choix entre une tarte ou un crumble.

Toute tentative de rationalisation est vaine parce qu'elle est vouée à l'échec. Tout explication posée et argumentée ne sera qu'une trahison de tout ce que vous avez pleuré, ri. Mommy est de cette race, rare, de cette race dont les mots ne suffisent pas. Vivez Mommy. Célébrez Mommy. Eprouvez Mommy, laissez les émotions s'envoler, laissez les flotter en vous, laissez-les s'insinuer, laissez leur une place, sans jamais chercher à les réduire, à les nommer ou à les classer, et puis regardez la lumière qui les traverse : c'est sombre, c'est lumineux, c'est infiniment triste, c'est prodigieusement drôle.
4,0
Publiée le 4 novembre 2014
Rarement les notions d'objectivité et de subjectivité se sont aussi bien cristallisées autour d'une œuvre.

Parler de Mommy est, en ce qui me concerne, un travail complexe. Dire que je n'ai pas aimé le nouveau Dolan serait un mensonge ignoble, mais clamer que je l'ai adoré le serait également. Disons simplement que c'est un film qui ne m'a pas parlé. Je ne me suis pas senti proche de ces personnages pourtant magnifique de complexité. Simplement parce qu'ils leur manquent une âme. Une âme cinématographique, un concept inventé sur le moment pour écrire cette critique, est l'idée que la construction d'un personnage est tellement poussée, que celui-ci devient réel, ou du moins, qu'il semble l'être. Et lorsque j'observe ce spectacle plein de lyrisme qu'est Mommy, je ne retrouve pas cette touche de réalité, qui m'avait tant impressionné dans ses films précédents.

Parce que Mommy est un poème. Un poème grandiose emplit de violence, et une réussite totale d'un point de vue cinématographique. La réalisation de Dolan est sublime, et tous ses partis pris artistiques servent son œuvre de manière époustouflante. Les acteur ne sont pas en reste et délivrent une performance réellement impressionnante, en totale adéquation avec le génie de ce jeune réalisateur. Vous le voyez bien, Mommy est objectivement un excellent film. Un magnifique poème sur l'amour conflictuel d'une mère et de son fils, mais là est mon problème. C'est un poème. Et les personnages d'un poème, n'arriveront jamais à me captiver, car ils finissent forcément par devenir de simples instruments, au service des mots de l'auteur.

