John Wells, malgré son nom qui dit quelque chose à bon nombre de cinéphiles passifs, ne réalise là que son deuxième long métrage. Un été à Osage County prend très vite des allures de fresque familiale détonante, rassemblement d’âmes en peine alors que le doyen de la lignée à tiré sa révérence. Dans le Midwest, les pères et amants picolent comme des trous, les mères dépriment ou s’apitoient sur le sors d’une descendance trop dorlotée, ingrate des sacrifices d’une jeunesse qu’elles ne retrouveront plus. Des erreurs passées, John Wells en fait des montagnes. Les retrouvailles d’une famille aussi divisée qu’immorale, aussi explosée que vouée à la déconfiture sont le centre du film de Wells, dramaturge plutôt convainquant pour l’occasion, en grande partie grâce à son casting six étoiles.
Tournant autour de Meryl Streep, la doyenne sous traitement médicamenteux abusif, comme des abeilles autour de la reine de la ruche, la famille se retrouve dans la douleur. Si l’actrice au palmarès redondant est la cheffe de file, Julia Roberts, plutôt en forme, fait d’avantage que de lui tenir tête. A peu de chose près, Un été à Osage County c’est un duel entre une mère et une fille. Une mère au crépuscule de sa vie, rongée aussi bien par le maladie que par la drogue légalisée qu’elle ingurgite à grand coup de poignées et une fille blasée, récemment séparée, qui ne voit en sa mère que la carcan dans lequel elle a passé une jeunesse qu’elle regrette. La force de John Wells est au bout du compte qu’il soit parvenu à faire des deux actrices deux femmes séparées par une génération bien distincte et qui ne parviennent pas à s’entendre sur les mérites de vivre à telle ou telle époque.
Là autour, se baladent quelques seconds rôles aussi riches, pour certains, qu’insipides, pour d’autres. Dans cette deuxième catégorie, nommons Juliette Lewis en fille naïve et complètement hors sujet ou encore un Benedict Cumberbatch à mille lieues de ses plus belles interprétation. D’un autre coté, les prestations, celle abrasive de Chris Cooper, absolument excellent, de Julianne Nicholson, touchante, ou encore d’Ewan McGregor, plutôt convaincant, viennent apporter dans ce sombre drame familial les rayons de soleil dispensables. Si le film n’est pas toujours passionnant, le rythme est parfois languissant, quelques scènes viennent apporter de très belles réjouissances. A ce titre, le dîner de famille, à la suite des funérailles, est une scène tout simplement somptueuse, autant en intensité qu’en débit de paroles, autant dans l’humour que dans sa noirceur.
Un peu à contrecœur, l’on est forcé d’admettre qu’Un été à Osage County n’est pas un film suffisamment convainquant pour rester dans les mémoires. L’on sait depuis bien longtemps qu’un gros casting ne sert pas toujours la qualité d’un film. Si ici la cohésion entre les personnages n’est pas à remettre en cause, toujours cette formidable scène du dîner, à bien des occasions, John Wells semble s’égarer dans une sorte de léthargie. Les quelques litanies de Meryl Streep, qui en fait parfois bien trop, en sont un parfait exemple. Pas toujours très limpide, pas toujours très inspiré, le cinéaste et ses acteurs ne parviennent que partiellement à donné vie à un scénario pourtant substantiel. Essai tout de même intéressant, dans le genre. 12/20