Sorti sans fanfare en DTV au cours de l'année 2013, The Colony est de ces petits films qui s'ils ne révolutionnent pas le genre dans lequel ils s'inscrivent, possèdent suffisamment de qualités pour être (re?)découvert et appréciés pour ce qu'ils sont.
Ce récit de SF survivaliste spécule d'abord sur un univers post-apocalyptique où les rares survivants d'une nouvelle ère glaciaire sont dispatchés à travers plusieurs colonies sous-terraines. Une trentaine de personnes se terrent ainsi dans la colonie 7, dans la crainte du manque de vivres et d'une épidémie de grippe. Alors que cette dernière n'en finit pas de faire des victimes, obligeant les survivants à prendre des mesures radicales vis-à-vis des malades, le chef de la station monte une petite équipe de volontaires pour se porter au secours de la colonie 5 avec laquelle ils ont perdu tout contact.
Alors certes, rien de follement original dans le pitch du film et je vous avouerai que le scénario n'innove jamais vraiment et demeure d'ailleurs le seul véritable point faible de cette modeste série B (ça et quelques plans en CGI ratés, budget oblige). Regorgeant de clichés propres au genre, The Colony ne se regarde pas moins avec un certain plaisir pour les amoureux de SF tant son point de départ revient à toute une école cinématographique (et même littéraire) et évoque même l'extrémisme de certaines bandes post-apocalyptiques passées (mieux vaut ne pas se choper le moindre rhume ici pour cause d'exécution sommaire).
L'ambiance du film évoque ainsi de nombreuses références du genre, que ce soit dans la description d'un hiver cataclysmique rappelant pour beaucoup celui du Jour d'après ou dans l'excursion d'un groupe d'explorateurs dans un monde ravagé qui évoque évidemment bon nombre d'autres oeuvres, qu'elles soient littéraires (La Horde du contrevent, Le grand O), cinématographiques ou vidéoludiques (Metro Last Light). Il n'est pas interdit non plus de voir en l'intrigue de The Colony plusieurs similitudes avec le scénario du non moins méconnu (mais bien meilleur) Planète hurlante, remarquable adaptation d'une nouvelle de Philip K.Dick, où deux bidasses du futur traversaient le sol d'une planète dévastée et glaciale pour rejoindre une base ayant cessé d'émettre.
Si l'intrigue de The Colony emprunte dès son exposition des sentiers ultra-balisés, force est de constater ensuite que l'ensemble manque totalement d'originalité et d'ambition thématique. D'où une certaine déception dans la tournure que prend le scénario dans son second acte, nous révélant rapidement une menace qui ne surprendra jamais le bouffeur de ce type de péloches (miam !). Ce survival prend ainsi très vite la tournure attendue, les protagonistes se confrontant brutalement à une communauté de cannibales tous plus cons les uns que les autres jusqu'à un dernier acte quelque peu frustrant.
C'est d'autant plus dommage que l'ensemble est plutôt bien réalisé, le canadien Jeff Renfroe instaurant dès son ouverture une atmosphère délétère et cauchemardesque relevée par de superbes (et sinistres) décors ainsi qu'une photographie soignée. Qui plus est, si une grande partie du casting demeure inconnue au bataillon, il est largement dominé par la présence de Laurence Fishburne (désormais un habitué de l'exercice et principal argument de vente du film) et du trop rare Bill Paxton qui hérite ici d'un rôle ingrat de salop caricatural.
Sympathique sans être mémorable pour autant, The Colony s'impose au final comme un honnête divertissement, tour à tour oppressant et spectaculaire, et capable de ravir les amoureux du genre... tout en laissant les autres spectateurs sur la touche.