Gros classique bien connu de Dario Argento, Les Frissons de l’angoisse (que je préfère sous son titre Profondo Rosso) est une de ses belles réussites, même si à mon sens, à l’instar de ses gialli réalistes, moins performant que ses films fantastiques.
Le métrage séduit bien sûr par son travail formel, comme souvent chez le réalisateur. Son métrage est superbe, porté par une mise en scène tirée au cordeau, pleine d’intelligence et de subtilité, tandis que la photographie et les décors, toujours très recherchés chez le réalisateur, surtout à cette époque, font merveille. Jamais les seventies n’ont eu autant de style que dans le cinéma d’Argento, lequel s’entoure des Goblins pour baigner le métrage d’une bande son des plus attrayantes, bien qu’inférieur à la superbe partition de Suspiria. Peut-être aurait-elle mérité d’être un peu plus présente.
Les qualités visuelles et sonores du film d’Argento sont indéniables et forment l’argument maître du film, lequel, d’un point de vue scénaristique reste de belle tenue. Honnêtement tout n’est pas d’une grande surprise dans le film, il y a quelques éléments qu’on a déjà pu croiser dans le cinéma du réalisateur (la plante), et le suspens n’est pas complet, néanmoins le final est très bon, avec un vrai rebondissement comme on les aime, le déroulé réserve de bons moments de mystère, de tension, avec des meurtres soignés. Il y a parfois un petit côté surrenchère (la poupée) assez sensible et qui pourra déranger, mais cela reste partiel et assez discret finalement. Le rythme parfois un peu lent pourra rebuter, mais je me souviens de mon premier visionnage et le scénario était nettement suffisamment alléchant pour m’accrocher sans difficulté.
Peut-être l’interprétation séduira un peu moins. Profondo Rosso reprend David Hemmings, auréolé du succès de Blow Up, lequel offre une bonne composition mais comme souvent avec cet acteur emprunte d’un certain dilettantisme. Hemmings est un grand acteur, mais parfois il se montre trop léger, pas totalement investi dans ses personnages. Reste que sa prestation est propre, et il est bien entouré par une charmante Daria Nicolodi. Macha Méril hérite d’un petit rôle qui permet quand même de voir que c’était une très belle femme ! Le film parvient à donner du volume à ses personnages principaux et secondaires, et c’est appréciable, mais c’est peut-être le point délicat du film.
En conclusion je dirai que Profondo Rosso est un giallo de très belle facture, qui sans être le sommet de l’œuvre du réalisateur est un de ses incontournables manifestes. Reste qu’à l’instar de la plupart du cinéma d’Argento, c’est un film de sensation et d’émotion, qui se vit comme une expérience sensorielle, si l’on n’adhère pas on trouvera sans doute à redire sur les lenteurs et l’interprétation fluctuante. 4