"Blade Runner 2049" (2017, diffusé récemment sur netflix, 2h30) est un défi que Denis Villeneuve a réussi : donner une suite à la grande œuvre de science fiction de Ridley Scott (1982) qui reste une référence de ce genre par la tonalité sombre et uniforme. "Un sentiment coupable de mélancolie, de solitude, d'imminence de la mort dans une atmosphère lourde, oppressante et décadente" (wiki).
Car la question de la science-fiction est, sur une histoire qui reste nécessairement un conte plus ou moins philosophique ou scientifique, de produire des atmosphères, des effets, des scènes, des architectures, des navires, des technologies qui soient à la fois imaginables et qui fassent rêver, penser, imaginer, qui restent prenantes tout en étant belles. Et il faut en produire beaucoup car rien n'est donné d'avance (contrairement au décor d'un western) : tout est à inventer. La science fiction est un défi pour l'imagination des créateurs.
Certes les dialogues et l'intrigue feront parfois sourire par leur références un peu lourdingues à la Bible, à la tragédie grecque, à Kafka, à Welles etc. Les personnages sont stéréotypés : mais justement ce "stéréotypage" est le sujet du fil. Là n'est pas le sujet : tout est dans la poésie du climat général fait de saisons (froides, tempêtes, nuages, neige), paysages sombres, villes plus ou moins décaties, véhicules plus ou moins cabossés, architectures et décorations étonnantes à la fois sobres et rugueuses, avec une majorité de gris et de verts, le tout enveloppé dans une musique hypnotique. Et là, par miracle peut-être, cet ensemble fonctionne (à mon avis) donnant un objet filmique original et pourtant dans la ligne de l'épisode précédent.