Votre poème reste tout de même grandiose Mr Dolan.
4,5
Publiée le 8 octobre 2014
Un drame intimiste extrêmement prenant. Xavier Dolan faire vivre ses personnages de bout en bout grâce à 3 extraordinaires acteurs et à des choix de mise en scène très justes et originaux (l'utilisation de l’extrêmement rare format 1:1 pendant la quasi-totalité du film offre une impression de claustrophobie parfaitement adaptée au sujet et le choix d'élargir l'écran pour quelques plans est très audacieux et significatif). Une fois que l'on s'est adapté à l'utilisation du joual (une forme de français originaire de Montréal), les rapports entre cet enfant difficile, cette mère aimante mais dépassée par les évènements et cette voisine bègue et généreuse nous passionne en évitant (chose très difficile vu le sujet) tout misérabilisme. A la fin de la séance, on est d'ailleurs surpris de voir qu'il s'est écoulé 2H15 alors que l'on pensait que le film avait à peine duré 1H30. Y a-t-il de meilleures preuves à la réussite d'un film ?
4,5
Publiée le 2 décembre 2014
Le film était l'un des favoris lors du dernier Festival de Cannes et il avait sacrément tapé dans les yeux du jury qui lui avait attribué le Prix du Jury. Il faut dire que tout cela est loin d'être galvaudé pour un film intense qui vous frappera par toute sa splendeur. Le film nous plonge en 2015 en plein coeur du Canada francophone. Une loi vient d'être votée au Parlement permettant aux parents en difficulté financière, sociale ou morale, d'abandonner leur enfant au profit du système de santé.
[...]
Le drame qui nous est présenté est d'une intensité inouïe, on s'attache très rapidement à ces personnages que l'on sait pourtant certainement voués à un destin des plus tragiques. On en passe par toutes les émotions : indignation, rire, bonheur, tristesse. Vous en verrez de toutes les couleurs. [...]
Voilà le cinéma comme je l'aime ! Un film époustouflant porté par un trio d'acteurs au sommet de leur art. Dolan atteint une maturité étonnante grâce à ce film aux thèmes choquants. Pas une seconde de répit pour ce film de 2h20 qui parvient à capter notre attention tout du long.
4,0
Publiée le 8 octobre 2014
Pour être honnête j'attendais autant que je redoutais Mommy, parce que j'allais enfin savoir si j'aimais ce que faisais Dolan ou pas, parce que pour le moment, même si je n'ai toujours pas vu Laurence Anyways, je n'aime que les amours imaginaires et le reste ne me fait pas palpiter plus que ça... malgré de bonnes idées dans Tom à la ferme.
Et Mommy est sans doute son meilleur film, son plus abouti, avec le plus d'idées et de bonnes idées... Non parce que tu peux le sentir là le gamin qui à 25 ans, c'est-à-dire mon âge qui se dit "ah ben tiens, mon film je vais le faire en 1:1 parce que ça m'éclate". Et franchement, je vais commencer parce qui fâche, mais à part les 10-15 dernières minutes le film est assez merveilleux, il aurait dû s'arrêter lorsque le gamin dit que le feu est vert (pour ceux qui ont vu le film)... On avait là la fin parfaite et il la laisse passer, du coup ben ouais, même si ce qu'il y a après n'est pas nul, même si le dernier plan est beau, laisser passer comme ça la fin parfaite je trouve ça triste et vraiment dommage, ça m'a sorti du film et je n'avais plus envie de l'aimer. On voit là que Dolan n'a pas su comment s'arrêter, le reste est superflus... Les cartons d'introduction disaient le reste... Du coup c'est redondant et pas très intéressant. (et les cartons d'intro je trouvais pas ça génial comme idée non plus).

Mais sinon tout le reste est formidable. Le fait d'utiliser un format carré, un format de portrait où systématiquement il faut bouger la caméra qui bouge pour avoir la personne qui cause dans le champ, il se passe un truc. C'est un peu étouffant, mais ça ne fait que mieux ressortir cette envie de sortir du cadre... Parce qu'il y a des moments où justement le 1:1 ne suffit plus et là c'est grandiose. Le cadrage permet également d'avoir le point de vue de chacun, car chacun est isolé dans le cadre, et finalement on ne juge personne, ni le fils, ni la mère, ni l'avocat, ni les médecins, ni Kyla... C'est juste beau, tendre triste et drôle.

De plus Dolan utilise toujours aussi bien la musique et le ralenti, j'aime ces quelques petits moments exubérant où ça sera surstylisé (sic), c'est bref, mais c'est beau. Et faut pas croire c'est un film vraiment émouvant, en tous cas c'était quelque chose à voir. Je pense que dans un salon ça ne rendra pas pareil, c'est un film à voir au cinéma (bon c'est une évidence une télé ne remplace pas un écran de cinéma, mais pour Mommy tout particulièrement à cause de ce ratio d'image si particulier).

Et ça me fait plaisir de voir enfin Dolan sortir du film traitant de l'homosexualité, je pense que ça lui fait un bien fou de parler d'autre chose, enfin... Il se libère...

On est passé du coup pas loin du chef d'oeuvre et son prix à Cannes ne fait pas tâche aux côtés de Godard (sans dire que Dolan est aussi talentueux... n'exagérerons rien). En tous cas Mommy est un film puissant, très bien interprété et je me suis même demandé si l'acteur n'avait pas la maladie dont souffre son personnage (d'où l’avantage de prendre un acteur peu ou pas connu... on y croit, alors que si tu prends Bale (ou Shia Labeouf) ben je sais que c'est pas vrai et du coup je sais que c'est du pipeau et ça me sort du film). Poignant.

Je tiens également à dire que ce n'est pas redondant malgré la longue durée du film. Il n'y a pas un moment où tu te dis : "j'ai déjà vu ça", franchement c'est Rain Man, en mieux et sans le côté bienpensant moralisateur.
4,0
Publiée le 11 octobre 2014
Expulsé d'un centre de rééducation, Steve, atteint de la maladie de TDHA (trouble du déficit de l'attention avec hyperactivité), retourne vivre chez sa mère Diane qui est veuve. Peu à peu ils vont rencontrer leur voisine qui va s'immiscer dans leur vie et essayer d'y apporter de l'équilibre.

