Don Jon : [4.5]
Super sujet, bon surtout pour les mecs, d’accord. Faut avouer que porno et Scarlet Johansson ensemble ça attire forcément, mais le thème est plutôt une problématique masculine réelle, et ça va même plus loin.
Le porno est ici une introduction (oui je choisi mes mots). On aborde aussi la dépendance, le rapport père-fils (avec un Tony Danza tellement à contre-courant que c’en est génial), la sexualité, les sentiments… Bref c’est assez multiple tout en restant cohérent.
Pèle mêle on a droit enfin à la fameuse « force castratrice » des femmes qui fait changer les hommes (j’ai pas souvenir d’un autre film à ce sujet), ce qui fait qu’elles obtiennent ce qu’elles veulent, leur désir de changer l’autre pour qu’il corresponde à leur idéal rêvé, leur jalousie excessive, leur superficialité… le tout sans que ce soit tant à charge que cela, mais surtout on a le pendant masculin : le côté râleur surtout en voiture, les potes, la superficialité du corps aussi, le sexe, la conquête incessante, le manque d’égards… comme on le voit sur l’affiche en fait. Cela permet de remarquer le contraste mais également les ressemblances entre les deux sexes, sans pour autant partir dans la guerre habituelle qui les oppose. Puis ces thèmes dénoncent, sous couvert, l’industrie du cinéma à Hollywood, avec ce côté superficiel encore, ses codes… Comme le héros dont la vie est belle et idéale en apparence, beaucoup moins reluisante derrière les apparences (père un peu beauf, vie rangée, le fantasme du porno, quotidien pas exemplaire etc). Son absolution hebdomadaire à l’église sous forme de concours est assez marrante à voir d’ailleurs, et si réaliste pour certains.
Pour cela il faut avouer que c’est bien écrit, Joseph Gordon est balaise sur le coup, tant en tant que réalisateur, qu’acteur et que scénariste. Scarlett remplit son rôle à merveille, le physique aidant, seule Julianne Moore est un peu fade, mais son personnage veut ça donc à modérer. L’antagonisme de ces 2 femmes (la belle au sale caractère et la plus âgée mais avec des valeurs de vie honnêtes) ressort davantage ainsi. La trame est assez classique, même si la fin change un tantinet les habitudes, la musique est bonne, le rythme tout autant car pas trop de longueurs (ou vite zappées), une bonne mise en scène qui ne complique pas outre mesure le scénario, Levitt joue avec les clichés du romantisme ; j’avais une VF bizarre néanmoins j’ai remarqué que ça ne tombe jamais dans le vulgaire, des dialogues ciselés (bien que les explications de Julianne Moore semblent trop rapides/faciles et manquent de fond pour atteindre leur but ainsi).
Ce long métrage est complet mais pourrait se résumer dans le comparatif que fait Don Jon entre la musculation et les sports collectifs : pas mal de thèmes sont abordés mais du coup on ne va pas au bout de tous. Sans apporter toutes les solutions pour autant, j’aurais préféré qu’un choix soit montré plus clairement. Là on arrive à une vraie définition d’une relation, mais pas de l’amour car ça manque encore un peu de profondeur, dommage car ç’aurait été parfait.