Un été en Oklahoma, la touffeur suffocante d'une maison, d'un couple usé par une relation de trente ans, sado-masochiste et sans issue, une mère détruite par sa propre névrose hystérique et son cortège de chimères, de dévastations familiales. La maladie mortelle, l'addiction, la folie, le suicide comme uniques portes de sortie. Un film sur le désespoir absolu tel que le très grand cinéma américain a su le restituer à travers Elia Kazan, Mankiewics, Paul Newman réalisateur et tant d'autres grands inspirés de l'Amérique... On y est, on est physiquement transporté dans cet état du Centre, si loin de la mer, si loin de la grande ville, si loin de la vie, celui des plaines infinies, redoutables d'uniformité, mortelles. On ne peut qu'ajouter sa voix au cortège d'éloges qui pleut sur Meryl Streep, immense actrice de l'entre-deux siècles qui est le nôtre : l'intelligence du jeu, le travail irréprochable du texte, l'approche rigoureusement littéraire, l'incarnation méticuleuse qu'elle offre à son personnage, Meryl Streep nous offre une fois de plus une leçon d'art dramatique et une interprétation magistrale. A la Yale School of Drama où elle laissa le souvenir inoubliable de l'élève promise au firmament, Meryl Streep pourrait aujourd'hui enseigner. N'oublions pas qu'à la lecture de la pièce de théâtre et du scénario, c'est Meryl qui a demandé à toute la "troupe" d'acteurs de venir résider durant 15 jours avant le tournage, dans cet Oklahoma poussiéreux, exténuant, désespérant, pour être, avant le premier tour de caméra, totalement incarné dans le drame prêt à se jouer. Du Grand Art, longue vie à Meryl !