L'un des films sensations du dernier festival de Cannes, "Mommy" nous emmène dans la banlieue canadienne pour suivre ces retrouvailles entre une mère un peu brailleuse, vulgaire, caractérielle mais aimante et un fils marqué par la mort de son père et régulièrement excessif (dans l'hyperactivité, la violence...) peu à peu rejoint par une voisine timide qui va apporter quelques choses de nouveau à ce duo.

Finalement, le film m'a très agréablement surpris sur plusieurs points. Partant d'un sujet compliqué, il le traite sans pathos, ni mièvrerie mais au contraire en finesse, oscillant entre humours, tendresse, émotion et cruelle réalité. Bénéficiant d'une excellente qualité d'écriture, que ce soit dans les dialogues ou les personnages, Il braque sa caméra au plus près des personnages et étudie leur personnalité, relation et évolution, le tout de manière à rendre le récit simple, vrai et beau. Il aborde plusieurs thèmes allant de la relation mère-fils et de la difficulté de se détacher ou de se rapprocher de son enfant lorsque celui-ci est malade, mais aussi l'insertion dans la société, la façon d'être vu ou encore vivre dans la misère. C'est aussi par les simples petits moments de bonheur que Dolan rend son film particulièrement touchant.

Et puis, le gamin de 25 ans montre quand même un grand talent derrière la caméra. En plus de faire ressortir toute l'émotion de ses personnages et de les rendre passionnant, tout comme les enjeux, il est techniquement doué et inventif. Chaque cadre est intelligemment pensé, il utilise un format d'image carré, lui permettant de vraiment se braquer sur un personnage en particulier. La photographie est particulièrement belle et son utilisation de la bande-son est excellente. Et puis, sa direction d'acteurs est excellente, tous inconnu ils donnent de la profondeur et de l'émotion à leur personnage, et on y croit.

