Don Jon, c’est le premier film en tant que réalisateur, scénariste, ET acteur, de Joseph Gordon-Levitt, un jeune comédien qui ne cesse de se faire remarquer à chaque fois qu’on le voit passer dans un film. Don Jon c’est à la base un projet alléchant, traitant de l’addiction au porno de façon un peu moins coincée, et surtout de façon plus fun, que le Shame de Steve McQueen, et avec au casting: Scarlett Johansson, et Julianne Moore. Tout était réuni pour faire de ce film un petit moment de pur bonheur, et de fun, à l’image de sa bande-annonce rythmée, drôle, et attrayante. Malheureusement, le résultat final est bien loin de nos attentes, et dans ses premiers pas derrière la caméra, ce cher Joseph Gordon-Levitt déçoit. Mais tout de même, l’immense sympathie que dégage l’acteur sert énormément son personnage à l’écran, le cliché parfait du beauf dragueur qui ne peut s’empêcher de regarder du porno en se faisant plaisir. D’ailleurs, le film commence de façon assez osée, donnant immédiatement le ton et l’ambiance censés l’animer, dans une scène d’introduction un peu cynique, assumant pleinement son côté caricatural et moqueur envers les clichés et les codes de la comédie romantique. Malheureusement, cette bonne entrée en jeu finie par s’essouffler au bout d’une bonne grosse demi-heure de film qui nous révèle alors le premier défaut majeur du film: ses répétitions, qui sont drôles et originales une fois, mais qui deviennent lassantes, car leur récurrence constante ne sert en rien l’intrigue ou son déroulement, et brisent le rythme laissant place à de nombreuses longueurs. Et là tout s’enchaîne, puisque les premières faiblesses du scénario viennent s’ajouter à la liste des défauts, et nous démontrent que Joseph Gordon-Levitt s’est un peu perdu dans son sujet, en faisant l’erreur de se prendre beaucoup trop au sérieux durant la seconde partie du film, entrant en total contradiction avec l’esprit caricatural qui l’animait jusque ici. Le propos sur l’addiction au porno est survolé, et pas assez développé, tout comme l’ensemble des personnages secondaires ainsi que les relations qu’ils entretiennent avec Jon. Et pour finir, il faut dire que le film manque cruellement d’humour, puisque les moments les plus drôles ont malheureusement tous été présentés dans la bande-annonce, et qu’il est bien loin de la réputation sulfureuse qu’il s’est fait un peu partout, à cause de la pudeur exaspérante des deux actrices principales face à un tel sujet (Scarlett Johansson en tête, qui n’a d’ailleurs jamais été aussi vulgaire, et dénuée de charisme et de charme). Alors bon, il faut quand même être un peu indulgent, et se dire qu’il s’agit ici d’un premier film, et que pour un premier film, ce n’est pas non plus une catastrophe. Gordon-Levitt cherche encore son style, il hésite donc forcément beaucoup, et évite de prendre de trop gros risques, néanmoins, il y a quand même quelques bonnes idées et une certaine créativité plus qu’évidentes, qui montrent que ses talents en tant que réalisateurs sont assez prometteurs, et qu’il pourrait bien nous réserver quelques surprises à l’avenir. De plus, si le film peine fortement à convaincre dans sa forme, et surtout dans son fond, Joseph Gordon-Levitt, lui, est toujours aussi brillant à l’écran, presque irréprochable. C’est un excellent acteur, qui n’a plus rien à prouver depuis longtemps, et s’il y a bien quelque chose qu’on ne pourra pas lui retirer, c’est qu’il s’amuse énormément dans la peau de son personnage, et que c’est quelque chose de très plaisant à voir. Joseph Gordon-Levitt ne convainc donc qu’à moitié pour son premier film, qui manque cruellement d’audace et de prises de risque par rapport au sujet traité, qui n’était peut-être pas le plus évident, et le plus judicieux, à choisir pour faire ses premiers pas dans la mise en scène. Le scénario est ce qui lui fait le plus défaut, puisque il ne va pas au bout des choses, notamment au niveau du propos, livrant une demi-caricature plombée par une seconde partie beaucoup trop sérieuse laissant planer un doute quant aux réelles intentions du réalisateur. Don Jon est un film hybride, au style encore hésitant, mais qui promet de belles choses pour l’avenir.