Attention, pour dissiper toute méprise, il faudrait dire tout d'abord que Holy Motors n'est pas un film.
Non, c'est une succession de sketchs tous plus absurdes et abscons les uns que les autres, où on voit entre autres un clochard manger des fleurs, puis les doigts d'une femme, puis des billets de banque, puis des cheveux, avant de chantonner en bandant devant un mannequin enlevé. Mais on aura droit aussi à de la comédie musicale, quelques meurtres, avant de finir sur "Revivre" de Gérard Manset (le pauvre...!), en compagnie de quelques singes.
Tout est gratuit ici, provocant, paresseux, enfin tout signe la défaite du cinéma.
C'est d'autant plus triste venant du réalisateur du très bon "Boy meets girl" et du génial "Mauvais sang".
On a l'impression d'un cinéaste qui se décompose film après film, par paresse, par prétention?
Autant le dire, on navigue ici entre le pire de Godard et un Gaspard Noé, autrement dit on balance des images à la tête du spectateur, plus hermétiques les unes que les autres, avec en toile de fond un "projet ambitieux", qui tient en trois lignes de scénario: les gens jouent leur vie, ils changent de personnalité et de rôle au gré de "rendez-vous".
Franchement vide, et prétentieux au possible.
Après, comme d'habitude, on peut tout dire de tout: on peut dire que le film est "novateur", que c'est un "bolide", que c'est un "ovni", que Carax est en avance sur son temps, et on peut aussi broder sur le 7e art et faire de la philo de comptoir. Mais on peut aussi être honnête, et accepter le fait que ce film soit tout simplement mauvais, et qu'il prenne le spectateur pour un imbécile.