Bref, pour mon premier Dolan, c'est une très bonne surprise et l'un des meilleurs films que j'ai pu découvrir au cinéma cette année. Un film traité intelligemment dans lequel on passe par divers sentiments, c'est drôle, touchant, tendre ou encore cruel et la maîtrise de Dolan laisse présager un futur radieux.
.
.. Puis réussir à m'émouvoir sur du Céline Dion, fallait le faire !
4,0
Publiée le 20 février 2016
L'oeuvre la plus achevèe de Xavier Dolan même si "Lawrence Anyways" surpasse "Mommy" a plus d'un titre! Histoire triangulaire entre une mère courageuse, son fils ingèrable et leur voisine aussi discrète que sensible, sur fond de rapports très forts et conflictuels! Le jeune prodige du cinèma d'auteur vise dans ce film une èmotion à fleur de peau, de mèlodrame qui va à l'arrache, en rèinventant dans un choix stylistique le format carrè! Le scènario donne un sentiment d'extraordinaire vitalitè, d'un travail avec les comèdiens au corps à corps, mais en même temps, Dolan construit une histoire qui vous prend aux tripes et ne vous lâche plus! ‎Anne Dorval, Antoine Olivier Pilon (impressionnant) et ‎Suzanne Clèment animent avec une passion dèvorante cette histoire que Dolan a rèalisèe avec un talent immense! Cet argot, cette langue quèbècoise salèe et crèative qui nècessite des sous-titres français, Dolan y tenait parce que plus apte à devenir le vèhicule d'une langue plus riche, plus gènèreuse, plus èmotive, plus vraie! Toutes les langues se valent de toute façon surtout quand elles sont riches et authentiques comme dans "Mommy". Exceptionnellement menè par un rèalisateur de 25 ans qui utilise la musique qu'il aime, ce film souvent dur prend place parmi les rèalisations de grande classe de Dolan : spoiler: "Mommy" contient d'ailleurs plusieurs trouvailles telle la scène du skate-board avec ce changement brusque de format qui s'èlargit pour être plus près des personnages et qui restera dans les annales du 7eme art!
Cinèma de l'âme et du coeur, de l'intelligence et de l'esprit, "Mommy" est un mètrage qui honore le cinèma tout entier, un film rècompensè à juste titre par le Prix du jury au Festival de Cannes...
4,5
Publiée le 20 novembre 2014
Pour son cinquième film, Xavier Dolan reprend la thématique déjà au centre du premier d’entre eux, à savoir la relation mère-fils, mais cette fois elle n’est pas contrariée, comme dans le très autobiographique J’ai tué ma mère, par le coming-out du fils mais par ses troubles psychiatriques. L’adolescent qu’incarne la jeune révélation Antoine-Olivier Pilon souffre en effet de névroses comportementales qui en font un être caractériel, tour à tour hilarant et terrifiant. C’est d’ailleurs parce que Dolan ne cherche jamais à juger le personnage qu’il devient un être passionnant à suivre. Le carton en guise d’ouverture, qui nous situe dans une pseudo-anticipation mettant en place une loi autorisant les parents d’enfants instables de les confier à des hôpitaux, n’a pour but que d’amplifier le déni de sa mère envers le caractère explosif de son enfant. Incarnée par Anne Dorval, à contre-emploi puisque les canadiens ont l‘habitude de la voir dans une série pour enfants, cette femme au caractère trempé est elle aussi un personnage à qui l’on s’attache rapidement malgré ses frasques. Le lien qui les unit est à ce point fusionnel que les scènes qui les réunissent sont superbement touchantes. Le troisième personnage, la voisine quadragénaire Kyla, qui nous aide à pénétrer l’intimité de ce cocon familial hors-norme, est bien entendu plus effacé mais que le passé trouble rend tout aussi ambigu. En plus des performances d’acteurs inoubliables, la mise en scène soignée, mais moins formaliste qu’à l’accoutumée, et l’usage minutieux de musiques, connues ou composées, dont fait une nouvelle fois preuve le petit génie québécois permettent à ce drame intimiste d’être un des plus moments de cinéma les plus forts de ces dernières années. L’inventivité avec laquelle est utilisé le format de l’image pour illustrer l’étouffement psychologique des personnages est l’exemple le plus flagrant du talent avec lequel est conçu ce long-métrage mémorable. Le défaut récurrent chez Dolan qu’est d’avoir du mal à tenir jusqu’au bout le rythme de ses films est encore une fois flagrant puisque la conclusion s’étire inutilement après spoiler: l’internement de Steve
qui aurait très bien pu clore la narration. Malgré ce dernier quart d’heure un peu laborieux, on ne peut pas nier que les deux heures précédentes ont su, tout à la fois nous éblouir et nous faire passer du rire aux larmes comme rarement un film aura su le faire.
4,5
Publiée le 10 octobre 2014
