Prétendre que ce film est en grande partie débile ne relève pas d’un snobisme intellectualiste, ou d’une allergie à la science fiction. Des films tels que « The Lawnmower Man », « Alien (1+2)», « Robocop », les deux premiers « Terminator », ou « Minority Report », ne sont pas seulement des chefs d’œuvres du cinéma de S.F., mais du cinéma tout court. Les créateurs de ces films n’étaient pas concernés par la production du seul plaisir des yeux. Leur préoccupation était aussi de procurer du plaisir de réfléchir aux esprits intelligents. Les frères et soeurs Wachowski, eux, n’étaient de toute évidence pas obsédés par le désir de nous faire réfléchir très longtemps. Ils étaient surtout obsédés que par le tape-à-l’oeil. Les scènes de cascades et de combats révèlent un savoir incontestable des techniciens, des cascadeurs, et du chorégraphe. Mais c’est un savoir sans saveur. Car ces deux frères et sœurs flemmards n’ont bossé qu’un seul de leur ressort dramatique : la révélation au héros de l’existence de la Matrice. Les autres ressorts sont tous bâclés. Les Wachowski n’ont pas non plus sérieusement tenté de profiler psychologiquement un seul de leurs personnages qui sont tous des clichés ambulants. Le Zéro zélu, incarné par Keanu Reeves, avec son masque permanent de sérieux, procure assez vite de l’ennuie, d’autant que ses répliques qui sont un amalgame inintelligible futuriste, informatique, et mystique à la noix. Ce qui est agaçant à propos du film, c’est la complaisance des critiques et du public qui crient au génie pour l’ensemble, alors qu’il n’y a dans l’entreprise que 20 mn de véritable création, et 1h40 de médiocrité assommante. Les Séquelles de «The Matrix » sont d’autant plus assommantes, qu’elles n’ont pas les 20 premières minutes d’excellence du 1er « The Matrix ». Mais les Wachowski, se sont plus tard, bien rattrapé en nous servant deux authentiques chefs-d’œuvre. « Cloud Atlas » au cinéma, qui a autant comblé nos yeux, nos tympans, que nos esprits ; « Sense 8 », à la télé dont les 3 saisons ont eu les mêmes effets. Dommage que leurs financiers ne les ont pas suivis.