Hier, j'ai regardé (non - j'ai subi), le film "L'art d'aimer" d'Emmanuel Mouret, qui porterait probablement mieux un titre tel "Lard d'Aimée", ne faisant ainsi pas insulte au sentiment beau et complexe qu'est l'amour.
En gros résumé, c'est du Woody Allen pour pauvres. Non, pire, pour petits bourgeois Parisiens, à qui Mouret tient un miroir aux alouettes pour les détourner de la vie métro-boulot-dodo de célibataire de misère qu'ils vivent, comme le fait d'ailleurs une bonne partie de la production cinématographique pariso-parigote - mais jamais encore de façon aussi pathétique. Et vu que déjà Woody Allen me file la diarrhée...
Où commencer ? Peut-être par le noter. C'est un retentissant 0/20, mérité de justesse par les nombreuses apparitions sur l'écran de Frédérique Bel en petite tenue. Sinon, ce serait un rien sur vingt.
Le scénario - je m'excuse, je vais employer des termes d'usage tel "scénario, mise en scène, direction, jeu d'acteurs", bien que ce film ne suffise pas aux définitions qu'on a l'habitude d'en donner. Le scénario, donc, est un enchaînement de situations vaudevillesque avec des ficelles grosses comme CA. Plus c'est grossier, plus c'est tiré par les cheveux, et plus ça semble plaire à M. Mouret. Je vous donne quelques extraits, entre la mamie défraîchie qui se fait draguer en l'espace de 2 secondes par deux beaux mecs qui pourraient être ses petit fils, son mari qui fait 3 fois le tour de Paris à pied en pyjama (sans se faire embarquer par les keufs), le beau célibataire dont la voisine de palier est une bombe sexuelle se baladant sans cesse en petite tenue (Frédérique Bel, donc), également d'une vingtaine d'années sa cadette... De toute façon, pour Mouret, l'amour semble s'affranchir complètement de considérations de compatibilité d'âge, du moment où tout le monde fasse partie de la planète bobo parigote. Ou est-ce pour se donner une excuse pour enfoncer sa langue de laideron vicelard dans la bouche d'une petite minette dans l'épisode où il se met en scène lui-même ? Parlant de mise en scène, une fois de plus, le terme est guère justifié. C'est des gens filmés dans un décor - invariablement de beau standing Parisien, évidemment. L'image est on ne peut plus plate. C'est tellement convenu que ça en deviendrait presque une provocation artistique. Les acteurs ne jouent pas, ils disent leur textes, avec un jeu de gestes et de mimiques aussi pauvre que mal exécuté. Le spectateur a un peu l'impression que c'est à chaque fois le premier clap qui a été gardé, et que pendant la scène le réalisateur ait fait un tour aux chiottes. Pathétique. Le pire sont les scènes où Mouret joue lui-même. Il est à peu près aussi acteur que moi trader - ou acteur, par ailleurs. Vous doutez bien que je n'ai pas tenu jusqu'au bout, à me farcir ces platitudes sur "l'amour", qui ressemblent étrangement aux représentations que s'en ferait un homo refoulé et torturé de 14 ans.