Je ne vous cache pas que j’ai énormément de mal avec les films adaptés d’œuvres littéraires estampillées « jeunesse »…il faut tout de même avouer qu’après la catastrophique saga "Twilight" (5 films pour raconter une romance creuse qui pouvait tenir sur un téléfilm de 1h40 !!), le coup dans l’eau de "Les Âmes Vagabondes" (et si on faisait Twilight avec des E-T ?!...et vive les romances !), le simulacre de dystopie avec "Hunger Games" (vous connaissez "Battle Royale" ? Bin ici, on ne voit rien de la battle et ça n’a rien de royal !!....par contre si vous aimez les documentaires sur les nanas qui fuient leurs responsabilités en grimpant dans les arbres, ça pourra peut-être vous intéresser !), l’affligeant "Divergente" (euh et si on faisait Twilight, mais sans vampires, sans E-T et sans battle royale ?...mais non on s’en fout du contexte : le public aime les romances !!) et les honteux "The Mortal Instruments : La Cité des Ténèbres" et "Sublimes Créatures" (sans commentaire pour ces deux « choses »), on commence à faire overdose . Je n’ai rien contre les romans en eux même, mais leurs adaptions n’ont absolument aucun intérêt cinématographique (aah, si on avait plus bossé le contexte que la romance…). Forcément, je n’étais pas très chaud pour aller voir "The Giver" ; mais en voyant la bande-annonce, je ressentais un je-ne-sais-quoi qui me disais « hey, ça pas l’air aussi nul que tous les autres ! »…et puis, en apprenant que le roman d’origine été publié une dizaine d’années avant tous les autres que j’ai cité et que Jeff Bridges se bat depuis un moment pour l’adapter au cinéma ; ma curiosité a été piquée au vif. Et bien, j’ai bien fait, car "The Giver" réussi là où tout les autres ont lamentablement échoué. Tout d’abord, l’utopie dystopique (oui, c’est paradoxal…mais avouez que le monde est réellement utopique avant de découvrir son côté obscur qui fait finalement de lui une dystopie !) est bien pensée : l’idée d’enlever les sentiments aux personnes afin d’éviter tout conflit, même si elle n’est pas nouvelle (rappelez-vous "Equilibrium"), est intéressante d’autant plus qu’elle est doublée du choix du métier de chacun par les autorités. Ici, on recherche avant tout de maximiser totalement les potentiels pour le bien de la communauté. Et le fait qu’une seule personne, le fameux « Passeur/Giver », possèdent toutes les connaissances pour conseiller aux mieux les autorités pour ne jamais reproduire les erreurs du passé est très certainement l’idée la plus intelligente que j’ai pu voir dans une dystopie. Cela nous permet de nous attacher au héros du récit ainsi qu’à sa nouvelle tâche et d’apprécier la cohérence au sein de l’univers décrit. Et il faut avouer que le récit est prenant et facile à aborder, d’autant plus que l’univers futuriste est très bien représenté à l’écran (les décors et les effets spéciaux sont très convaincants !). Niveau réalisation, j’ai peu de reproches à faire car le film possède de bonnes idées originales (le fait que le film débute en noir & blanc et que les couleurs apparaissent au fur et à mesure que Jonas acquiert de plus en plus de « connaissances » est excellent et donne une patte visuelle de qualité au film) et je tire mon chapeau à Philip Noyce qui a fait du bon boulot, lui qui est pourtant capable du meilleur ("Jeux de Guerre", "Danger Immédiat", "Bone Collector", "Salt") comme du pire ("Sliver", "Calme Blanc", "Le Saint"). Un grand bravo au casting qui assure très bien : Brenton Thwaites incarne un héros attachant (et c’est tellement rare dans ce genre de film que le/la héros/héroïne ne soit pas une personne stupide guidée par ses hormones qui prend des décisions ou agit de façon incohérente !) et confirme après "Oculus" qu’il a un réel talent de comédien, Jeff Bridges est superbe en homme à la connaissance infuse et qui sait ce que représente ce qu’il possède (on sent bien qu’il était profondément engagé dans la création de cette adaptation), Meryl Streep est parfaite dans son rôle de grande cheftaine (et tellement plus convaincante que la pauvre Kate Winslet et son personnage lamentable dans "Divergente" !), et Katie Holmes et Alexander Skarsgård sont très bon en incarnation vivante des défauts flagrants de la société dans laquelle ils vivent. Bref, "The Giver" est une bonne surprise et un très bon divertissement : il est la première adaptation à réussir à me donner envie de voir la suite et j’avoue sans honte attendre dorénavant avec impatience les adaptations des autres tomes de la tétralogie (« L'Elue », « Messager » et « Le Fils ») écrite par Lois Lowry.