On va le dire une bonne fois pour toutes, "Ma Vie avec Liberace", ce n'est PAS un biopic sur Liberace mais sur son jeune amant Scott Thorson. Et, dans la foulée, on va dire que c'est plutôt un bon film et une très agréable surprise de la part du réalisateur Steven Soderbergh au vu des récents navetons qu'il nous avait livrés. Il annonce un peu partout que ce film est son chant du cygne, eh bien il y a mis les formes ! L'anonyme derrière la vedette, l'ascension puis la chute puis la rédemption, l'histoire d'amour puis de désamour, les histoires d'avocats, la maladie... tous les thèmes abordés dans "Ma Vie avec Liberace" sont hollywoodiens jusqu'au bout des ongles vernis. Pourtant, le film traitant principalement d'amour (et de cul) entre personnes de même sexe, aucun grand studio n'a eu les testicules de soutenir le projet et c'est la chaîne câblée HBO (mondialement connue pour ses séries de qualité très marquées "cul et violence") qui s'y est collée. De ce point de vue là, le résultat en est presque décevant, et c'est d'ailleurs ce qui fait sa force : malgré son sujet a priori très sulfureux pour les culs-bénits, "Ma Vie avec Liberace" est un film très sage dans lequel on parle de sexe beaucoup plus qu'on ne le montre. Pas de quoi faire tomber dans les pommes l'Amérique puritaine, pas de quoi édifier des bûchers. L'accent est mis sur le la relation quasi conjugale des deux partenaires et sur leur quotidien. Bien sûr, vu l'époque et le milieu dans lequel ils évoluent, leur quotidien, c'est sexe drogue et rock 'n' roll (nan, rock 'n' roll, j'déconne). Si cette relative sobriété est assez louable, on sera un peu plus réservé sur les innombrables engueulades qui jalonnent le scénario de Richard La Gravenese et qui, par leur banalité (Bobonne qui agonit de reproches son conjoint, pfff...), sonnent comme une volonté de "normalisation" du couple homo, louable aussi mais assez maladroite car toujours sur fond de paillettes et de plumes dans le cul ! "Scènes de la Vie conjugale" meets "La Cage aux Folles", quoi ! Un peu d'angélisme dégoulinant, donc, énormément de bling bling (il fallait s'y attendre). Les acteurs s'en donnent à cœur joie, parfois un peu trop : Michael Douglas vampirise la pelloche, Matt Damon est beaucoup trop vieux pour son rôle et les seconds rôles sont assez efficaces (Dan Aykroyd, Rob Lowe, Scott Bakula et, surtout, Debbie Reynolds dans le rôle de la mère de Liberace, la groupie du pianiste). De facture extrêmement classique, "Ma Vie avec Liberace" reste quand même dans son genre une curiosité digne d'intérêt, un film hollywoodien produit en dehors du système hollywoodien.