Ce fut une évidence depuis les premières minutes de J'ai tué ma mère : le cinéma de Xavier Dolan ne serait jamais tiède et son exubérance, son absence de complexe et son énergie, en même temps que son art de la manipulation et son goût pour les situations limites n'ont pas cessé depuis son premier film. Mommy est irritant et bouleversant à la fois mais le deuxième qualificatif surpasse largement le premier tant ce grand cri d'amour qui le transperce de bout en bout est sidérant d'intensité émotionnelle. On aura beau chercher : il n'y aucun moment neutre dans le dernier opus du cinéaste canadien. Des montagnes russes à perte de vue dans cette relation entre une mère et son fils, sous la "protection" d'une voisine timide et cathartique, dont les sentiments, pour feutrés qu'ils soient, sont l'une des plus belles choses de Mommy. Le spectateur est secoué comme un prunier par ces incessants changements de ton dûs au côté imprévisible, entre violence et tendresse, de l'adolescent. De l'hystérie à l'euphorie, le tempo se recycle perpétuellement comme une machine à laver qui essore les sens. En parallèle des sublimes interprétations de ce triangle dévastateur, la musique intervient comme un personnage à part entière : de Céline Dion, "trésor national" à Oasis, la B.O oscille au gré des humeurs de ce mélodrame flamboyant souvent touché par la grâce. On en a le souffle coupé, l'expression n'a jamais mérité autant sa signification.
4,0
Publiée le 10 octobre 2014
Dans un chapitre intitulé "hyperkinésie et absentéisme", un psychanalyste théorisait le lien entre ce que l'on place sous le vocable de l'hyperactivité et une possible dépression maternelle sous-jacente à l'agitation forcenée de l'enfant cherchant à réanimer sa mère. Ce que nous montre Xavier Dolan dans ce film émouvant, poignant, brusque, remuant semble accréditer la thèse de cet analyste. Derrière l'agitation se loge souvent la mort, le désespoir et la volonté de lutter. La bande annonce était finalement très bien faite, en nous montrant Xavier Dolan à Cannes, c'est comme si on allait le voir comme personnage principal du film, il n'en est rien. Le cinéaste recourt à un acteur, qui incarne remarquablement son rôle. Ce qui est bouleversant dans ce film, c'est l'importance des mimiques faciales des personnages : le fils, la mère et l'amie, dont le bégaiement entraine également des manifestations faciales. Là où Dolan vise juste également, c'est dans l'irrespect prêté aux symptômes de chacun, dans la violence, qui dissimile l'humanité derrière les manifestations de prestance. C'est bien d'avoir entendu à travers la bande annonce du film le message d'espoir prononcé à Cannes, cela impulse un élan pour le spectateur. Mommy, c'est aussi l'éclairage porté sur le traitement et sur la crainte, pour ne pas dire la terreur de la violence au Canada. Enfin, j'entendais en entrant dans la salle une spectatrice se plaignant de l'orthographe du titre, que ne permettait pas de dire "Mummy" et où l'on entendait "momie"...
4,0
Publiée le 20 octobre 2014
"Mommy" est une fresque bouleversante et hors-du-commun, réalisée par un génie qui se fait enfin reconnaître du grand public et portée par des acteurs au sommet. Il n'y a rien à dire; tout est parfait. Tant par la mise en scène mature et perfectionnée, par son auteur, que par l'histoire banale rendue spectaculaire de par ses acteurs. Ah, ces fameux acteurs... Pilon, Dorval, Clément. Ils portent dans leurs bras, ébranlés, toute la flamme flamboyante du jeu d'interprète. On est près d'eux de bout en bout de ce long-métrage : chacune de leurs palpitations nous est liées, telle une clé à son coffre, une brique à sa maison. Comment Dolan fait-il pour imposer une telle passion? On ne le saura sûrement jamais... C'est ce qui fait tout le sel de ses films... Mais aussi tout leur charme.
4,5
Publiée le 9 octobre 2014
Dernier film de Xavier Dolan, plébiscité au dernier festival de Cannes, Mommy était très attendu et le résultat est, je trouve, à la hauteur des espérances. Après le plus aride et dépouillé, quoique très réussi Tom à la ferme, Dolan revient à ses premières amours. Il livre avec Mommy, un film dans la parfaite continuité de ses trois premiers longs-métrages. On y retrouve un style excessif, parfois agaçant mais d'une grande maîtrise formel. On retiendra notamment le jeu avec le format de l'écran, symbole de cet enfermement psychologique dans lesquels surnagent les personnages. Le talent de Dolan vise justement à transcendé tout ce qu'il peut y avoir de plus mauvais goût ou de plus kitsch, que l'on songe à l'emploi d'une BO pop rock assez formaté lors de longs passages clippesques très soignés ou à la représentation des fantasmes ou du ressenti des personnages