Alors qu’au fond, Luc Besson ne fait qu’exploiter un filon auquel il aurait été difficile de se priver, après avoir transformé Liam Neeson et ses soixante printemps en machine à tuer, confier la réalisation du deuxième volet de Taken à Olivier Megaton (Colombiana, le transporteur 3), revenait à plonger la franchise dans les plus sombres méandres d’Europacorp. Oui, si Pierre Morel avait été brillant précédemment, ici, le cinéaste aux commandes passe complètement à côté de son sujet, le contraire aurait été stupéfiant. Oui, le gâchis tient dans le fait que Besson confie son bébé à un réalisateur qui ne sait pas filmer l’action, qui démoli toute puissance visuelle à force de plans hyperactif, toujours en mouvement, passant dans absolument tous les cas à coté de ce qu’il aurait fallu filmer.
Au final, seule une poursuite en taxi dans les ruelles d’Istanbul vient contredire, à peu près, le propos. Oui, mais finalement, la seule scène d’action maîtrisée par le réalisateur est entachée par une vision très puérile d’une relation père-fille. En somme, le réalisateur manque le coche et l’on ajoute à cela une mièvrerie scénaristique que l’on doit malheureusement qu’à Besson et son coscénariste. Taken 2 c’est aussi l’occasion de renouer avec l’esprit famille de la franchise, franchement lancinant ici, voir même agaçant. Le brave Brian, accessoirement tueur implacable, est aussi l’archétype du papa poule. Alors qu’il renoue avec son ex-femme, en pleine phase de divorce, tout ce beau monde se retrouve en Turquie pour les vacances, la fille comprise, alors que Monsieur est l’ennemi juré de la mafia albanaise. Pas franchement judicieux le lieu de vacances.
Bref, la famille se retrouve, c’est niais, trompettes et bouquets de fleurs, jusqu’au moment où débarquent naturellement les méchants albanais, en quête de vengeance. Oui, notre héros ayant décimé leur clan à Paris, place au retour de manivelle. Ni une, ni deux, le père et la mère sans enlevés, aux travers d’une séquence de moindre qualité, et c’est finalement la fille, retournement de situation, qui doit les retrouver. C’est d’ailleurs là que Besson aura fait valoir ses qualités, ses idées. La séquence de recherche est par ailleurs de loin la meilleure du film, bien meilleure que le final, que l’évasion en elle-même ou encore que l’ensemble des corps à corps.
Vous l’aurez compris, Taken 2 perpétue la tradition du premier opus, mais en moins bien, nettement. Si Istanbul constitue un point d’exotisme intéressant, la réalisation d’Olivier Megaton, nul, et les défauts d’écriture de Besson, pas toujours inspiré, en font un film d’action discutable, malgré les gros efforts de la star, Liam Neeson, pour faire oublier parfois qu’il est un personnage niais en père adoré et adorant. Pas très convainquant malgré quelques bonnes idées. Mais pourquoi dont Pierre Morel n’a-t-il pas rempilé? 07/20