A titre personnel, j’ai toujours été sceptique par rapport aux films axant leur propos uniquement sur les personnages. Xavier Dolan ne nous laisse pas le temps d'apprécier le décor, l’attention est exclusivement concentrée sur les personnages. Il alterne le rythme de son film en variant entre les zooms exécutés brutalement et des ralentis à la Wong Kar Wai. On sent également que les couleurs de son film sont empreintes d’Almodovar, le maître de la couleur rouge. De plus, selon moi, le film aurait pu se dispenser de ses bavardages en guise d’entretiens, qui ne disent pas grand chose. Voici, à mon humble avis, les points noirs de ce film.
En revanche, Monia Chokri, exécute à la perfection le rôle d’une femme, raide comme la justice, enchainant les cigarettes pour calmer son stress et son antipathie.
Dolan arrive à créer un cadre intimiste avec le spectateur, en donnant une esthétique du corps assez sensuelle et enivrante, il prend le temps de montrer chaque plis du corps, et c’est très appréciable !
On souligne également qu’il parvient à donner en représentation les relations homosexuels de façon très juste, sans trop les romancer, ni les faire sombrer dans les clichés, juste comme il faut.
Chacun des personnages tentent d’assouvir comme il peut son désir sexuel, envers le beau Nicolas, en baisant avec d'autres, dans l’espoir maladroit d’oublier, quelques instants, l’ange aux boucles d’or.
Dolan réussit à transcrire un sentiment sur lequel on ne peut pas mettre le doigt, celui du fantasme, pourquoi sans connaître vraiment l’autre, on est aussitôt épris de lui ? Mari et Francis, eux même, sont dans l’incompréhension face à leur amour pour Nicolas.
Le film interroge la forme que peut prendre la passion, le désir. On pense de suite à la cristallisation chez Stendhal, pour conserver leur désir pour Nicolas, Marie et Francis doivent rester sur la projection qu’ils ont créé de lui. Mais le titre sous-entend la naïveté que prend la forme de cet amour, un amour imaginaire, purement idéalisé, qui doit rester de l’ordre de la projection, de l’illusion pour perdurer. Sinon, une fois la cristallisation brisée, ils se jetteront, naïvement, dans les bras d’une autre proie.