avec utilisations de flous et musique larmoyante. Ce côté too much n'empêche jamais l'émotion de flirter, il est là pour surligner la puissance des sentiments qui sont mis en jeu. Mommy est un film tour à tour drôle, hystérique, bouleversant. C'est le mélodrame dans ce qu'il y a de plus extrêmes. Une certaine grandiloquence esthétique freinera, sans doute, les détracteurs de Dolan mais il faut cependant lui reconnaître la qualité de sa direction d'acteurs. En effet, Mommy est un film qui repose énormément sur ses trois comédiens principaux, superbes tant dans la retenue que dans la rage. On retiendra surtout la composition sublime d'Anne Dorval en mère meurtrie prête à tout pour garder et protéger son enfant. Le dernier plan, ambigu, sur le titre Born to Die de Lana Del Rey, achève de nous fendre le cœur! Boursouflé, oui un peu, grandiloquent, sans doute mais superbe !
4,0
Publiée le 19 octobre 2014
Après le sidérant « Tom à la ferme », un deuxième film de Xavier Dolan sort sur nos écrans cette année. Prix du Jury au dernier Festival de Cannes, « Mommy » n’est pourtant pas exempt de maladresses dans sa réalisation (notamment dans le montage de certaines scènes) et baisse légèrement en intensité dans sa deuxième heure. Mais le film parvient à séduire grâce à un élan de générosité hors du commun et à une sincérité incontestable. L’utilisation fréquente de musique pop n’est d’ailleurs jamais là pour relancer un récit qui s’essoufflerait, mais parce qu’elle colle aux états d’âme (parfois extrêmes) des personnages. Ces derniers sont le cœur du film, ceux que Dolan ne contredit jamais et aussi ceux qui nous font vibrer. Et ce qui rend « Mommy » si fort, c’est qu’il traite d’un sujet grave à la fois avec une douleur inévitable mais aussi avec un humour rafraîchissant et jamais cynique. Enfin (et surtout), le film doit beaucoup à ses trois principaux comédiens, d’une justesse parfois bouleversante, avec une mention spéciale à la magnifique Suzanne Clément. Imparfait, original et audacieux: un bloc d’émotion précieux et enivrant.
4,0
Publiée le 5 novembre 2014
Ça y'est. Xavier Dolan,le petit prodige québécois né sous les vivas de Cannes justifie enfin sa flatteuse réputation. 5 longs-métrages en 5 ans à l'âge de 25 ans. Il y avait de quoi se brûler les ailes ou bégayer ses sujets de prédilection. C'est tout l'inverse qui se produit avec "Mommy". Fable sociale sur l'amour plus fort que tout entre une mère et son fils,chronique volcanique,mélodrame volontairement appuyé,comédie libre ayant digéré toutes ses influences. C'est un film qui nous emporte,nous terrasse,nous fait rire et pleurer dans une même scène. Une œuvre qui n'a pas peur d'assumer son sentimentalisme,ses grandes envolées lyriques voire kitschs. Dans la peau d'une mère white trash,à la fois très accessible et contradictoire dans ses émotions,Anne Dorval est époustouflante. Face à elle,le jeune Marc-Antoine Pilon en ersatz de Dolan jeune,colérique et désarmant,protecteur ultime de sa mère. Sans oublier la téméraire et discrète Suzanne Clément en voisine compréhensive à l'extrême. Trio ravageur face aux épreuves de la vie qui avance en rangs soudés,qui élargit littéralement le cadre des possibilités. Oui,la vie est aussi belle que cruelle. Merci Xavier Dolan de nous l'avoir rappelé avec autant de conviction et de talent.
4,0
Publiée le 8 juin 2015
Il y a sans doute quelques excès et longueurs, certaines scènes à moitié convaincantes... Mais bon, il y a aussi tellement de puissance, d'intensité, d'émotion brut qu'il est difficile de rester insensible à ce « Mommy » assez dévastateur à de nombreux égards. Que ce soit cette dimension à la fois très cruelle et presque délicate d'aborder cette explosive relation mère-fils, cette façon de filmer en définitive très précise et surtout cet hallucinant trio Anne Dorval - Antoine-Olivier Pilon - Suzanne Clément méritant tous les éloges et distinctions, l'œuvre fait souvent l'effet d'un uppercut, avec tout ce que cela implique d'éprouvant, mais aussi de fascinant, comme si ce sujet rebattu nous était raconté pour la première fois tant la vision du jeune québécois a quelque chose d'ébouriffant et même un peu dingue, le tout ponctué d'une bande-originale allant de Céline Dion à Oasis en passant par Lana Del Rey du plus bel effet... Bref, sans être exempte de tout reproche, voilà une œuvre avec beaucoup d'ambition et une personnalité folle, de celles dont on se souvient longtemps après être sorti de la salle : j'étais sévèrement brouillé avec Xavier Dolan après l'indigent « Les Amours imaginaires », voilà nos relations réchauffées au plus haut point. Un immanquable de 2014.
Les meilleurs films de tous les temps