Martin Campbell est un réalisateur que j’aime bien en général (ma critique de Green Lantern ne remet pas en cause son talent qui est bien réel). Le Masque de Zorro est sans doute l’une de ses meilleures super-productions (son meilleur film toutes catégories restant Détective Philip Lovecraft). Franchement je m’attendais surtout à un dépoussiérage de la série originale avec ses dizaines de millions, mais ce métrage fait davantage, et a ce qui manque parfois aux blockbusters (et pas uniquement) : une âme.
Premier point l’interprétation. Haute en couleur, elle est excellente. Hopkins en premier lieu est très solide. Il ne m’apparaissait pas être un bon choix à l’origine, mais force est de constater qu’il s’en sort à merveille. Tout en finesse (et en sagesse) il compose face à Banderas un contraste réussi. Ce-dernier est non moins efficace, et succède avec honneur à Guy Williams. Il livre une de ses meilleures compositions, lui qui ne sait pas toujours bien choisir ses rôles. Entre eux deux, Catherine Zeta-Jones. Quel bon choix de casting ! Elle colle vraiment au personnage, et elle dégage un charme irrésistible. Sa prestation à de l’allure, et elle fait souffler un véritable vent de fraicheur sur le film. Son duo avec Banderas est sublime. Du coté des méchants pas des noms très connus. Stuart Wilson se fait clairement piquer la vedette par Matthew Letscher dans le rôle d’Harrison Love, qui joue un méchant singulier qui me rappelle un certain Durant dans Darkman. En clair c’est d’un très bon niveau général.
Le scénario est d’une belle richesse. Il s’appuie sur des personnages très solides, et déploie une histoire qui réussit un exploit : respecter l’univers original (avec quelques entorses comme le capitaine Love pas vraiment dans l’âme de la série) tout en donnant un gros coup de jeune au héros. Franchement je ne suis pas un puriste des adaptations ultra fidèles, mais quand cette fidélité est là avec de l’innovation, c’est un bonus. Il y a de l’action typiquement dans le style de la série, de l’humour bon enfant, du romantisme. Certes une certaine noirceur se dégage parfois mais c’est logique, pour tenir 2 heure 20 il en faut bien un peu. Malgré sa longueur le film est très dynamique, plein de rebondissements, et jamais ennuyeux. Quelques passages paraitront un peu longuets à certains (celui entre Zeta-Jones et Banderas dans l’écurie notamment), mais leur rencontre dégage tellement de charme que ma foi on se laisse séduire. On regrettera juste quelques facilités, en particulier la fin avec Hopkins qui ne m’a pas vraiment convaincu (on se demande pourquoi Hopkins est comme ca en fait), ou l’entrainement éclair de Banderas. Ca se digère quand même bien pour être honnête.
Sur la forme, peu de choses à redire. La mise en scène est très nerveuse, pleine d’agilité et d’habilité. Campbell fait merveille. La photographie est sublime, et compose avec les décors une ambiance remarquable. Ces-derniers en effet sont excellents, d’une grande richesse, à l’image des costumes d’ailleurs. Il y a des moments vraiment magnifiques, c’est un régal pour les yeux. Les scènes d’action sont évidemment importantes. Comme dit plus haut elles respectent l’âme de la série originale, avec des combats à l’épée, des acrobaties en tout genre, et un coté souvent léger et humoristique. Campbell les filme avec brio, on savoure chaque moment. Je mets peut-être un léger bémol sur la course poursuite à cheval, un peu en dessous, mais sinon il y a de la maitrise. Gladiator a dépoussiéré le péplum, et le Masque de Zorro a fait beaucoup pour le film de cape et d’épée. La musique est au diapason. Magistrale, elle baigne le métrage dans une ambiance envoutante. Elle est néanmoins peut-être un peu trop présente, et quelquefois elle nous projette plus en Égypte qu’en Espagne ! C’est assez déconcertant lorsque cela arrive !
Bon, il ne faut néanmoins pas bouder son plaisir, voilà un divertissement de luxe avec une âme, et c’est excellent. Le masque de Zorro a énormément de points positifs, et il faut généralement gratter pour trouver des défauts. Ce n’est pas la perfection certes, mais c’est d’un haut niveau. Pour ma part ce qui ne me fait vraiment pas mettre la note parfaite sont les facilités scénaristiques et les quelques poncifs, légers mais présents. Mais c’est un film à voir, indéniablement.