Ma vie avec Liberace est vraiment un film curieux qui frôle la caricature humaine, laisse une drôle d'impression dans la mémoire mais qui, in fine, parvient à émouvoir. Ultime (?) film d'un cinéaste au talent erratique et souvent surestimé, Ma vie avec Liberace est filmé avec un certain brio (la rutilance des objets, des décors, des habits) qui est contrebalancé par une certaine économie d''expression des émotions et une musique très peu présente, bien qu'il s'agit d'un biopic partiel sur une vedette musicale. Michaêl Douglas fait une remarquable performance empreinte d'ambigûité, un personnage ambivalent et une mutation physique étonnante. Mat Damon montre tout le registre de son talent dont je n'ai jamais douté et il a un beau cul. Sa transformation physique est vectrice d'un certain malaise ; on ne sait plus quelle est la vraie apparence de l'acteur. Bizarre est le choix de ressortir des acteurs oubliés : Rob Lowe, Scott Bakula et Dan Akroyd (dans une performance étonnante). Il manque cependant quelque chose à ce film, parfois langoureux et hésitant, un scénario qui manque de force, une charge caricaturale trop forte. La fin du film est superbe, émouvante, ah la vision des deux pianos ! le petit et le grand, tel un hommage au couple d'amoureux. Mais surtout, nous sommes là devant un film de vampires, Liberace vampirisant du début à la fin ses amants, Scott étant vraiment l'aimant, l'initié. Tel un vampire devant un miroir, Scott ne semble pas exister devant les proches du pianiste et l'ultime vision de Liberace mourant le confirme, desséché comme un vampire ayant regardé de front la lumière du jour. Un film imparfait mais dont on se souviendra.